Témoignages de Gazaouis : La survie qui s’organise au jour le jour dans l’enfer de Gaza – partie 472 / 24 juillet – Dans un horizon bouché, Gaza attend prudemment

Brigitte Challande, 25 juillet 2025.– Le 24 juillet, Abu Amir explique Gaza que des rumeurs de cessez-le-feu émergent au milieu de la faim, du chaos et d’un horizon bouché.

« Au milieu de discussions de plus en plus intenses sur un possible accord de cessez-le-feu, les habitants de la bande de Gaza vivent des moments mêlés d’anxiété et de peur. L’espoir d’échapper à la machine de guerre se confronte à une réalité amère et une souffrance grandissante qui font de chaque jour un cauchemar renouvelé. Depuis deux ans, plus de deux millions de Palestiniens subissent le blocus, les bombardements, la faim et le chaos sécuritaire, sans qu’aucune solution réelle ne se profile pour leur rendre la vie qui leur a été arrachée.

Une attente sans confiance

Des informations font état d’efforts internationaux et régionaux intensifs, menés par des acteurs comme l’Égypte, le Qatar et les États-Unis, en vue d’un apaisement global. Mais dans la rue gazaouie, ces nouvelles sont accueillies avec une prudence mêlée de scepticisme. Les expériences passées ont laissé des cicatrices : promesses non tenues, accords non appliqués, trêves rompues avant même que l’encre n’ait séché.

Un habitant du quartier de Tuffah, à l’est de Gaza, déclare :

« Nous ne croyons plus que ce que nous voyons et vivons. Combien de fois nous a-t-on dit qu’une trêve était conclue, et dès le lendemain, nous sortions encore des corps de sous les décombres ? Nous voulons une paix réelle, pas une simple pause dans les combats. »

La faim frappe à toutes les portes

Dans ce contexte complexe, les habitants de Gaza se retrouvent démunis. La famine est devenue une réalité palpable qui touche tous les foyers sans exception. Les images de mères pleurant leur impuissance à nourrir leurs enfants, ou d’hommes tués devant les centres de distribution d’aide américaine sans même y accéder, sont devenues monnaie courante.

Selon les rapports des Nations Unies, plus de 80 % des habitants de la bande souffrent d’insécurité alimentaire aiguë, dans un contexte de pénurie catastrophique de produits de base, de destruction des marchés et d’interruption totale des chaînes d’approvisionnement.

Un habitant de Rafah témoigne :

« Nous ne rêvons plus d’électricité, ni de travail, ni même d’Internet. Notre plus grand souhait est désormais un repas simple pour nos enfants ou de l’eau potable. Voilà notre réalité. »

Insécurité et chaos menaçant la paix civile

Comme si la faim ne suffisait pas, le territoire est plongé dans un vide sécuritaire dangereux. L’État de droit est absent, remplacé par le chaos et des groupes armés. Les vols et agressions se multiplient, le marché noir prospère. La menace ne vient plus seulement du ciel, mais aussi du climat de peur qui règne dans les rues et les quartiers.

Les forces de sécurité, lorsqu’elles sont présentes, sont épuisées, et parfois elles-mêmes ciblées. Des habitants du nord de la bande ont signalé des cas de pillage d’aides humanitaires, de cambriolages de maisons abandonnées, d’extorsions imposées par des groupes armés contrôlant certaines zones.

Un système de santé effondré, une détresse psychologique aggravée

Les hôpitaux sont au bord de la rupture, souffrant d’un manque aigu de médicaments et de carburant pour les générateurs. Les médecins travaillent sans relâche dans des conditions presque impossibles.

Sur le plan psychologique, la situation est critique. Les cas de dépression, de traumatismes et d’anxiété collective explosent, notamment chez les enfants et les femmes. Les écoles ont été transformées en centres d’hébergement surpeuplés et insalubres, et dormir dans les couloirs est devenu banal.

Une jeunesse sans avenir ni perspectives

Dans ces conditions, les jeunes de Gaza luttent pour conserver un brin d’espoir. Les opportunités sont inexistantes, le chômage atteint des niveaux records, et l’émigration n’est plus une idée mais un rêve partagé. Cette génération ensevelie sous les décombres n’entrevoit aucun avenir, seulement la crainte d’un lendemain pire.

Le cessez-le-feu : solution ou simple répit ?

