Partager la publication "Témoignages de Gazaouis : La survie qui s’organise au jour le jour dans l’enfer de Gaza – partie 486 / 10 août – Quatre mots résument la vie de plus de deux millions de personnes à Gaza"
Brigitte Challande, 11 août 2025. Faim, peur, mort et déplacement : le quotidien tragique vécu par les habitants de la bande de Gaza contre lequel les équipes soutenues par l’UJFP essaie au jour le jour de lutter. 10 août.
« Ces quatre mots résument la vie de plus de deux millions de personnes, dont la majorité a été contrainte d’abandonner leurs maisons et leurs terres pour se retrouver dans des camps de déplacement temporaires, installés sur moins de 25 % de la superficie originelle de la bande de Gaza, la portion qui n’a pas encore été touchée par la machine de guerre israélienne. Ces camps, censés constituer un refuge sûr, se sont en réalité transformés en cauchemar quotidien : pénurie de nourriture, absence de services, menace permanente d’expulsion, de bombardement ou d’invasion.
Des milliers de familles se retrouvent aujourd’hui sans autre abri que des tentes, des coins de maisons détruites ou des écoles surpeuplées. Elles vivent dans des conditions humanitaires désastreuses, privées des besoins essentiels : eau potable, nourriture, soins de santé, éducation. À cela s’ajoute l’absence totale de sécurité psychologique et sociale, en particulier pour les femmes et les enfants.
Le plan israélien discuté dans les couloirs de la Knesset
Dans ce contexte dramatique, un plan israélien émerge dans les discussions au sein de la Knesset et des cercles décisionnels : envahir ce qui reste encore de zones dans la bande de Gaza afin d’imposer un contrôle total et d’éliminer la présence palestinienne dans le territoire.
Si ce plan venait à être appliqué, il plongerait la population dans une phase encore plus dure et plus insupportable. Il ne prend en considération aucune réalité humaine sur le terrain et reflète une escalade extrême et sans précédent.
Les Palestiniens de Gaza, épuisés par des mois de bombardements, de destructions et de déplacements, n’ont ni la force de se déplacer une nouvelle fois, ni la capacité de supporter davantage de pression physique, psychologique et matérielle. Les camps temporaires sont devenus des lieux de résidence forcés, et pourtant, leurs habitants sont de nouveau menacés d’expulsion.
L’évacuation de la ville de Gaza et l’encerclement de la zone centrale
La partie la plus dangereuse de ce plan consiste en l’évacuation initiale de la ville de Gaza et le transfert de ses habitants vers la zone centrale de la bande et les Mawasi de Khan Younis. Or, ces zones sont déjà saturées de déplacés et souffrent d’une grave pénurie de ressources et de services.
Les Mawasi de Khan Younis ne sont plus la région agricole paisible qu’elles étaient autrefois. Elles sont devenues un immense camp à ciel ouvert pour les déplacés, au point qu’« il n’y a plus un seul pied carré » pour accueillir de nouvelles familles. Est-il réaliste que ce minuscule espace puisse recevoir environ un million huit cent mille personnes, soit le reste de la population du territoire ? La réponse est simple : non, c’est impossible.
Selon des analyses largement relayées, ce que cherche réellement à faire Israël à travers ce plan n’est qu’un prélude au retour du projet de « zone humanitaire » à Rafah. En réalité, il ne s’agit nullement d’un projet humanitaire, mais d’un projet de centre de détention massif : le plus grand au monde où les Palestiniens seraient enfermés dans un espace clos privés de liberté et de dignité.
Le rejet militaire et sécuritaire israélien du plan
Fait notable, ce plan ne fait pas l’unanimité au sein de l’appareil militaire et sécuritaire israélien. La majorité de ses responsables s’y opposent fermement, le jugeant irréalisable, inhumain et porteur de conséquences régionales et internationales catastrophiques. Malgré cela, certains discours politiques extrémistes au sein de la Knesset continuent de pousser à sa mise en œuvre, ignorant délibérément les avertissements répétés et la souffrance croissante des Palestiniens.
Le point de vue des organisations humanitaires
« En tant qu’organisations humanitaires, nous considérons avec la plus grande inquiétude ce plan insensé et illogique, qui provoquerait une explosion humanitaire incontrôlable dans des conditions déjà qualifiées de catastrophiques à tous les niveaux. »
Le territoire est en état d’effondrement total : pas d’électricité, pas d’infrastructures, pas d’eau potable, pas d’écoles, pas de centres médicaux suffisants. La population s’effondre sous le poids de la faim, de la maladie et de la peur. Toute nouvelle réduction de l’espace vital restant aurait des conséquences désastreuses, menaçant la vie de millions de civils et annihilant tout espoir de leur porter assistance.
Les efforts des équipes de l’UJFP sur le terrain
Malgré ces conditions extrêmes, nos équipes de l’UJFP poursuivent leur travail sur le terrain, dans les Mawasi de Khan Younis, où elles distribuent chaque jour des repas aux familles d’agriculteurs et aux déplacés, tout en suivant leur état de santé, leur situation sociale et leurs conditions de vie.
Nous œuvrons sans relâche pour fournir tout ce qui peut contribuer à une vie digne : nourriture, éducation, ateliers de soutien psychologique, en particulier pour les femmes et les jeunes filles souffrant de traumatismes sévères dus à la guerre et aux déplacements répétés.
En l’absence totale d’institutions étatiques et de leurs services, nos équipes tentent d’aménager les camps pour les rendre vivables autant que possible, en fournissant tentes, installations sanitaires temporaires, et en distribuant des biens essentiels tels que couvertures, couches pour bébés et fournitures médicales. Nous organisons également des ateliers collectifs de soutien psychologique pour réduire le stress, l’anxiété et la dépression, en particulier chez les mères qui portent le fardeau le plus lourd dans cette épreuve.
La situation dans la bande de Gaza ne supporte plus aucune détérioration supplémentaire. Les plans débattus à huis clos à la Knesset ne sont que des aventures politiques porteuses de risques humains et éthiques considérables.
Le devoir de la communauté internationale est aujourd’hui d’agir immédiatement pour stopper cet effondrement, faire pression afin de mettre fin à ces projets, et soutenir les efforts humanitaires déployés par des organisations comme l’UJFP et d’autres, pour sauver ce qui peut encore l’être d’une vie digne pour un peuple assiégé et sinistré. »
Photos et vidéos du travail humanitaire / des programmes éducatifs
Retrouvez l’ensemble des témoignages d’Abu Amir et Marsel :
*Abu Amir Mutasem Eleïwa est coordinateur des Projets paysans depuis 2016 au sud de la bande de Gaza et correspondant de l’Union Juive Française pour la Paix.
*Marsel Alledawi est responsable du Centre Ibn Sina du nord de la bande de Gaza, centre qui se consacre au suivi éducatif et psychologique de l’enfance.
Tous les deux sont soutenus par l’UJFP en France.
Cliquez ici pour consulter les Témoignages du 20 novembre 2023 au 5 janvier 2025 (partie 1 à 268) Cliquez ici pour consulter les Témoignages du 5 janvier au 9 mai 2025 (partie 269 à 392)
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Pour participer à la collecte « Urgence Guerre à Gaza » : HelloAsso.com
Les témoignages sont également publiés sur UJFP, Altermidi et sur Le Poing.