Israël a peur parce que la cause palestinienne est vivante

Mariam Al-Shkilih , 22 novembre 2022. Le fondateur et premier premier ministre d’Israël, David Ben-Gourion, a dit un jour : « En Israël, pour être réaliste, il faut croire aux miracles. » Si nous prenons le temps d’examiner les paroles des dirigeants israéliens, nous pouvons poser la question suivante et y répondre : Israël a-t-il peur ? À mon avis, la réponse est oui, Israël a peur.

Des murs, des barricades, des postes de contrôle, l’entité sioniste se barricade plus qu’elle n’enferme les Palestiniens.

Le temps est venu de briser le mythe selon lequel Israël est une force imbattable. S’il était fort de l’intérieur, il n’aurait pas échoué au cours des 74 dernières années à achever sa colonisation de la Palestine. C’est la première chose qui effraie Israël, 105 ans après la tristement célèbre déclaration Balfour, la lettre écrite en 1917 par un ministre britannique des Affaires étrangères, Lord Balfour, dans laquelle une partie, la Grande-Bretagne, cédait les terres d’une deuxième partie, les Palestiniens, à une troisième partie, « le peuple juif ».

Depuis que l’État d’occupation a été établi en 1948, il a été incapable de vivre en paix, malgré ses offensives militaires contre le peuple palestinien et son nettoyage ethnique. Israël possède des armes nucléaires et est soutenu à bout de bras sur le plan politique, économique et militaire par les États-Unis et l’Union européenne. Pourtant, la panique s’installe chaque fois qu’il est condamné sur la scène mondiale et que les boycotts pacifiques de son système d’apartheid sont encouragés. Certains États arabes ont conclu des traités de paix ou des accords de normalisation avec Israël, mais ceux-ci n’apportent ni la paix sur le terrain ni la paix dans les esprits. C’est le cas même si la cause palestinienne n’est plus la question centrale du monde arabe.

En réponse à cette peur, Israël s’en prend aux cibles les plus faciles : la population de la Palestine occupée. Vivre sous une occupation militaire brutale les rend extrêmement vulnérables, et Israël en profite. D’où les campagnes d’arrestations massives, les fermetures lors des fêtes juives, les postes de contrôle militaires, les meurtres, les démolitions de maisons et les expulsions. Les politiciens israéliens intensifient la violence avant les élections, jouant avec la vie et le sang des Palestiniens afin d’attirer plus de votes et de gagner des sièges parlementaires.

L’État d’occupation cherche également à convaincre les Arabes qu’il n’est pas leur principal ennemi, qu’ils partagent un ennemi commun de l’autre côté du golfe Persique : l’Iran. Il s’agit d’une tactique de diversion visant à détourner le regard des Arabes de ce qu’Israël fait à la population de la Palestine occupée, tout en se présentant comme une nation pacifique et donc plus acceptable dans la région.

Quel pays profite le plus du conflit arabe et de la tension avec l’Iran ? Israël, car il voit en l’Iran un État qui n’aurait pas peur de contester son hégémonie au Moyen-Orient. Les Israéliens ne cessent de répéter que l’Iran est une menace pour la paix mondiale, et que la situation empirera s’il acquiert des armes nucléaires. Pourtant, Israël possède lui-même des armes de destruction massive, y compris des armes nucléaires, mais ne laisse pas les inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique s’en approcher. Il insiste pourtant pour que l’Iran se conforme à cette surveillance internationale.

Israël n’a pas peur du réveil du monde arabe, mais il craint les changements dans l’ordre mondial. Les États-Unis sont le principal soutien de l’État d’occupation, et la seule véritable superpuissance mondiale à l’heure actuelle. Des mouvements sont en cours pour changer cette vision unipolaire du monde, avec la Chine et la Russie qui attendent dans les coulisses. Si l’une ou l’autre dépose les États-Unis comme seule superpuissance et choisit d’être ambivalente envers Israël, l’État d’occupation risque de perdre son principal soutien ; Washington sera trop préoccupé par son propre jeu de pouvoir sur la scène mondiale pour s’inquiéter d’un État client au Moyen-Orient.

Pendant ce temps, Israël continuera à réprimer et à opprimer les Palestiniens, et à irriter les musulmans du monde entier avec ses raids sur la mosquée Al-Aqsa, en particulier pendant le mois béni du Ramadan. Pourquoi pendant le mois de Ramadan en particulier ? Bien qu’il ne ménage aucun effort pour harceler le peuple palestinien tout au long de l’année, Israël craint pour son existence car il est conscient du facteur religieux qui est trop souvent négligé dans le discours sur la création d’un « État indépendant de Palestine ». L’importance de la mosquée Al-Aqsa pour les Palestiniens, les Arabes et les musulmans du monde entier ne doit pas être sous-estimée ou ignorée.

Si Israël a le sentiment d’être confronté à des menaces existentielles, cela indique que la cause palestinienne est vivante, peu importe à quel point Israël cherche à la détruire. Le peuple palestinien vit malgré l’occupation militaire et la menace existentielle quotidienne qu’Israël fait peser sur la démographie et l’identité de son territoire. L’incapacité d’Israël à instaurer la paix, dont il se vante extérieurement, se reflète dans ses actions contre le peuple autochtone et dans les craintes et menaces que l’État d’occupation, paradoxalement, génère pour lui-même.

Article original en anglais sur Middle East Monitor / Traduction MR. Il a été publié en arabe sur Al-Quds Al-Arabi le 20.11.2022.