Festival de Jérusalem 2022 : pour le centre culturel Yabous, c’est Mission Possible

Noelle Mafarjeh, 2 août 2022. Yabous est le premier nom donné à la ville de Jérusalem par les Jébusites. Les Jébusites étaient une tribu cananéenne qui a construit la ville de Yabous sur l’emplacement de l’actuelle Jérusalem. Aujourd’hui et après plus de 5000 ans, les descendants des Jébusites vivent toujours à Jérusalem, et continuent de faire revivre leur ville culturellement et artistiquement en organisant des activités dans le domaine des arts du spectacle.

Affiche de l’édition 2022 du Festival de Jérusalem. [Avec l’aimable autorisation du Centre culturel Yabous]

Le centre culturel Yabous est une ONG palestinienne basée à Jérusalem. Elle a été créée en 1995 lorsqu’un certain nombre d’artistes, de passionnés de culture et d’entrepreneurs de Jérusalem ont décidé de créer un organisme offrant un patronage aux arts du spectacle à Jérusalem.

La directrice générale de Yabous, Rania Elias, nous rejoint sur Vibes pour parler de l’édition 2022 du festival de Jérusalem qui se déroulera du 12 au 18 août et dont les détails sont disponibles sur la page Facebook du centre culturel Yabous.

Rania nous raconte comment Yabous s’est retrouvé à gérer le plus grand centre culturel de Jérusalem. « Nous rêvions d’avoir un centre culturel au cœur de Jérusalem pour essayer de faire revivre la vie culturelle, de préserver l’identité culturelle palestinienne, et d’avoir un endroit où les gens peuvent sortir et passer du bon temps. »

Rania affirme que tous les efforts de Yabous sont concentrés sur Jérusalem : « C’est l’endroit où, à 17 heures, il n’y a pas de vie. Tout est fermé, les magasins sont fermés, les gens rentrent chez eux. Il n’y a pas de vie culturelle dans la ville. »

Pour remédier à cela, Yabous organise chaque année des centaines d’événements touchant différents segments de la société à Jérusalem. Le festival de Jérusalem est son fleuron.

Rania explique qu’à travers le programme de cette année, ils ont essayé de mettre en lumière la situation à laquelle sont confrontés les artistes et les institutions culturelles, en particulier à Jérusalem, mais aussi à Ramallah « ou dans tout autre endroit […] avec les restrictions auxquelles nous sommes confrontés et le rétrécissement de l’espace dans lequel nous travaillons ».

Le festival souhaite également examiner « dans quelle mesure nous sommes libres de parler de différentes questions dans la culture ».

Parmi les temps forts du festival, citons des ateliers de stand-up pour les comédiens en herbe, des concerts de musique arabe par des compositeurs arabes, le groupe pop de renommée internationale 47SOUL, un monodrame de Raeda Taha présentant des histoires de Jérusalem, et l’artiste sud-africain Nomcebo, à l’origine de la chanson “Jerusalema” qui a fait fureur lors des confinements de 2020 dus au Covid..

Nomcebo se produira également dans le camp de réfugiés de Dheisheh à Bethléem le 16 août dans le cadre du festival.

Selon Rania, le festival – comme tous les événements et institutions culturels à Jérusalem – doit surmonter des difficultés particulières en raison des lois israéliennes imposées aux Palestiniens de Jérusalem-Est occupée. « Nous sommes confrontés a tellement d’obstacles et de restrictions. ».

Rania souligne les difficultés à accueillir des artistes de Cisjordanie, car ils ne peuvent souvent pas obtenir de permis pour se produire à Jérusalem. Selon elle, cela limite la variété des artistes qu’ils peuvent présenter. Plus urgente, cependant, est la question du financement, qui n’a pas seulement été affecté par la crise Covid-19 mais qui est également soumis à de nouvelles mesures imposées par les donateurs internationaux tels que l’UE, auxquelles les institutions culturelles ont parfois du mal à adhérer.

« Je dis toujours qu’organiser un concert à Jérusalem devient comme une mission impossible ».

Cependant, Yabous a une fois de plus réussi à le faire cette année, et Rania invite tout le monde, jeunes et vieux, parents et enfants – pour lesquels des bénévoles dévoués sont là pour divertir, si les parents veulent reprendre leur souffle – à profiter des festivités de cette année et à contribuer à « faire revivre ensemble la vie à Jérusalem. »

Écoutez l’interview complète sur Vibes.

Article original en anglais sur jerusalem.24fm.ps / Traduction MR