Partager la publication "Sur fond d’intention génocidaire, le retrait israélien du corridor de Netzarim est une démarche politique"
Hamzah Rifaat, 21 février 2025. Compte tenu de l’ampleur des destructions, de la misère et des démolitions à Gaza et en Cisjordanie, il faut considérer toute démarche du régime fasciste et sioniste vers une soi-disant normalité avec scepticisme plutôt que prise au pied de la lettre. Cela inclut le récent retrait israélien du corridor de Netzarim, présenté comme un soi-disant « engagement » envers le dernier cessez-le-feu. En vérité, ce retrait est une autre technique opérationnelle et une stratégie de regroupement du régime de Netanyahou pour poursuivre ses tueries sur le territoire palestinien occupé. Ce retrait n’inversera pas non plus le sentiment anti-israélien palpable, visible et prononcé qui se développe dans les principales capitales du monde.
Il est important de considérer tous les mouvements israéliens vers la normalité comme cosmétiques et stratégiques plutôt que sincères.
Un retrait partiel dans un contexte d’intention génocidaire
Les forces d’occupation se sont retirées du corridor stratégique séparant le nord et le sud de Gaza dans le cadre d’un plan de cessez-le-feu. Cependant, ce retrait n’a pas été suivi d’une pause permanente dans la répression ou le génocide.
Le corridor de Netzarim est une bande de terre de quatre miles que les Israéliens ont établie comme zone militaire pour poursuivre leur répression à Gaza. Bien que leur retrait de 2025 ait débouché sur l’autorisation des Palestiniens de traverser le corridor, les Israéliens continuent de violer les principes fondamentaux du cessez-le-feu en affirmant qu’ils ne se retireront pas complètement de Gaza. Au contraire, ils ont conditionné leur retrait complet aux « capacités politiques » du Hamas. En outre, ce retrait intervient alors que la Cisjordanie est pilonnée par des raids des forces d’occupation, qui ont déplacé au passage plus de 35.000 Palestiniens.
L’intention génocidaire est donc claire et les pays occidentaux qui se portent garants du droit d’Israël à se défendre devraient clairement se remettre en question, car Netanyahou n’a aucune intention sincère de maintenir l’accord de cessez-le-feu à flot. Les pays qui souhaitent sérieusement respecter les cessez-le-feu ne se lancent pas dans des tueries concomitantes et n’acceptent pas de retraits partiels basés sur des convenances ou des opportunismes politiques. En fait, la stratégie d’Israël contraste fortement avec celle du Hamas après l’accord de cessez-le-feu, car il a été prompt à libérer les otages.
Le manque de sérieux des Israéliens est également illustré par la délégation que Netanyahou a envoyée au Qatar. La délégation était composée de responsables israéliens de bas niveau négociant pour obtenir une trêve, ce qui soulève à nouveau des questions sur l’intention réelle des Israéliens de respecter ou d’obtenir un cessez-le-feu. En substance, toute attente contraire serait une distorsion de la réalité. Les Israéliens ont également violé en toute impunité une longue liste de résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU et toute résolution condamnant leurs atrocités a été rejetée sans motif par leur principal bienfaiteur, les États-Unis. Il est donc irréaliste d’espérer qu’un État construit sur le génocide, l’occupation, le vol et le pillage respecte un cessez-le-feu en 2025. Les véritables intentions des Israéliens sont parfaitement illustrées par le fait que des hommes armés ont abattu deux femmes palestiniennes d’une vingtaine d’années en Cisjordanie, dont l’une d’elles était enceinte. Ceci, encore une fois, s’est produit au moment du retrait de Netzarim.
En outre, les déclarations incendiaires de la Maison Blanche encouragent Netanyahou à pousser à un nouveau génocide. En suggérant que les États-Unis prendraient le contrôle de Gaza et en chasseraient ses habitants, tout en appelant les pays arabes comme la Jordanie et l’Égypte à les accueillir, Donald Trump permet à l’administration Netanyahou de poursuivre sa répression brutale tout en laissant entendre que Tel-Aviv respecte le cessez-le-feu.
Cette approche hypocrite est également aggravée par des complices internes. Les alliés politiques d’extrême-droite du gouvernement Netanyahou font pression pour une reprise du génocide à Gaza après la fin de la première phase du cessez-le-feu, tandis que les Israéliens moyens, lassés de l’incapacité de Netanyahou à obtenir la libération des otages, font également pression pour une réponse plus ferme. Ces variables nationales suggèrent clairement que les Israéliens ne seront pas intéressés par un cessez-le-feu à long terme avec le Hamas, mais qu’ils ne font que gagner du temps à des fins politiques.
Inverser la tendance du sentiment anti-israélien est tout simplement impossible
Cependant, l’analyse du sentiment public montre clairement qu’Israël est actuellement le pays le plus détesté au monde. Des manifestations sur les campus universitaires américains aux pays comme l’Irlande qui refusent de se taire face au sectarisme sioniste, les Israéliens perdent leur influence sur tous les continents. À l’exception des États-Unis et de leurs alliés comme l’Allemagne et le Royaume-Uni, la plupart des pays, dont la Norvège, la Bolivie et l’Espagne, se portent garants de l’indépendance palestinienne et dénoncent les crimes contre l’humanité. Même le principal bienfaiteur d’Israël, les États-Unis avec leur précédente administration Biden, est hué par l’opinion publique américaine avec des critiques similaires, comme celles qu’on attend alors que Trump cherche à consolider l’occupation israélienne.
Se retirer purement et simplement (cela aussi sous certaines conditions) du corridor de Netzarim n’est pas crédible. Le véritable programme néfaste de Netanyahou visant à éliminer les Palestiniens continue d’être pleinement visible en Cisjordanie et à Gaza.
Cette décision de retrait de Netzarim ne vise qu’à gagner du temps.
Article original en anglais sur Al Mayadeen / Traduction MR