Partager la publication "Témoignages de Gazaouis : La survie qui s’organise au jour le jour dans l’enfer de Gaza – partie 524 / 19.9 – A Gaza-ville, la nuit comme le jour : l’enfer"
Brigitte Challande, 20 septembre 2025.- Un texte d’Abu Amir au matin du 19 septembre : rapport sur les derniers développements dans la bande de Gaza.
« Gaza… une ville noyée dans le sang, encerclée par les flammes, et abandonnée aux nuits obscures, où la seule lueur est celle des incendies s’élevant des maisons détruites. Dans chaque rue, à chaque coin, une image que l’esprit ne peut concevoir et que le cœur ne peut supporter.
Les femmes fuient, terrifiées, portant leurs enfants dans les bras, les larmes coulent sur des visages épuisés, avec une peur qui ne quitte pas leur souffle. Le voile, jadis symbole de pudeur, est déchiré par les explosions, et le sang qui coule dans les rues est devenu témoin de la négation de toute humanité.
Dans le camp de Chati, derrière l’hôpital Al-Shifa, les drones tirent au hasard depuis l’aube, sans distinguer entre toit et maison, entre pierre et être humain.
Des bombes incendiaires ont été larguées sur les toits des maisons de la rue Al-Sinaa, dessinant une nuit de braises et de fumée au-dessus des têtes.
Les vedettes militaires de l’occupation, en mer, ont ouvert le feu sans répit, et leurs obus ont déchiré le calme de Khan Younès. Une vague de feu a balayé la plage dans la zone de Fesh Fersh, comme si la mer elle-même était devenue complice du siège.
Au centre de Gaza, plus précisément dans la rue Al-Nafaq, les habitants lancent des appels de détresse. Ils disent que la mort les encercle de toutes parts, et que les bombardements ne leur laissent aucune chance de survie. Ce sont des cris étouffés, que personne n’entend, comme si l’humanité avait déserté les cœurs.
Les hôpitaux reçoivent des dizaines de blessés. L’hôpital Al-Shifa est saturé après que des tentes ont été bombardées par les avions de l’occupation. Les blessés affluent de partout, tandis que les médecins crient à la recherche de médicaments introuvables et d’appareils défectueux.
Les morts gisent dans les rues, sans qu’il soit possible de les enterrer ou de les transporter. Des corps calcinés, d’autres éparpillés sous les décombres, et des populations impuissantes face à l’horreur. La mort n’est plus une exception, elle est devenue le quotidien, se répétant à chaque lever de soleil.
Des tours résidentielles s’effondrent sous les frappes de l’occupant, transformant la vie en un désert aride. L’armée israélienne applique une politique de force excessive.
Le bombardement barbare frappe maisons, écoles et camps de réfugiés, sans autre objectif que de pousser les habitants à fuir. Le bruit des canons annonce que le départ est obligatoire, et que rester signifie une mort certaine.
Les flots de déplacés se sont déversés par la rue Al-Rashid, longeant la mer, remplissant l’espace, dessinant une scène sombre que l’occupation a gravée avec ses avions et ses canons. Hommes, femmes et enfants marchent en longues files, emportant ce qu’ils peuvent, laissant derrière eux des maisons réduites en ruines.
Mais ceux qui ont atteint le centre et le sud n’ont trouvé aucun refuge. Dans les écoles bondées, il n’y a plus de place pour accueillir qui que ce soit. Dans les terrains vagues, il n’y a ni tentes, ni couvertures, ni nourriture.
Des milliers de familles dorment à même le sol, sous un ciel à découvert, sans chaleur ni sécurité. Les enfants pleurent de faim, les mères tentent de les calmer avec un morceau de pain sec ou une gorgée d’eau. Les hommes attendent en longues files des aides qui n’arrivent pas, ou n’arrivent qu’en quantité insuffisante, même pour le plus petit des enfants.
La scène humanitaire est catastrophique à tous les égards. Pas d’électricité, pas d’eau potable, pas de médicaments, et aucune possibilité de communiquer avec le monde extérieur, car la majorité des journalistes ont été assassinés traîtreusement par l’armée israélienne. Les maladies commencent à se propager parmi les déplacés, tandis que la peur demeure la maladie la plus grave, rongeant les âmes.
Au milieu de cet enfer, l’espoir, faible mais présent, subsistait…
Jusqu’à ce qu’une voix venue des États-Unis tombe, écrasant ce qui restait d’espérance. Les États-Unis ont utilisé leur droit de veto au Conseil de sécurité, rejetant un projet de résolution visant à mettre fin à la guerre. Quatorze membres ont soutenu la résolution, mais une seule voix a suffi à tuer l’espoir à Gaza.
Ce veto a été comme une balle dans la poitrine de chaque mère en quête de sécurité, de chaque enfant attendant une bouchée de pain, de chaque blessé espérant un traitement. Les habitants de Gaza ont senti que le monde les avait définitivement abandonnés, et que l’humanité n’était plus qu’un slogan brandi au besoin.
Dans les camps de déplacés disséminés sur le sable, les gens disent que l’espoir est mort à l’instant même où ce veto a été prononcé. Comme si le message était clair : pas de cessez-le-feu, pas de trêve, pas de couloirs humanitaires sûrs, et pas de fin proche à ce drame.
Sur le terrain, les opérations militaires se poursuivent à un rythme croissant.
La progression terrestre est lente, mais accompagnée de bombardements aériens, maritimes et d’artillerie ininterrompus. Les quartiers résidentiels sont effacés de la carte, et les camps sont transformés en champs de bataille.
Les déplacés vivent entre le marteau de la peur et l’enclume de la faim. Les tentes dressées ne suffisent pas, et le froid nocturne accroît les souffrances, tandis que le jour apporte chaleur accablante et poussière suffocante. Des enfants dorment sur des pierres, des femmes couvrent leurs corps épuisés avec des morceaux de tissu, et des vieillards attendent l’inconnu dans un long silence.
Et dans tout ce chaos, les questions restent suspendues :
Jusqu’à quand les civils seront-ils laissés seuls face à la mort ?
Jusqu’à quand les bombardements continueront-ils à faucher des vies impunément ?
Jusqu’à quand les corps resteront-ils abandonnés dans les rues, sans sépulture ?
Jusqu’à quand les flots de déplacés chercheront-ils un refuge qui n’existe pas ?
À Gaza, la nuit n’est plus différente du jour. Tous deux portent la même terreur, la même mort, le même abandon. Et même le matin, lorsqu’il se lève, n’apporte que fumée noire emplissant le ciel, et cris résonnant dans l’air.
Gaza aujourd’hui n’est pas seulement une ville assiégée. C’est une plaie béante dans le corps du monde, dévoilant son impuissance et son silence, révélant que la justice n’est plus qu’un rêve lointain.
Et entre bombardements, déplacements et famine, les habitants de Gaza résistent avec leurs âmes, leurs larmes et ce qui leur reste de patience, espérant que la nuit de cet enfer se brise un jour. »
Retrouvez l’ensemble des témoignages d’Abu Amir et Marsel :
*Abu Amir Mutasem Eleïwa est coordinateur des Projets paysans depuis 2016 au sud de la bande de Gaza et correspondant de l’Union Juive Française pour la Paix.
*Marsel Alledawi est responsable du Centre Ibn Sina du nord de la bande de Gaza, centre qui se consacre au suivi éducatif et psychologique de l’enfance.
Tous les deux sont soutenus par l’UJFP en France.
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Pour participer à la collecte « Urgence Guerre à Gaza » : HelloAsso.com
Les témoignages sont également publiés sur UJFP, Altermidi et sur Le Poing.