Témoignages de Gazaouis : La survie qui s’organise au jour le jour dans l’enfer de Gaza – partie 57 / 11-12 avril

Brigitte Challande, 14 avril 2024. Marsel envoie la vidéo d’une petite fille filmée le 10 avril, sous-titrée en anglais : « J’aimerais pouvoir mourir, comment peut on vivre l’Aïd quand les gens meurent, c’est un cessez le feu que nous souhaitons. » 

 

Information du ministère de la Santé à Gaza le 11 Avril 2024

63 martyrs et 45 blessés sont arrivés dans les hôpitaux au cours des dernières 24 heures suite à l’agression de l’occupation contre la bande de Gaza. Un certain nombre de victimes se trouvent toujours sous les décombres et sur les routes, et les ambulances et les équipes de la protection civile ne peuvent pas les atteindre.

Le bilan de l’agression s’élève à 33.545 martyrs et 76.094 blessés depuis le 7 octobre dernier.

Des morceaux de corps déchirés sont arrivés à l’Hôpital baptiste après le bombardement du marché de Firas, dans le centre de Gaza-ville. Martyrs et blessés lors du bombardement par l’avion d’occupation de la rue Salah al-Din, dans le quartier d’Al-Zaytoun, au sud-est de la ville de Gaza.

Information de l’Autorité palestinienne de l’énergie le 11 Avril 2024

« 68% des réseaux de distribution d’énergie électrique s’étendant sur toute la bande de Gaza ont été endommagés, tandis que les pertes résultant des dommages causés aux réseaux de distribution, au siège, aux magasins et aux mécanismes de la Société de distribution d’électricité de Gaza sont estimées à environ 300 millions de dollars.

Il est actuellement difficile de quantifier les pertes matérielles résultant des dommages causés aux secteurs de production et de transport ainsi qu’au siège et aux installations de l’Autorité de l’énergie, qui pourraient dépasser 100 millions de dollars. Selon des estimations préliminaires, 90 % des systèmes d’énergie solaire déployés dans la bande de Gaza ont été endommagés à la suite des bombardements et de la destruction d’installations gouvernementales et des habitations des citoyens. L’ampleur des dégâts matériels dans ce secteur est estimée à plus de 200 millions de dollars. »

Retourner dans les ruines de chez soi

Les chaînes d’information n’ont cessé de dire que l’armée israélienne s’était retirée de Khan Younis.

En lien avec Asma, dont le témoignage de la journée de déportation de sa famille vers Rafah le 18/12/23 avait été publié dans une chronique, elle m’a informée de la situation de Khan Younis actuellement. Elle et sa sœur sont retournées deux fois dans ce qui reste de leur appartement mais comment vivre dans une zone où il n’y a plus d’accès à l’eau, plus d’électricité, plus d’accès à Internet, au milieu des ruines où plus aucun voisin n’ose vivre ?

Abu Amir par WhatsApp le 12 avril au soir

« Compte tenu des attaques féroces de l’occupant sur toutes les zones de la bande de Gaza, qui se sont intensifiées les premier et deuxième jours de l’Aïd al-Fitr, les citoyens ont été contraints de fuir à nouveau la zone nord de Nuseirat vers Deir Al-Balah, Al-Mawasi, Khan Yunis et Rafah. L’occupant n’a pas permis à la population de la bande de Gaza de vivre en paix pendant ces jours bénis pour les musulmans. En effet, l’occupant a intensifié ses attaques brutales et barbares sur Gaza, malgré les demandes de la communauté internationale ou du Conseil de sécurité pour un cessez-le-feu et la fin du génocide.
Ce qui se passe aujourd’hui est absolument inacceptable, car l’occupation est allée trop loin dans sa brutalité et a montré son vrai visage. Combien de temps l’injustice infligée au peuple palestinien va-t-elle se poursuivre, combien de temps le génocide et la discrimination raciale vont-ils continuer ? D’autant plus que nous sommes au XXIe siècle et que le monde appelle à se libérer de l’injustice et de la discrimination, mais qu’il semble que les Palestiniens ne soient pas inclus dans ce monde et qu’ils soient en dehors du cadre de l’humanité. Que lui est-il arrivé, à ce monde qui reste impuissant face à cette occupation brutale ? Les Palestiniens ne croient plus aux slogans que le monde appelle de ses vœux concernant les droits de l’homme. Ce ne sont que de faux slogans auxquels nous ne croyons plus.
 »

