Deux petites manifestations en Cisjordanie occupée qui sont plus éloquentes que les mots (vidéo)

Ramona Wadi, 2 mai 2024. Alors que l’attention reste constante sur Gaza, jusqu’à présent, les Palestiniens de Cisjordanie occupée ont poursuivi leur lutte anticoloniale. Intervenant là où l’Autorité palestinienne n’agit pas, parce qu’elle est sous la coupe des puissances étrangères qui lui permettent d’exister, les Palestiniens ont protesté contre les diplomates internationaux qui soutiennent ouvertement le prétendu droit d’Israël à se défendre et ne proposent aux Palestiniens qu’une rhétorique d’espoir, en dépit du fait qu’un génocide consciemment activé est plus puissant que toute illusion optimiste et futile.

La police de l’Autorité palestinienne empêche les manifestants d’atteindre le bureau de représentation du Canada à Ramallah, en Cisjordanie occupée, le 30 avril 2024 (AFP) (source photo alarabiya.net)

Récemment, des manifestants palestiniens ont refoulé une délégation de diplomates européens – parmi lesquels des ambassadeurs de Belgique, de France, d’Espagne, des Pays-Bas et d’Allemagne – du Musée palestinien de Ramallah. Selon le Musée de Palestine, son personnel ne savait pas que des ambassadeurs de pays soutenant le génocide israélien allaient visiter les locaux ce jour-là. Une déclaration ambiguë, sachant que les ambassadeurs avaient loué une salle pour leur réunion.

Pendant ce temps, l’ambassadeur d’Allemagne auprès de l’Autorité palestinienne, Oliver Owzca, a déclaré : « Nous regrettons que la réunion d’aujourd’hui des chefs de mission de l’UE au Musée national de Birzeit ait été indûment interrompue par des manifestants. »

On a peine à croire qu’Owcza puisse séparer la présence de diplomates au Musée palestinien et la position des diplomates sur le génocide à Gaza. La réunion n’a pas été indûment interrompue – elle l’a été pour de bonnes raisons. Les Palestiniens affirment simplement que leurs locaux ne doivent pas être exploités par des représentants de pays qui soutiennent le génocide israélien.

Pendant ce temps, les services de sécurité de l’Autorité palestinienne, toujours prêts à prolonger la violence coloniale d’Israël, ont empêché les Palestiniens d’atteindre le bureau de représentation du Canada à Ramallah. Alors que le Premier ministre canadien Justin Trudeau a déclaré qu’il mettrait fin aux futures expéditions d’armes vers Israël, le gouvernement canadien avait déjà joué son rôle dans le génocide de Gaza en envoyant 21 millions de dollars d’exportations militaires au cours des premiers mois. Même en période de génocide, alors que les Palestiniens ont tous été touchés par les pertes à Gaza, les services de sécurité continuent d’afficher leur allégeance déplacée.

Ce n’est que dans les récits israéliens et des médias dominants qu’une telle résistance est décrite de manière dénigrante, mettant l’accent sur l’attitude coloniale envers les colonisés. Le journal israélien I24, par exemple, a tenté une équivalence destinée à présenter les Palestiniens sous un mauvais jour. « L’Allemagne, traditionnellement favorable à Israël, a également défendu les droits des Palestiniens et la nécessité d’une résolution du conflit qui inclut la création d’un État palestinien. »

Mais disséquons la rhétorique. L’hypothèse des deux États est obsolète et sa mise en œuvre impossible en raison de l’expansion coloniale. L’adhésion de l’Allemagne à la création de deux États n’est qu’une étape qui la maintient alignée sur le reste de la communauté internationale, et cela n’enlève en rien son soutien sans équivoque à Israël et à son génocide actuel à Gaza. Comment défendre la Palestine tout en soutenant le génocide contre les Palestiniens ?

Ces deux actions de protestation ne susciteront peut-être pas une forte résonance dans les médias grand public, mais il ne faut pas minimiser leur importance. Les Palestiniens font ce que l’AP refuse de faire : dénoncer non seulement le génocide, mais aussi la complicité dans le génocide. Ce faisant, les Palestiniens ont révélé la faiblesse des diplomates lorsqu’ils sont isolés du réseau qui les rend intouchables – des gens fuyant un fragment de la réalité de la décolonisation.

Article original en anglais sur Middle East Monitor / Traduction MR