Partager la publication "Témoignages de Gazaouis : La survie qui s’organise au jour le jour dans l’enfer de Gaza – partie 604 / 21.12 – Une salle sur le toit"
Brigitte Challande, 22 décembre 2025.- Abu Amir rend compte d’un projet : un espace d’espoir, de soutien où les équipes peuvent enfin respirer après une longue période de pression, 21 décembre.
« Après plus d’un mois de travail ininterrompu et d’efforts intensifs, les équipes de l’UJFP ont achevé la construction et l’aménagement de la salle de soutien psychosocial, créée sur le toit du bâtiment de l’Organisation palestinienne pour le développement – P.O.D. Cette salle constitue un nouvel espace humain, vibrant de vie, au cœur d’une réalité lourde de crises. Cet accomplissement est survenu à un moment d’une sensibilité extrême, reflétant la détermination de l’institution et de ses équipes à poursuivre leur travail malgré tous les défis, et confirmant que la prise en charge de la santé mentale n’est plus un luxe, mais une nécessité urgente au regard des traumatismes accumulés subis par la société palestinienne à la suite de la guerre.
Cette salle représente une valeur ajoutée qualitative à l’infrastructure de services adoptée par l’Organisation et ses partenaires dans leurs interventions humanitaires et communautaires. Elle a été conçue et équipée avec soin afin d’offrir un environnement sûr et confortable favorisant un sentiment de protection et de sérénité, et soutenant les processus de rétablissement psychologique des différentes catégories de bénéficiaires. Avec l’achèvement de ce projet, les équipes de l’UJFP sont désormais mieux à même de fournir des services de soutien psychosocial avec une efficacité accrue, en particulier pour les femmes, qui comptent parmi les groupes les plus touchés et les plus concernés par des espaces sûrs pour l’expression et le soutien.
La salle s’inscrit également dans la vision du P.O.D visant à renforcer les capacités de la communauté locale et à autonomiser ses membres afin qu’ils puissent faire face aux crises et s’en relever. Elle sera utilisée pour la mise en œuvre de nombreuses activités dans le cadre de divers projets, notamment des séances de soutien psychosocial destinées aux enfants et adolescents des deux sexes, ainsi qu’aux jeunes femmes et aux femmes, en plus d’activités de sensibilisation liées aux risques de protection auxquels sont confrontés les groupes vulnérables. Elle accueillera également des réunions d’évaluation des besoins avec différentes catégories communautaires, contribuant ainsi à la conception d’interventions plus réalistes et mieux adaptées aux priorités de la communauté, tout en servant de lieu pour l’organisation de réunions et de formations élargies destinées aux équipes de l’UJFP et à leurs partenaires dans la région, renforçant ainsi l’efficacité institutionnelle et le travail collectif.
Dans une démarche porteuse de profondes significations humaines, il a été décidé que la toute première séance organisée dans cette salle serait consacrée au soutien psychologique et récréatif des prestataires de services issus des équipes de l’UJFP et du P.O.D. Ce choix n’était nullement fortuit, mais fondé sur une conviction profonde selon laquelle celles et ceux qui ont été en première ligne durant la guerre, et qui ont apporté un soutien aux autres dans les moments les plus difficiles, méritent d’être les premiers à bénéficier de ce soutien. Cet atelier a été mis en œuvre, constituant une pause humaine avec soi-même après de longs mois de travail sous pression.
Ces équipes ont œuvré dans des conditions extrêmement difficiles et dangereuses, faisant face à d’énormes pressions psychologiques et sociales tout en fournissant des services de secours, de soutien psychosocial et éducatif à des milliers de personnes déplacées. Souvent, elles accomplissaient leurs missions loin de leurs familles, sous des bombardements incessants touchant la plupart des zones de la bande de Gaza, ce qui a entraîné une accumulation de sentiments de peur, d’anxiété et d’épuisement psychologique.
Au début de l’atelier, les visages des participants reflétaient l’attente et la curiosité, rapidement transformées en sourires et en soulagement avec le lancement des activités. L’atelier comprenait une variété d’activités récréatives et collectives spécialement conçues pour évacuer le stress psychologique, incluant des jeux physiques légers, des compétitions de groupe, des exercices interactifs, des séances de rire et de partage, ainsi que des moments d’expression libre permettant aux participants de parler de leurs émotions et de leurs expériences durant la période de guerre. Ces activités ont contribué à briser la rigidité psychologique et à créer une atmosphère de convivialité et de soutien mutuel entre collègues, leur permettant de retrouver une partie de l’énergie positive épuisée par des mois de travail dans des conditions exceptionnelles.
L’interaction était manifeste à travers l’enthousiasme, les rires et l’esprit de compétition positive. De nombreux participants ont exprimé le sentiment que, pour la première fois depuis longtemps, ils se sentaient à l’aise et en sécurité, et qu’un espace leur était dédié non pas en tant que travailleurs ou prestataires de services, mais en tant qu’êtres humains ayant des émotions et des besoins psychologiques. Environ quarante membres des équipes travaillant dans la ville de Deir Al-Balah ont pris part à l’atelier, tandis que certains membres des équipes de Khan Younès n’ont pas pu y assister en raison des mauvaises conditions météorologiques et des fortes pluies. Cela n’a toutefois pas affecté le succès de l’atelier, qui s’est déroulé dans une ambiance chaleureuse et empreinte d’énergie positive.
À la clôture de l’atelier, les participants ont exprimé leur profonde gratitude pour cette initiative, soulignant que ce type d’activités les aide à retrouver un équilibre psychologique et à renouveler leur motivation pour poursuivre le travail humanitaire, tout en exprimant leur espoir de voir ces ateliers se répéter de manière régulière. Ainsi, cette salle n’est pas seulement devenue un espace matériel ajouté au bâtiment de l’Association, mais s’est transformée, dès ses premiers instants, en un symbole d’espoir, de reconnaissance et de rétablissement, portant un message clair : investir dans la santé mentale de l’être humain, qu’il soit bénéficiaire ou prestataire de services, constitue le fondement essentiel pour bâtir une société plus résiliente et capable de persévérer malgré tous les défis. »
Vidéos de la construction de la salle et de son inauguration festive ICI.
Retrouvez l’ensemble des témoignages d’Abu Amir et Marsel :
*Abu Amir Mutasem Eleïwa est coordinateur des Projets paysans depuis 2016 au sud de la bande de Gaza et correspondant de l’Union Juive Française pour la Paix. *Marsel Alledawi est responsable du Centre Ibn Sina du nord de la bande de Gaza, centre qui se consacre au suivi éducatif et psychologique de l’enfance. Tous les deux sont soutenus par l’UJFP en France.
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* Témoignages du 20 novembre 2023 au 5 janvier 2025 (partie 1 à 268) * Témoignages du 5 janvier au 9 mai 2025 (partie 269 à 392) * Témoignages du 10 mai au 5 octobre 2025 (partie 393 à 540)
Pour participer à la collecte "Urgence Guerre à Gaza" : HelloAsso.com Les témoignages sont publiés sur UJFP / Altermidi / Le Poing


