Témoignages de Gazaouis : La survie qui s’organise au jour le jour dans l’enfer de Gaza – partie 21 / 7 et 8.2

Brigitte Challande, 8 février 2024. 1ère partie des témoignages : du 20.11 au 15.12. 2ème partie : du 18 au 27.12. 3ème partie : du 30.12.2023 au 01.01.2024. 4ème partie : les 3 et 4 janvier. 5ème partie : les 7 et 8.01. 6ème partie : les 9 et 10 janvier. 7ème partie : du 11 au 15 janvier. 8ème partie : du 16 au 18 janvier. 9ème partie : nouveaux récits, du 16 au 18 janvier. 10ème partie : les 18 et 19 janvier. 11ème partie : les 19 et 20 janvier. 12ème partie : les 21 et 22 janvier. 13ème partie : 22 janvier. 14ème partie : 23-24 janvier. 15ème partie : 25 et 26 janvier. 16ème partie : 25 au 27 janvier. 17ème partie : 28 janvier. 18ème partie : 29 et 30 janvier. 19ème partie : 30.1 et 2.2. 20ème partie : 3 au 6 février.

Khuza’a : destruction du chateau d’eau et du parc solaire qui alimentait la pompe – 7 février 2024

Au matin du 8 février, nous recevons de la part de Sarah les informations qui suivent : elles concernent ce qui était un merveilleux projet agro-écologique mené par les paysans, coordonné par Abu Amir et soutenu par le mouvement de la solidarité à la Palestine, près de la ville de Kuza’a depuis 2016.

« Acharnement à mort

Hier, l’armée israélienne a lancé ses bombardiers sur Khuza’a. Comme à Beit Hanoun, et bien d’autres lieux de Gaza, des bombardiers en grand nombre, qui lâchent ensemble leurs bombes, jusqu’à que rien ne reste debout. Plus une maison debout.

De toutes les infrastructures créés par les paysans, avec l’appui du mouvement de solidarité, il ne reste absolument rien. Le Château d’eau, les ensembles de panneaux solaires, la station de désalinisation de l’eau, les restes déjà à terre de la Pépinière Solidaire : des gravats et c’est tout.

Défense de produire. Défense de vivre.

Les paysans étaient réfugiés à Khan Younis et à Rafah. Khan Younis est martyrisé depuis des semaines, les bombardiers attaquent maintenant Rafah, ces lieux prétendument sécurisés : al Mawasi, Tel al Sultan.

Il faut tuer. »

1) Destruction du Château d’Eau par l’armée d’occupation : https://drive.google.com/drive/folders/1NEbQjZwAw4eWPhx5J42t5HrKXsjZxVOe?usp=drive_link

Les mots d’Abu Amir :

« Dernières nouvelles de ces 48 heures. L’occupation continue de commettre de nouveaux crimes dans toutes les zones de la bande de Gaza, au mépris du droit international et des instructions de la Cour internationale de Justice. L’occupation a intensifié ses attaques sur la zone de Khan Yunis, ce qui a provoqué la mort de dizaines de civils non armés.

L’occupation menace de pénétrer dans la zone de Rafah dans les prochains jours. C’est ce qu’a déclaré le porte-parole de l’armée d’occupation, en disant qu’ils mettront fin aux opérations militaires dans la zone de Khan Yunis pour commencer dans la zone de Rafah. L’occupation a intensifié le bombardement de nombreuses zones de Rafah. Au cours des dernières 48 heures, de nombreux raids ont été menés dans la zone d’Al-Geneina, près du point de passage de Rafah, ce qui a entraîné la mort de dizaines de civils. L’occupation ne s’est pas contentée de cela et a bombardé hier plusieurs bâtiments dans la zone de Tal Al-Sultan à Rafah, qui est bondée de personnes déplacées, ce qui a entraîné la mort de nombreuses personnes déplacées, et la machine à tuer continue donc d’affecter le secteur de la santé.

L’occupation a ouvert le feu sur des ambulances dans la zone de Tal al-Hawa, à l’ouest de la ville de Gaza, alors qu’elles transportaient des blessés, tuant un secouriste et en blessant d’autres. Sachant que la Croix-Rouge avait coordonné l’entrée des ambulances sur place, l’occupation a délibérément montré son visage hideux, comme elle le fait toujours, en ciblant les équipes médicales, au mépris du droit international et des instructions de la Cour internationale de justice.

L’occupation se comporte désormais comme si elle était au-dessus de la loi, faisant ce qu’elle veut, quand elle veut.