Retour sur le travail humanitaire effectué par les équipes de l’UJFP à Gaza

 

« Malgré la catastrophe humanitaire qui s’aggrave jour après jour dans la bande de Gaza en raison de la guerre menée par l’occupant depuis le 7 octobre sur la bande de Gaza, qui a laissé une crise et une grave pénurie d’eau, de nourriture, de vêtements, de pétrole, d’énergie et de tout ce qui est nécessaire à la vie dans la bande de Gaza, les équipes de l’UJFP-Gaza continuent leur travail humanitaire au service des personnes déplacées. Nous avons fourni des repas pendant trois jours cette semaine aux personnes déplacées dans le camp, et nous avons également fourni de la nourriture pour le camp pour le reste de la semaine à partir d’autres sources. Nous avons également pu établir une salle de prière grâce à nos propres efforts au centre du camp, afin que les personnes déplacées puissent effectuer des rituels religieux dans le camp.

Nous avons également fait venir une équipe de divertissement dans le camp pour aider à effacer les effets psychologiques que la guerre a laissés sur les enfants et les femmes du camp. Nous avons vu à quel point ils étaient heureux pendant le moment de divertissement.

https://drive.google.com/file/d/18aRwHzc5ktpYyMCnzuxd9JZ8f43jgjme/view?usp=drivesdk

Les femmes ont demandé à l’équipe d’organiser des séances de soutien psychologique et récréatif à leur intention, et nous travaillons actuellement à l’élaboration d’un programme à cet effet. »


Retrouvez l’ensemble des témoignages d’Abu Amir et Marsel :

*Abu Amir Mutasem Eleïwa est coordinateur des Projets paysans depuis 2016 au sud de la bande de Gaza et correspondant de l’Union Juive Française pour la Paix.

*Marsel Alledawi est responsable du Centre Ibn Sina du nord de la bande de Gaza, centre qui se concacre au suivi éducatif et psychologique de l’enfance.

Tous les deux sont soutenus par l’UJFP en France.

1ère partie des témoignages : du 20.11 au 15.12. 2ème partie : du 18 au 27.12. 3ème partie : du 30.12.2023 au 01.01.2024. 4ème partie : les 3 et 4 janvier. 5ème partie : les 7 et 8.01. 6ème partie : les 9 et 10 janvier. 7ème partie : du 11 au 15 janvier. 8ème partie : du 16 au 18 janvier. 9ème partie : nouveaux récits, du 16 au 18 janvier. 10ème partie : les 18 et 19 janvier. 11ème partie : les 19 et 20 janvier. 12ème partie : les 21 et 22 janvier. 13ème partie : 22 janvier. 14ème partie : 23-24 janvier. 15ème partie : 25 et 26 janvier. 16ème partie : 25 au 27 janvier. 17ème partie : 28 janvier. 18ème partie : 29 et 30 janvier. 19ème partie : 30.1 et 2.2. 20ème partie : 3 au 6 février. 21ème partie : 7 et 8 février. 22ème partie : 8 février. 23ème partie : 10 au 12 février. 24ème partie : 13 et 14 février. 25ème partie : 16 février. 26ème partie : du 17 au 19 février. 27ème partie : 20-21 février. 28ème partie : 23 février. 29ème partie : 24-26 février. 30ème partie : 26-29 février. 31ème partie : 29 février/1er mars. 32ème partie : 1-2 mars. 33ème partie : 3-4 mars. 34ème partie : 4 mars. 35ème partie : 5 mars. 36ème partie : 6-7 mars. 37ème partie : 8-9 mars. 38ème partie : 10-11 mars 2024. 39ème partie : 13 mars. 40ème partie : 14 mars. 41ème partie : 14-15 mars. 42ème partie : La situation des pêcheur.e.s. 43ème partie : 17 mars. 44ème partie : 19 mars. 45ème partie : 22 mars. 46ème partie : 23 mars. 47ème partie : 23 mars (suite). 48ème partie : 25 mars. 49ème partie : 27-28 mars. 50ème partie : 29-30 mars. 51ème partie : 1-2 avril. 52ème partie : 3 avril. 53ème partie : 5 avril. 54ème partie : 3-6 avril. 55ème partie : 7 avril. 56ème partie : 10 avril.


Pour participer à la collecte "Urgence Guerre à Gaza" : HelloAsso.com

Les témoignages sont également publiés sur UJFP; Altermidi.org