Partager la publication "Témoignages de Gazaouis : La survie qui s’organise au jour le jour dans l’enfer de Gaza – partie 84 / 21 mai (1)"
Brigitte Challande, 22 mai 2024. Est ce que nous mesurons, nous, citoyen.ne.s, ce que cela veut dire de saccager une civilisation ? C’est ce que fait l’occupant, l’armée Israélienne à Gaza depuis bientôt 8 mois.
Des messages terribles et alarmants de Marsel toute la journée du 21 mai :
Le matin, il envoie une photo où l’on voit 3 enfants sur des brancarts.
« Arrivée de 3 martyrs (enfants) et d’un certain nombre de blessés à l’hôpital spécialisé du Koweït suite au bombardement d’un groupe de citoyens par des avions de reconnaissance près du carrefour d’Awadallah, dans le camp de Yabna, au centre de Rafah. »
En fin d’après-midi, Marsel envoie cette information :
« L’hôpital Kamal Adwan de Beit Lahia cesse de fonctionner en raison de la poursuite des bombardements israéliens. »
Le soir : « L’armée d’occupation fait exploser des résidences à proximité de la rue « 10 », au sud-ouest du quartier d’Al-Zaytoun »
« Les bébés prématurés des crèches sont à la rue… vers un sort inconnu et la mort après le bombardement de l’hôpital Kamal Adwan au nord de la bande de Gaza.»
Le projet de re-scolarisation des enfants du camp des agriculteurs dont s’occupe l’équipe d’Abu Amir, projet évoqué dans la chronique précédente, a démarré :
« Aujourd’hui, le personnel a commencé à enseigner aux enfants du camp des agriculteurs. Le groupe était composé d’une vingtaine d’étudiants, hommes et femmes. La plupart des enfants du camp affluaient sur place et les enfants étaient inscrits dans des groupes. »
Le 22 mai au matin, un contact téléphonique entre Abu Amir et Sarah qui souligne encore une fois à quel point Abu Amir se préoccupe et pense l’organisation concrète et structurelle de la vie quotidienne dans cette urgence de campements pour les personnes déplacé.e.s :
« Abu Amir est extrêmement content du travail fait dans le campement des paysans, du démarrage de la scolarisation et des ateliers de support psychologique, il fait état d’une préoccupation majeure : le problème de l’eau, pas seulement pour le camp des paysans, pour tous les campements qui se multiplient, à proximité, à Deir al-Balah, et autour de sa propre maison (Nusseirat).
La question de l’eau
Le fait d’avoir pu apporter une grande amélioration de la situation par rapport à l’eau pour le camp des paysans le pousse à étudier la situation dans les nombreux autres campements.
Pour le camp des paysans, une canalisation a donc été tirée depuis le puits situé à quelques 600 mètres, jusqu’au centre du campement. Ils ont installé un réservoir de 500 m3 (chiffre pris à la volée). Ainsi équipé, le camp bénéficie d’eau à peu près 16 heures sur 24 (et ils cherchent un deuxième réservoir, ce serait utile). Ils ont alors installé une canalisation depuis ce point jusqu’au camp voisin.
L’eau est le problème essentiel de presque tous les campements. Presque, parce que certains bénéficient d’un puits, et de panneaux solaires pour alimenter une pompe, mais pour le plus grand nombre, la situation est catastrophique.
Abu Amir souhaite établir des rapports sur les diverses situations : Il faut, dit-il, connaître les vraies conditions de vie des campements, et le faire savoir.
Cela implique que chacun des campements ait une forme de « bureau », pour qu’Abu Amir puisse parler avec un ou deux interlocuteurs. Ce qu’il sait déjà, c’est que les situations sont diverses : certains campements auraient besoin de canalisations, d’autres de panneaux solaires, etc…
Les rapports entre campements :
Tatweer a donc recommencé à travailler – une ONG gazaouie qui intervient pour le soutien psychologique et pour la scolarisation des enfants, un partenariat avait été noué en 2022 avec l’ UJFP pour des projets en direction des paysans-.
Tatweer souhaite travailler sur tout Deir al-Balah (c’est leur implantation), où il y a plus d’une cinquantaine de campements (dès qu’il y a 2, voire seulement 1, dunum(s)- mesure de l’espace-, c’est 100 tentes qui vont s’installer, et il y a des campements partout sur la plage).
Un campement situé tout près de la maison d’Abu Amir est venu le voir. Ils sont 130 familles, les tentes sont groupées autour d’un chalet, qui bénéficie d’un puits. Mais il faut pouvoir tirer l’eau. Ils ont demandé son aide : « Nous savons que vous travaillez avec une organisation… ». Abu Amir leur a donné 200 NIS pour qu’ils louent pour une semaine un générateur, en leur suggérant de collecter entre eux l’argent nécessaire à l’achat du fuel. Et qu’ils referont le point dans une semaine.