Alors que l’on parle d’une trêve humanitaire dans la bande de Gaza, les habitants du centre et du nord de la bande de Gaza ont hâte de rentrer chez eux pour mettre fin aux souffrances qu’ils endurent dans la région d’Al-Mawasi, notamment en raison du froid extrême qui a entraîné la mort de nombreux enfants.

Enfin, nous en venons aux nouvelles concernant notre travail agricole. Hier matin (7 février), l’occupation a bombardé le Château d’eau et les premier et second parcs de panneaux solaires.

Les avions de l’occupation ont fait une ceinture de feu, c’est-à-dire qu’ils ont largué de nombreuses bombes par chaque avion, depuis de nombreux avions, sur l’endroit, détruisant toutes les maisons, ainsi que le Château d’eau appartenant à l’UJFP, et tous les panneaux solaires des premier et second parcs solaires qui alimentent le château d’eau, ainsi que l’usine de traitement de l’eau.

Après avoir construit tous ces projets au fil des ans, l’occupation nous a ramenés des années en arrière et a tué tous les espoirs dont les agriculteurs avaient rêvé. Je ne sais pas quoi dire, mais mes mains tremblent et mes yeux pleurent alors que j’écris ces mots. »

Marsel par WatsApp, le 8 février au matin, nous informe qu’il va mieux et qu’il va reprendre ses actions de soutien aux personnes déplacées :

« J’ai dépassé le stade du danger et de la douleur intense, ce furent des jours difficiles, mais maintenant je vais mieux. Il semble que les reins de notre corps à Gaza se soient battus si durement qu’ils sont devenus trop forts pour être vaincus par la pollution. Aujourd’hui, mes collègues et moi reprenons l’installation du reste des salles de bain. »

Derrière les chiffres il y a des vrai.e.s femmes et hommes :

Il nous raconte sur WatsApp qu’une femme psychologue – Alaa, de l’équipe du centre Ibn Sina, a perdu durant cette guerre 70 membres de sa famille et que son témoignage fait l’objet d’une vidéo.

« Ce n’est pas le nombre de victimes qui m’a poussé à le faire, mais plutôt une phrase qu’elle a prononcée alors que nous célébrions une journée de coexistence avec les déplacés d’Al-Sawafi. Ce jour-là, Alaa dit : ‘Marcel, je suis psychiatre. J’avais l’habitude de soigner des personnes souffrant de stress, de problèmes psychologiques et des effets de traumatismes, mais maintenant je souffre de traumatismes et de problèmes psychologiques et je recherche quotidiennement quelqu’un qui puisse m’aider ou me soigner.” »

Marsel nous envoit cette vidéo d’Alaa :

Distribution des repas avec l’équipe d’Abu Amir – zone Al Mawasi – 7 février 2024

« Après que l’association qui s’était chargée de nourrir les personnes déplacées dans le camp se soit retirée, nous laissant démunis deux jours par semaine, l’équipe de l’UJFP a ajouté à son calendrier hebdomadaire un autre jour, de sorte que notre travail consistera à nourrir le camp pendant trois jours. Aujourd’hui, nous avons servi des pommes de terre en sauce. Environ 300 familles ont été inscrites sur les listes, pour recevoir des cartes numérotées, indiquant le nombre de membres de la famille, afin que chaque famille puisse prendre ce dont elle a besoin. »

L’équipe a monté une petite vidéo (3:46), et envoyé 15 photos, que vous trouverez à l’adresse suivante : https://drive.google.com/drive/folders/1GuyRoa_06abyhXMe0dV48qKF28LLVIiA?usp=drive_link

2) Destruction des habitations des agriculteurs

– une vidéo hallucinante de la destruction de Khuza’a :  https://drive.google.com/drive/folders/1ZesD2jb01pmE_QZtjChRaV1CwylzHNRl?usp=drive_link

 – la zone d’Al-Zana, de Bani Suhaila, où sont situées les maisons des d’agriculteurs :  https://drive.google.com/file/d/1Yx2qdWR7vO_m3-eMGy0fljejz4VbkC9B/view?usp=drive_link

Commentaires d’Abu Amir :

« La majeure partie de la zone orientale de Khan Yunis a été désintégrée (Khuza’a – Abu Ta’imah – Abasan – Bani Suhaila), mais les zones qui ont été totalement effacées de la carte sont la zone de Khuza’a et la zone d’Abu Ta’imah, qui sont des zones habitées principalement par des agriculteurs. Si la guerre prend fin, la plupart de ces agriculteurs retourneront dans leurs terres, mais sous des tentes. Ces agriculteurs ont tout perdu : leurs familles, leurs récoltes et leurs maisons. »