Partager la publication "Témoignages de Gazaouis : La survie qui s’organise au jour le jour dans l’enfer de Gaza – partie 5 (les 7 et 8.01.2024)"
Brigitte Challande, 9 janvier 2024. La première partie des témoignages concerne la période du 20.11 au 15.12.2023. Retrouvez-la ici. La deuxième partie des témoignages concerne la période du 18 au 27.12.2023. Retrouvez-la ici. La troisième partie des témoignages concerne la période du 30.12.2023 au 01.01.2024. Retrouvez-là ici. La quatrième partie des témoignages concerne la période des 3 et 4 janvier 2024. Retrouvez-la ici.
Le soir du 8 Janvier 2024, après minuit, voilà les informations que nous transfèrent Sarah du compte rendu que lui a envoyé Abu Amir par WatsApp. Les adjectifs, les noms, les mots, la langue manquent pour introduire l’effroyable de la situation décrite par Abu Amir dans la Bande de Gaza.
Abu Amir – 8 janvier 2024 – message WhatsApp.
Derniers développements de la situation dans la bande de Gaza au cours des dernières 48 heures.
La situation dans la bande de Gaza devient de plus en plus difficile jour après jour. Après son retrait partiel du nord de la bande de Gaza et de la ville de Gaza, l’armée israélienne a férocement ciblé les régions centrales et méridionales de la bande de Gaza.
L’occupation a demandé aux habitants de Nuseirat, Al-Bureij et Al-Mughraga de quitter leurs maisons pour rejoindre la ville de Deir Al-Balah, et a commencé à détruire ces villes sans pitié, ce qui a conduit à la mort de centaines d’habitants qui refusaient de quitter leurs maisons parce qu’il n’y avait pas d’abri pour eux ailleurs. Quant aux villes d’Al-Maghazi et d’Al-Masdar, l’occupation les a encerclées et assiégées sans avertissement et a commencé à bombarder les maisons remplies d’habitants, ce qui a également entraîné la mort de centaines d’entre eux au cours des dernières 48 heures.
Jusqu’à présent, des tanks sont présents autour des zones d’Al-Maghazi et d’Al-Masdar, et des quadcopters sont déployés dans ces villes, tirant sur les passants et terrorisant les habitants. On sait qu’un grand nombre de victimes ont été causées par ces drones intelligents qui volent facilement entre les allées des camps de réfugiés en raison de leur petite taille, et les habitants de la bande de Gaza les considèrent comme les armes les plus dangereuses parmi celles utilisées par l’occupation dans la guerre contre la bande de Gaza.
Parallèlement aux attaques sur les zones du centre de Gaza, l’occupation est postée dans des quartiers de la ville de Khan Yunis, en particulier dans la zone de Ma’an, en préparation de l’entrée dans le centre de la ville de Khan Yunis, en particulier vers l’hôpital Nasser.
C’est l’objectif de l’occupation dans toutes les villes où elle pénètre, de détruire les hôpitaux qui sont considérés comme un symbole de sécurité pour la population et comme le seul refuge pour recevoir un traitement.
Lors de ma visite aujourd’hui à l’hôpital européen, situé sur la route de Salah al-Din menant au point de passage de Rafah, au sud-est de la ville de Khan Yunis, blessés et morts sont arrivés en grand nombre à la suite du bombardement par l’occupation d’une école dans la région d’Al-Manara, au sud de Khan Yunis. J’ai pu entrer dans la morgue, qui était bondée de morts, et j’ai pris quelques photos qui m’ont fait beaucoup de peine.
Les soignants m’ont dit que la plupart des morts étaient des enfants et des femmes.
J’ai également pu entrer dans la salle d’accueil et d’urgence de l’hôpital lors de l’arrivée des blessés, et j’ai été stupéfaite par la scène. Il y avait des blessés à terre, le visage noirci par les brûlures. Il est difficile de les reconnaître. Des enfants, des femmes et des jeunes, leurs blessures étaient graves, je n’ai donc pas pu rester longtemps et j’ai préféré quitter l’hôpital, les larmes aux yeux pour ces personnes qui ont été carbonisées par cette guerre.
Sur le plan humanitaire, un afflux important de réfugiés se poursuit sur la route côtière menant à la zone d’Al-Mawasi, située le long de la côte à Khan Yunis et Rafah, en provenance des zones centrales de la bande de Gaza et de la ville de Khan Yunis, aggravant la crise humanitaire dans la zone d’Al-Mawasi et dans la ville de Rafah, qui était déjà bondée de réfugiés vivant dans des conditions inhumaines.
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Outre le manque d’aide et sa distribution inéquitable, plus de 60 % des personnes déplacées dans ces zones restent sans abri, sans assistance et sans moyens de subsistance. A cela s’ajoute l’aspect sanitaire qui accroît la souffrance des personnes déplacées dans ces zones. La consommation d’eau contaminée, la malnutrition et la présence d’eaux usées dans les rues, les ruelles et entre les tentes, tous ces facteurs ont contribué à la propagation d’épidémies parmi les personnes déplacées.
Face à ces conditions humanitaires catastrophiques, l’équipe de travail continue d’accueillir les réfugiés et de leur apporter de l’aide en leur fournissant des repas qui les aident à survivre et à résister à ces défis.
Le 7 janvier, nous avons distribué 200 repas aux nouveaux déplacés vivant dans des tentes, et le 8 janvier, nous avons distribué 200 repas aux camions chargés de déplacés sur la route côtière.
Source : Altermidi.org