Témoignages de Gazaouis : La survie qui s’organise au jour le jour dans l’enfer de Gaza – partie 77 / 11 mai

Brigitte Challande, 12 mai 2024. Au retour des 24h de l’occupation de la Place de la Comédie, à Montpellier (les 10 et 11 mai), pour un cessez-le-feu immédiat et contre l’intervention israélienne à Rafah, je trouve ce texte d’Abu Amir :

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« La réalité des opérations israéliennes et l’attentisme de la communauté internationale

Les médias israéliens et internationaux ont rapporté que selon l’occupant, l’invasion de Rafah était une opération limitée de l’armée d’occupation. Mais ce que nous voyons et entendons est différent, car l’occupant a annoncé sa décision d’étendre la portée de ses ‘opérations’ militaires et a demandé aux habitants d’évacuer de nouveaux quartiers de Rafah. L’armée d’occupation a également lancé un avertissement urgent aux habitants de la zone de Jabalia et des quartiers environnants, ainsi que de la zone de Beit Lahia, leur demandant d’évacuer ces zones le plus rapidement possible et de se diriger vers la zone « sûre » située à l’ouest de Gaza-ville. Les bombardements se poursuivent sur toutes les zones de Gaza sans exception, et il y a des dizaines de morts et de blessés. L’occupant a également averti l’hôpital koweïtien qu’il fallait évacuer cet hôpital qui est le dernier à fonctionner à Rafah.

Aujourd’hui, je me suis rendu à Rafah pour transporter un ami et sa famille de Rafah à Deir al-Balah, en raison du manque de voitures et du coût élevé du transport. Mon ami vivait à Gaza-ville avant le 17 octobre, et depuis le début de l’agression, il a déménagé pour vivre avec sa famille dans la ville de Rafah, plus précisément dans le camp de Yabna, au centre de Rafah. Depuis l’invasion de la ville, il a décidé de se rendre dans la zone de Mawasi Rafah et y est resté deux jours, mais il a été surpris par le départ des personnes déplacées de cette zone, et en quelques heures, la zone était presque vide. Lorsque je suis arrivé, j’ai été surpris de constater que la plupart des tentes avaient été enlevées. La zone de Mawasi Rafah est considérée comme une zone sûre, selon la classification de l’armée d’occupation. Mais la population ne fait plus confiance aux déclarations et aux promesses.

Les bombardements israéliens ont ciblé des installations et des réservoirs d’eau dans le quartier  Tal al Hawa à Gaza-ville. (photo Motasem Dallul)

De quoi parlons-nous ?

Depuis le début de l’agression contre notre secteur bien-aimé, nous parlons de massacres, de tueries et de déplacements. C’est devenu un programme quotidien imposé aux habitants de la bande de Gaza. J’ai été étonné par la position ridicule adoptée par la communauté internationale, faite de dénonciations et de déclarations sans intérêt et inutiles. La communauté internationale attend-elle l’anéantissement de la population de la bande de Gaza pour forcer l’occupant à cesser le feu ? Oui, ce génocide a bel et bien eu lieu. La communauté internationale attend-elle que des crimes de guerre soient commis à Gaza ? Oui, de nombreux crimes de guerre ont été commis et des charniers sont constamment découverts.

À partir d’aujourd’hui, nous ne devons pas seulement parler des crimes de l’occupant, mais nous devons aussi parler de ceux qui le soutiennent et de ceux qui façonnent sa politique. Le monde regarde Gaza comme le spectateur d’une série ou d’un film historique qu’il regarde et qu’il oublie une fois la série terminée.

Non, Messieurs, il ne s’agit pas d’une série ou d’un film. Il s’agit d’un peuple soumis à un génocide. Vous qui appelez à l’humanité, aux droits de l’homme, au droit des enfants à vivre et à la liberté des femmes, tout cela a été tué et brûlé sous les yeux du monde, et tout ce que vous avez dit jusqu’à présent ne sont que des banalités auxquelles l’occupant n’a pas prêté attention. »


Retrouvez l’ensemble des témoignages d’Abu Amir et Marsel :

*Abu Amir Mutasem Eleïwa est coordinateur des Projets paysans depuis 2016 au sud de la bande de Gaza et correspondant de l’Union Juive Française pour la Paix.

*Marsel Alledawi est responsable du Centre Ibn Sina du nord de la bande de Gaza, centre qui se concacre au suivi éducatif et psychologique de l’enfance.

Tous les deux sont soutenus par l’UJFP en France.

Pour participer à la collecte "Urgence Guerre à Gaza" : HelloAsso.com

Les témoignages sont également publiés sur UJFP; Altermidi.org