100 enfants palestiniens tués en Cisjordanie depuis le 7 octobre

Rosabel Crean, 16 février 2024. Une centaine d’enfants palestiniens ont été tués en Cisjordanie occupée au cours des quatre derniers mois, selon les chiffres d’une ONG de défense des droits de l’enfant publiés jeudi.

Israël a intensifié ses raids militaires contre les villes et villages de Cisjordanie occupée depuis le déclenchement de la guerre israélienne contre Gaza en octobre de l’année dernière.

Neehel Ziad Mohammad Bregheith (photo ci-dessous), 16 ans, de Beit Ummar, est tragiquement devenu le 100e enfant tué par les forces israéliennes en Cisjordanie depuis le début de la guerre le 7 octobre, selon les documents recueillis par Défense des Enfants International – Palestine (DCIP).

Neehel a été abattu alors que lui et d’autres élèves quittaient l’école mercredi lors d’un raid des forces israéliennes sur la ville. Dix Palestiniens ont été blessés lors de ces attaques.

Rien qu’en février, les forces israéliennes ont tué cinq garçons âgés de 14 à 17 ans. Dans deux de ces cas, elles ont confisqué les corps et ne les ont toujours pas rendus aux familles.

L’Américain d’origine palestinienne Mohamed Ahmed Khadour, 16 ans, a été mortellement touché par les forces israéliennes le 10 février alors qu’il se trouvait dans une voiture avec un parent près d’un parc boisé de la ville de Qattana.

Mohammad, né à Washington, a reçu une balle dans la tête et a été transporté d’urgence à l’hôpital mais n’a pas pu être sauvé, selon DCIP.

Un membre de la famille a déclaré au journal The Washington Post qu’elle était dévastée.

Mohammad Ahmad Alkhdour, un Palestinien américain de 17 ans, a été tué le 10 février près de Qattana, en Cisjordanie occupée. (Photo de famille)

Le gouvernement américain a confirmé mardi dans un communiqué qu’un citoyen américain était mort en Cisjordanie et a déclaré qu’il cherchait à obtenir de plus amples informations auprès du gouvernement israélien sur l’incident.

Depuis des années, des groupes de défense des droits humains dénoncent Israël pour ce qu’ils considèrent comme un « recours excessif » à la force contre les enfants, y compris des attaques perpétrées par des colons.

Le 9 février, Moath Ashraf Faleh Bani Shamsa, 16 ans, a été mortellement touché dans le dos par les forces israéliennes près de son domicile à Beita, en Cisjordanie occupée.

Il aurait jeté des pierres sur des véhicules de l’armée israélienne qui se retiraient du village, lorsque l’un d’eux s’est arrêté et a reculé dans sa direction. Alors que Moath s’enfuyait, un soldat lui a tiré une balle dans le côté supérieur droit du dos, a déclaré DCIP.

L’année dernière, les forces israéliennes et les colons ont tué au moins 121 enfants palestiniens, ce qui en fait l’année la plus meurtrière jamais enregistrée pour les enfants palestiniens. Beaucoup ont été abattus à balles réelles, tandis que d’autres ont été tués par des frappes de drones. Selon la DCIP, quatre enfants ont été tués par des missiles lancés par un hélicoptère d’attaque Apache.

Le droit international stipule que la « force meurtrière intentionnelle » n’est justifiée que lorsqu’il existe une menace directe pour la vie ou des blessures graves.

Human Rights Watch a déclaré qu’il n’y avait « pratiquement aucun recours ni imputabilité » dans les cas où les forces militaires israéliennes tuent des enfants palestiniens.

Les enquêtes de la DCIP ont révélé que les forces israéliennes ont eu recours à la force meurtrière contre des enfants palestiniens dans des occasions qui peuvent équivaloir à des exécutions extrajudiciaires ou délibérées.

Ayed Abu Eqtaish, directeur du programme de responsabilisation à la DCIP, a déclaré que « des décennies d’impunité systémique » ont créé des conditions dans lesquelles « les forces israéliennes tirent pour tuer sans limite ».

« Alors que les enfants palestiniens sont de plus en plus pris pour cibles en Cisjordanie, les règles d’engagement des forces israéliennes permettent apparemment de cibler directement les enfants palestiniens là où aucune menace n’existe pour justifier le recours à une force meurtrière intentionnelle », a-t-il déclaré.

Les enfants de Gaza n’ont pas été épargnés par l’offensive sans précédent d’Israël qui dure depuis plusieurs mois et qui a transformé des pans entiers de l’enclave en décombres et déraciné la majorité des 2,3 millions d’habitants qui y vivent.

En décembre, l’Organisation mondiale de la santé a déclaré qu’en moyenne un enfant était tué toutes les dix minutes à Gaza.

Plus de 12 300 enfants ont été tués pendant la guerre, selon les derniers chiffres du ministère de la Santé de Gaza, et des milliers d’autres sont devenus orphelins.

Article original en anglais sur The New Arab / Traduction MR