Partager la publication "Témoignages de Gazaouis : La survie qui s’organise au jour le jour dans l’enfer de Gaza – partie 82 / 19 mai"
Brigitte Challande, 19 mai 2024. Nous recevons aujourd’hui un compte rendu d’Abu Amir toujours détaillé, pertinent et approfondi, à la fois sur la situation et sur les activités de son équipe.
« La crise de l’eau s’aggrave dans la bande de Gaza, au milieu des avertissements des organisations humanitaires internationales concernant le risque élevé de propagation de maladies dû à la perturbation des établissements de santé et des réseaux d’eau et d’égouts.
Dès que le soleil se lève chaque matin, les enfants déplacés transportent des « gallons » (bouteilles en plastique) vides et se dirigent vers des endroits où il y a de l’eau et entament une nouvelle ronde de lutte pour obtenir un peu d’eau potable pour eux et leurs familles.
Cette routine quotidienne reflète l’histoire des souffrances de la population de Gaza depuis qu’Israël a déclaré la guerre à ce territoire, coupant tout approvisionnement en électricité et en eau, fermant tous les passages et lançant des raids meurtriers qui ont tué plus de 35.000 personnes à ce jour.
Le réservoir d’eau souterraine est presque la seule source dont dépend la majorité des habitants de Gaza pour satisfaire environ 94 % de leurs besoins totaux en eau. La bande de Gaza souffre actuellement d’une crise paralysante de l’eau en raison d’une panne de courant et de l’incapacité à faire fonctionner des générateurs d’électricité à cause de l’épuisement des réserves de carburant.
Les usines de dessalement d’eau ne fonctionnent que partiellement à cause de la crise de l’électricité, tandis que les résidents ne peuvent pas exploiter de puits souterrains pour la même raison. À la gravité de la crise s’ajoute l’inopérabilité des véhicules de transport d’eau en raison des pannes de carburant. De nombreuses personnes déplacées sont obligées de boire de l’eau salée et polluée, ce qui provoque des cas de coliques, de diarrhées et de maladies gastro-intestinales.
L’eau qui arrivait autrefois comme aide d’Égypte en bouteilles et en jerrycans ne couvre que 4 % des besoins quotidiens en eau de la population, sur la base de la distribution de 3 litres par personne et par jour pour tous les usages, y compris la cuisine et l’hygiène. Maintenant, depuis la fermeture du passage de Rafah, plus aucune eau potable entre. Ce qui a exacerbé la situation et en a fait un désastre humanitaire. La sécheresse et les maladies d’origine hydrique suscitent de sérieuses inquiétudes.
En parlant d’hygiène personnelle, la plupart des personnes déplacées utilisent désormais l’eau de mer pour se laver et pour leur usage quotidien car ils n’ont pas d’eau.
Auparavant, avant l’invasion de la ville de Rafah, les municipalités des régions de Deir al-Balah et d’al-Nuseirat pompaient quotidiennement de l’eau vers le centre de ces zones (zones basses).
L’eau est pompée pendant un à deux jours vers les zones côtières élevées, telles que le camp de Deir al-Balah et les zones occidentales des régions de Zawaida et Nuseirat, car ces zones ont besoin de carburant pour faire fonctionner les générateurs destinés à pomper l’eau vers les zones élevées.
Cependant, après l’invasion de la ville de Rafah et la fuite de centaines de milliers de personnes déplacées vers la région centrale (Deir al-Balah, al-Zawaida et al-Nuseirat), le fardeau pesant sur ces municipalités s’est accru, de sorte que le le programme d’eau est devenu le suivant :
La zone de Zawaida reçoit de l’eau un à deux jours par semaine, tandis que les régions de l’ouest (camp de Deir al-Balah) adjacentes au bord de mer en reçoivent seulement un jour, et dans la plupart des cas un jour toutes les deux semaines.
La région de Nuseirat reçoit de l’eau depuis deux jours, tandis que les zones situées à l’ouest et adjacentes au bord de mer n’ont pas reçu d’eau depuis le début de la guerre.
Région de Mawasi Khan Yunis : Après l’invasion de Khan Yunis, la plupart des conduites d’eau et des réservoirs ont été endommagés et il n’y a pas encore d’eau là-bas.
Il est donc urgent de travailler sur des projets qui apporteront de l’eau dans ce secteur et fourniront aux déplacés le minimum d’eau pour assurer la poursuite de la vie dans ces camps.
Pour en revenir au cours des événements à Gaza, les crimes de l’occupation se poursuivent dans toutes les régions de la bande de Gaza, malgré les critiques généralisées exigeant que l’occupation cesse le feu et s’assoie à la table des négociations. Cependant, l’occupation a ignoré tout ce que dit la communauté internationale, et la question ici est de savoir pourquoi l’occupation se comporte avec autant d’arrogance. Israël est indifférent aux décisions du Conseil de sécurité et de la communauté internationale, il agit comme s’il était au-dessus des lois.
C’est ce qui se passe, car les États-Unis disent ce qu’ils ne font pas. D’un côté, ils disent que la guerre doit cesser, qu’ils ne soutiennent pas l’invasion de Rafah et qu’Israël doit respecter le droit international : de l’autre, ils soutiennent Israël avec des armes perfectionnées et tout ce qui est nécessaire pour commettre des massacres contre les Palestiniens.