Abu Amir décrit des situations diversifiées : certains campements ont le nécessaire. Mais ils ne veulent pas partager avec d’autres campements : « you do not belong to us » (cela signifie : une organisation/association nous soutient, nous appartenons à cette organisation, et l’aide est uniquement pour ceux qui appartiennent à cette organisation).
Contre cet état de chose, Abu Amir souhaite se rapprocher de World Central Kitchen, qui est une organisation puissante. WCK cherche un lieu en dur pour installer cuisine et surtout entrepôt, Abu Amir propose de leur faire une place dans sa maison.
Abu Amir résume son objectif : la cible essentiel est l’eau pour tous, mais tous les sujets devront être abordés.
Retrouvez l’ensemble des témoignages d’Abu Amir et Marsel :
*Abu Amir Mutasem Eleïwa est coordinateur des Projets paysans depuis 2016 au sud de la bande de Gaza et correspondant de l’Union Juive Française pour la Paix.
*Marsel Alledawi est responsable du Centre Ibn Sina du nord de la bande de Gaza, centre qui se concacre au suivi éducatif et psychologique de l’enfance.
Tous les deux sont soutenus par l’UJFP en France.
1ère partie des témoignages : du 20.11 au 15.12. 2ème partie : du 18 au 27.12. 3ème partie : du 30.12.2023 au 01.01.2024. 4ème partie : les 3 et 4 janvier. 5ème partie : les 7 et 8.01. 6ème partie : les 9 et 10 janvier. 7ème partie : du 11 au 15 janvier. 8ème partie : du 16 au 18 janvier. 9ème partie : nouveaux récits, du 16 au 18 janvier. 10ème partie : les 18 et 19 janvier. 11ème partie : les 19 et 20 janvier. 12ème partie : les 21 et 22 janvier. 13ème partie : 22 janvier. 14ème partie : 23-24 janvier. 15ème partie : 25 et 26 janvier. 16ème partie : 25 au 27 janvier. 17ème partie : 28 janvier. 18ème partie : 29 et 30 janvier. 19ème partie : 30.1 et 2.2. 20ème partie : 3 au 6 février. 21ème partie : 7 et 8 février. 22ème partie : 8 février. 23ème partie : 10 au 12 février. 24ème partie : 13 et 14 février. 25ème partie : 16 février. 26ème partie : du 17 au 19 février. 27ème partie : 20-21 février. 28ème partie : 23 février. 29ème partie : 24-26 février. 30ème partie : 26-29 février. 31ème partie : 29 février/1er mars. 32ème partie : 1-2 mars. 33ème partie : 3-4 mars. 34ème partie : 4 mars. 35ème partie : 5 mars. 36ème partie : 6-7 mars. 37ème partie : 8-9 mars. 38ème partie : 10-11 mars 2024. 39ème partie : 13 mars. 40ème partie : 14 mars. 41ème partie : 14-15 mars. 42ème partie : La situation des pêcheur.e.s. 43ème partie : 17 mars. 44ème partie : 19 mars. 45ème partie : 22 mars. 46ème partie : 23 mars. 47ème partie : 23 mars (suite). 48ème partie : 25 mars. 49ème partie : 27-28 mars. 50ème partie : 29-30 mars. 51ème partie : 1-2 avril. 52ème partie : 3 avril. 53ème partie : 5 avril. 54ème partie : 3-6 avril. 55ème partie : 7 avril. 56ème partie : 10 avril. 57ème partie : 11-12 avril. 58ème partie : 14 avril. 59ème partie : 15-16 avril. 60ème partie : 16-17 avril. 61ème partie : 17/18 avril. 62ème partie : 19 avril. 63ème partie : 19 avril. 64ème partie : 23 avril. 65ème partie : 26 avril. 66ème partie : 28 avril – Réflexions d’Abu Amir. 67ème partie : 28 avril. 68ème partie : 1-2 mai. 69ème partie : 1-4 mai. 70ème partie : 5-6 mai. 71ème partie : 6 mai. 72ème partie : 7 mai (1). 73ème partie : 7 mai (2). 74ème partie : 9 mai. 75ème partie : 9 mai (1). 76ème partie : 10 mai. 77ème partie : 11 mai. 78ème partie : 12 mai. 79ème partie : 14 mai. 80ème partie : 17 mai. 81ème partie : 18 mai. 82ème partie : 19 mai. 83ème partie : 19-20 mai.
Pour participer à la collecte "Urgence Guerre à Gaza" : HelloAsso.com
Les témoignages sont également publiés sur UJFP; Altermidi.org