Aussi important soit-il, un cessez-le-feu ne suffira pas. Les habitants savent que seule une solution globale peut résoudre la crise en profondeur :

*Levée totale du blocus,

*Reconstruction réelle,

*Liberté de circulation et entrée des aides sans entrave,

*Rétablissement de la sécurité intérieure et de l’État de droit,

*Fin des pratiques portant atteinte à la dignité humaine, droit à une vie digne.

Attendre le salut ne suffit plus

Les habitants de Gaza n’attendent pas simplement la fin des bombardements, mais une véritable libération d’un quotidien devenu insupportable. Ils ont besoin de plus qu’une trêve : ils ont besoin de justice, de dignité, et d’une vie qui mérite d’être vécue.

En l’absence de cela, l’attente continuera d’être marquée par la méfiance, et la prudence restera plus forte que l’espoir, quelles que soient les promesses faites. »


Retrouvez l’ensemble des témoignages d’Abu Amir et Marsel :

*Abu Amir Mutasem Eleïwa est coordinateur des Projets paysans depuis 2016 au sud de la bande de Gaza et correspondant de l’Union Juive Française pour la Paix.

*Marsel Alledawi est responsable du Centre Ibn Sina du nord de la bande de Gaza, centre qui se consacre au suivi éducatif et psychologique de l’enfance.

Tous les deux sont soutenus par l’UJFP en France.

Cliquez ici pour consulter les Témoignages du 20 novembre 2023 au 5 janvier 2025 (partie 1 à 268)

Cliquez ici pour consulter les Témoignages du 5 janvier au 9 mai 2025 (partie 269 à 392)

Partie 393 : 10 mai. Partie 394 : 11 mai. Partie 395 : 11 mai (1). Partie 396 : 12 mai. Partie 397 : 13 mai. Partie 398 : 14 mai. Partie 399 : 15 mai. Partie 400 : 16 mai. Partie 401 : 16 mai (1). Partie 402 : 17 mai. Partie 403 : 18 mai. Partie 404 : 18 mai (1). Partie 405 : 20 mai. Partie 406 : 21 mai. Partie 407 : 22 mai. Partie 408 : 22 mai (1). Partie 409 : 23 mai. Partie 410 : 24 mai. Partie 411 : 25 mai. Partie 412 : 25 mai (1). Partie 413 : 27 mai. Partie 414 : 27 mai (1). Partie 415 : 28 mai. Partie 416 : 29 mai. Partie 417 : 30 mai. Partie 418 : 1er juin. Partie 419 : 1er juin (1). Partie 420 : 31 mai et 2 juin. Partie 421 : 2 juin (1). Partie 422 : 3 juin. Partie 423 : 4 juin. Partie 424 : 5 juin. Partie 425 : 6 juin. Partie 426 : 6 juin (1). Partie 427 : 7 juin. Partie 428 : 8 juin. Partie 429 : 9 juin. Partie 430 : 10 juin. Partie 431 : 11 juin. Partie 432 : 12 juin. Partie 433 : 13 juin. Partie 434 : 14 juin. Partie 435 : 15 juin. Partie 436 : 16 juin. Partie 437 : 17 juin. Partie 438 : 18 juin. Partie 439 : 19 juin. Partie 440 : 20 juin. Partie 441 : 21-22 juin. Partie 442 : 24 juin. Partie 443 : 25 juin. Partie 444 : 26 juin. Partie 445 :  : 27-28 juin. Partie 446 : 27 juin. Partie 447 : 30 juin. Partie 448 : 1er juillet. Partie 449 : 2 juillet. Partie 450 : 2 juillet(1). Partie 451 : 3 juillet. Partie 452 : 4 juillet. Partie 453 : 5 juillet. Partie 454 : 6 juillet. Partie 455 : 7 juillet. Partie 456 : 7 juillet (1). Partie 457 : 9 juillet. Partie 458 : 10 juillet. Partie 459 : 11 juillet. Partie 460 : 12 juillet. Partie 461 : 13 juillet. Partie 462 : 14 juillet. Partie 463 : 16 juillet. Partie 464 : 17 juillet. Partie 465 : 18 juillet. Partie 466 : 19 juillet. Partie 467 : 20 juillet. Partie 468 : 20 juillet (1). Partie 469 : 21 juillet. Partie 470 : 22 juillet. Partie 471 : 23 juillet.

Pour participer à la collecte « Urgence Guerre à Gaza » : HelloAsso.com
Les témoignages sont également publiés sur UJFPAltermidi et sur Le Poing