Les Etats-Unis pensent-t-ils que le monde est stupide ? Ne comprennent-ils pas qu’ils agissent complètement en faveur de l’entité israélienne ? Nous avons été dégoûtés lorsque nous avons entendu les déclarations US concernant la guerre contre Gaza.
Les USA continuent de parler de leur intention d’apporter des millions de dollars d’aide par les ponts flottants qu’ils ont construit à Gaza pour faire face à la catastrophe humanitaire et soulager les souffrances de la population, tandis que des avions américains atterrissent constamment en Israël chargés d’armes pour aggraver la catastrophe humanitaire. Nous ne savons plus comment appeler l’Amérique. »
Concernant le travail humanitaire mené par l’équipe de l’UJFP à Gaza.
« Le mardi 14 mai, l’équipe de travail a obtenu 500 paniers de légumes de la Fondation Bayader et les a distribués aux familles du camp.
Le mercredi 15 mai, nous avons également obtenu 300 sacs de vêtements pour femmes et enfants, qui ont été distribués aux familles.
L’équipe de travail a également assuré les repas du midi sur trois jours assurés par (UJFP) les 11, 12 et 13 mai.
Le vendredi 17, nous avons également offert le petit-déjeuner aux enfants, au cours duquel nous avons préparé du pain et l’avons servi avec du fromage et des tomates.. »
Retrouvez l’ensemble des témoignages d’Abu Amir et Marsel :
*Abu Amir Mutasem Eleïwa est coordinateur des Projets paysans depuis 2016 au sud de la bande de Gaza et correspondant de l’Union Juive Française pour la Paix.
*Marsel Alledawi est responsable du Centre Ibn Sina du nord de la bande de Gaza, centre qui se concacre au suivi éducatif et psychologique de l’enfance.
Tous les deux sont soutenus par l’UJFP en France.
1ère partie des témoignages : du 20.11 au 15.12. 2ème partie : du 18 au 27.12. 3ème partie : du 30.12.2023 au 01.01.2024. 4ème partie : les 3 et 4 janvier. 5ème partie : les 7 et 8.01. 6ème partie : les 9 et 10 janvier. 7ème partie : du 11 au 15 janvier. 8ème partie : du 16 au 18 janvier. 9ème partie : nouveaux récits, du 16 au 18 janvier. 10ème partie : les 18 et 19 janvier. 11ème partie : les 19 et 20 janvier. 12ème partie : les 21 et 22 janvier. 13ème partie : 22 janvier. 14ème partie : 23-24 janvier. 15ème partie : 25 et 26 janvier. 16ème partie : 25 au 27 janvier. 17ème partie : 28 janvier. 18ème partie : 29 et 30 janvier. 19ème partie : 30.1 et 2.2. 20ème partie : 3 au 6 février. 21ème partie : 7 et 8 février. 22ème partie : 8 février. 23ème partie : 10 au 12 février. 24ème partie : 13 et 14 février. 25ème partie : 16 février. 26ème partie : du 17 au 19 février. 27ème partie : 20-21 février. 28ème partie : 23 février. 29ème partie : 24-26 février. 30ème partie : 26-29 février. 31ème partie : 29 février/1er mars. 32ème partie : 1-2 mars. 33ème partie : 3-4 mars. 34ème partie : 4 mars. 35ème partie : 5 mars. 36ème partie : 6-7 mars. 37ème partie : 8-9 mars. 38ème partie : 10-11 mars 2024. 39ème partie : 13 mars. 40ème partie : 14 mars. 41ème partie : 14-15 mars. 42ème partie : La situation des pêcheur.e.s. 43ème partie : 17 mars. 44ème partie : 19 mars. 45ème partie : 22 mars. 46ème partie : 23 mars. 47ème partie : 23 mars (suite). 48ème partie : 25 mars. 49ème partie : 27-28 mars. 50ème partie : 29-30 mars. 51ème partie : 1-2 avril. 52ème partie : 3 avril. 53ème partie : 5 avril. 54ème partie : 3-6 avril. 55ème partie : 7 avril. 56ème partie : 10 avril. 57ème partie : 11-12 avril. 58ème partie : 14 avril. 59ème partie : 15-16 avril. 60ème partie : 16-17 avril. 61ème partie : 17/18 avril. 62ème partie : 19 avril. 63ème partie : 19 avril. 64ème partie : 23 avril. 65ème partie : 26 avril. 66ème partie : 28 avril – Réflexions d’Abu Amir. 67ème partie : 28 avril. 68ème partie : 1-2 mai. 69ème partie : 1-4 mai. 70ème partie : 5-6 mai. 71ème partie : 6 mai. 72ème partie : 7 mai (1). 73ème partie : 7 mai (2). 74ème partie : 9 mai. 75ème partie : 9 mai (1). 76ème partie : 10 mai. 77ème partie : 11 mai. 78ème partie : 12 mai. 79ème partie : 14 mai. 80ème partie : 17 mai. 81ème partie : 18 mai.
Pour participer à la collecte "Urgence Guerre à Gaza" : HelloAsso.com
Les témoignages sont également publiés sur UJFP; Altermidi.org