Partager la publication "Nouvelle ère de la guerre : les Israéliens utilisent les biens de consommation comme armes dans des attaques terroristes"
Al Mayadeen, 20 septembre 2024. Le Liban se remet d’une frappe dévastatrice qui a ciblé plusieurs de ses infrastructures après que l’occupation israélienne a apparemment piégé des milliers de “pagers” utilisés à des fins de communication, que ce soit entre les membres du Hezbollah, le personnel médical ou les civils ordinaires. L’attaque en elle-même est sans précédent, tant en termes de la manière dont elle a été menée que de la population ciblée, car son caractère aveugle a suscité la perplexité dans le monde entier.
Les “pagers” ont explosé pendant la cohue du premier jour d’école pour beaucoup. En raison de l’ampleur de l’attaque, les Libanais ont été désemparés. Beaucoup ont pensé qu’il s’agissait de fusillades ou d’altercations individuelles, d’autres qui étaient plus proches des explosions ont pensé qu’il s’agissait d’attaques terroristes, car le chaos qui a suivi rappelait les attentats à la bombe qui avaient eu lieu dans la banlieue sud de Beyrouth au début des années 2010. Les sirènes des ambulances ont résonné à Beyrouth et ailleurs, et en raison des énormes embouteillages aux heures de pointe, les secouristes ont eu un mal fou à atteindre les blessés, qui pour certains ont dû recourir à des cyclomoteurs pour se rendre à l’hôpital pour être soignés.
L’occupation israélienne n’aurait pas pu mener cette opération terroriste à un pire moment, et ce délibérément. Les allégations selon lesquelles l’attaque visait des militaires ne pourraient pas être plus fausses. Parmi les cibles figurent des enfants, jusqu’à présent deux d’entre eux sont morts, et de nombreux civils. Sans parler de ceux qui sont morts parce que les ambulances étaient occupées à soigner les blessés au point de ne pas pouvoir s’occuper des personnes qui avaient besoin de soins d’urgence loin des attaques, ou peut-être parce qu’elles n’ont pas pu les atteindre à temps.
Les civils étaient une cible de choix
Tous les aspects de l’attaque étaient délibérés. Son caractère aveugle et généralisé en dit long sur les tactiques et les intentions de l’occupation israélienne : infliger autant de pertes à l’ennemi, quel qu’en soit le prix. Il y a aussi une donnée plus implicite, qui est de ternir l’image du Hezbollah en présentant la Résistance comme une menace pour le peuple libanais, comme elle l’a mis en danger lorsque les engins ont explosé. Le soutien massif que la Résistance et les blessés ont reçu après la tragédie a prouvé que ces tentatives ont échoué.
Revenons à la nature aveugle de l’attaque et à la façon dont elle a mis en danger d’innombrables civils de bien des façons inimaginables. Peut-être un chauffeur de camion aurait-il pu voir son camion exploser sur l’autoroute, lui faisant perdre le contrôle du véhicule et mettant en danger des civils ; une infirmière aidant à accoucher ; un père portant son enfant tout en reposant son corps sur sa taille, etc. Si l’on considère cette perspective parmi tant d’autres, on se pose la question : une telle atrocité viole-t-elle le droit international ?
Oui. L’attaque, dans tous ses aspects, viole le droit international. Le Protocole II modifié de la Convention sur certaines armes classiques (CCAC) de l’ONU interdit de piéger ou de placer des explosifs dans ce qui semble être des objets portables inoffensifs. Plus encore, et de manière plus flagrante, l’attaque viole la Convention de Genève, qui interdit clairement les attaques indiscriminées, et cette attaque, selon les points de discussion susmentionnés, est qualifiée d’indiscriminée.
Un précédent dangereux
Un problème clé qui semble être négligé tout au long de cette débâcle est la façon dont cela crée un précédent extrêmement dangereux, car il s’agit principalement d’un appareil électrique à usage civil, comme mentionné ci-dessus. Il est utilisé par des civils, des médecins et des combattants hors service, ce qui signifie que son utilisation pour une attaque d’une telle ampleur ouvre la porte à des attaques bien pires du même genre, et nous pourrions voir un avenir où l’armement de biens de consommation à double usage au niveau industriel – encore une fois, nous parlons d’appareils à double usage – deviendra la norme dans la guerre. Sans vouloir faire de comparaison entre l’occupation israélienne et la Russie, si Moscou avait infiltré la chaîne d’approvisionnement de l’Ukraine et manipulé des milliers d’engins qui ont été envoyés au personnel militaire et à des ambulanciers et des civils avant de les faire exploser alors qu’ils étaient chez eux ou dans la circulation, le tollé dans l’ensemble de l’Occident aurait certainement été bien plus assourdissant.
Alors que les pays du « bloc » de l’Est comme la Russie, l’Iran et la Chine, et même les mouvements de résistance régionaux effectuent des mouvements ou profèrent des menaces par auto-préservation et auto-défense, le monde entier s’empresse de les condamner. Pourtant, l’Occident – qu’il s’agisse des États-Unis, de la France, du Royaume-Uni ou de l’occupation israélienne – déplace constamment les règles du jeu pour s’assurer que même s’il viole le droit international, il ne sera pas tenu responsable. C’est particulièrement le cas pour l’occupation israélienne, qui représente un atout très précieux pour l’Occident.
Ainsi, au lieu d’être tenus responsables de leurs actes, ils tordent le droit international pour l’adapter à leur vision déformée du monde, violant toutes les conventions, lois et réglementations avec peu ou pas de répercussions.
Article original en anglais sur Al Mayadeen / Traduction MR