Il n’y a pas de division interne palestinienne, juste des factions pro et anti-occupation

Motasem A Dalloul, 16 décembre 2022. Malgré la coordination sécuritaire permanente entre l’Autorité palestinienne (AP) et l’occupation israélienne, l’AP a atténué ses campagnes de sécurité contre les Palestiniens qui combattent l’occupation israélienne en Cisjordanie occupée, à tel point que beaucoup de gens ont pu penser que la division interne entre le Fatah et le Hamas avait pris fin.

Manifestation contre l’occupation à Beita en mai 2022

Cependant, au cours des derniers mois, l’AP a intensifié ses campagnes contre les Palestiniens qui luttent contre l’occupation israélienne. Elle a repris sa politique de détentions politiques, qui vise les Palestiniens qui luttent contre l’occupation israélienne, quelle que soit leur appartenance politique.

« Ces jours-ci, alors que le sol de notre pays est rougi du sang des martyrs, et dans une atmosphère d’unité nationale, l’Autorité palestinienne insiste pour renforcer la division politique par une campagne de détention », a déclaré Osama Abu Eida, membre du Comité des familles de prisonniers en Cisjordanie.

Selon le comité, l’Autorité palestinienne a détenu et convoqué 142 Palestiniens en raison de leurs positions anti-israéliennes au cours de la semaine dernière. Dans le même temps, un certain nombre de prisonniers ont vu leur détention renouvelée, des maisons ont été perquisitionnées et des femmes incarcérées.

Depuis le début de l’année 2022, Avocats pour la Justice a enregistré 500 détentions politiques par les services de sécurité de l’AP en raison de l’affiliation politique et des positions anti-occupation israélienne. Dans le même temps, le Centre palestinien pour les droits de l’homme a appelé l’AP à cesser ses détentions au motif d’actions de résistance en Cisjordanie occupée.

« Nous condamnons la campagne de détention politique menée par l’AP en Cisjordanie occupée », a déclaré le Centre palestinien des droits de l’homme. « Le dossier des détentions politiques doit être clos à jamais », a ajouté le centre des droits, notant que les détenus politiques dans les prisons de l’AP en Cisjordanie occupée sont soumis à la torture, notamment à des coups de matraque ou à des décharges électriques.

Ahmad Hrish, qui a récemment été libéré des prisons de l’AP, a déclaré au Quds News Network qu’il avait envisagé de se suicider pour échapper à la torture dans les prisons de l’AP. Il a déclaré qu’il avait été interrogé par les interrogateurs de l’AP au sujet de son action anti-occupation.

A Hébron, les services de sécurité de l’AP ont fait une descente dans la maison de la famille Karama et ont arrêté sept personnes de la même famille après les avoir sévèrement battues. Deux d’entre elles ont été admises à l’hôpital en raison des sévices qu’elles ont subis, a rapporté Quds News Network.

« Nous nous adressons à l’AP et lui disons que ce n’est pas son rôle », a déclaré Abu Eida.

Entre-temps, l’AP a détenu plusieurs membres du nouveau mouvement de résistance, l’Antre des Lions.

La direction de l’AP, dirigée par le mouvement laïc Fatah, a clairement insisté sur le maintien de la coordination sécuritaire avec l’occupation israélienne. Outre les réunions régulières entre les hauts responsables des deux parties, la direction de l’AP a déclaré qu’elle s’inquiétait de la possibilité que les factions palestiniennes de Gaza dirigent les activités anti-occupation en Cisjordanie occupée.

Elle se vante de son action contre la résistance palestinienne et contre tout Palestinien qui divulgue les résultats de sa coordination sécuritaire avec l’occupation israélienne, comme ce fut le cas pour le militant Nizar Banat, battu à mort par les services de sécurité de l’AP lors d’un raid sur sa maison en juin 2021.

L’AP continue de faire des descentes dans les universités et les écoles pour détenir les étudiants qui soutiennent la résistance palestinienne et louent ses actions contre l’occupation israélienne. On a pu le constater récemment à l’université Al-Najah, à l’université de Birzeit et dans d’autres établissements, où l’AP convoque, interroge et détient des étudiants en raison de leurs activités en faveur de la résistance.

Dans le même temps, les dirigeants de l’AP et le Fatah appellent au maintien de l’unité nationale et au transfert par le Hamas de la gouvernance de la bande de Gaza à l’AP. Ces appels ne sont lancés que pour un usage politique et médiatique.

L’accord signé en Algérie en octobre pour la réconciliation palestinienne était un moyen de blanchir les crimes de l’AP.

Il est devenu clair pour tous ceux qui connaissent la question palestinienne qu’il n’y a pas de division nationale palestinienne, mais seulement des Palestiniens qui travaillent pour et avec l’occupation israélienne et ceux qui s’acharnent à y mettre fin.

Article original en anglais sur Middle East Monitor / Traduction MR

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