Partager la publication "Des ONG et des donateurs s’engagent à être solidaires des groupes de la société civile palestinienne figurant sur la liste noire"
Middle East Eye, 16 novembre 2021. Plus de 100 fondations et donateurs philanthropiques ont signé mardi une lettre ouverte exprimant leur solidarité avec les six groupes de la société civile palestinienne qui ont été placés sur une liste noire par Israël et accusés d’être des organisations “terroristes“.
La lettre demande instamment aux États-Unis, à l’Union européenne et à d’autres pays de faire pression sur le gouvernement israélien pour qu’il annule cette désignation et qu’il veille à ce que les dons versés aux groupes de la société civile palestinienne leur parviennent sans interférence israélienne.
« L’attaque ciblée contre six des principales organisations de la société civile en Palestine est une tentative flagrante de faire taire et de criminaliser la dissidence contre les violations des droits de l’homme du gouvernement israélien », dit la lettre.
« En tant que financeurs mondiaux des droits de l’homme et de la démocratie, cette tentative de “geler” nos financements et notre solidarité ne fonctionnera pas. Nous sommes aux côtés des organisations de la société civile et des défenseurs des droits de l’homme palestiniens. Nous affirmons notre droit à la liberté d’expression et à apporter un soutien financier aux organisations qui font progresser les droits de l’homme, la dignité et le bien-être du peuple palestinien. »
La liste des signataires comprend des dizaines de fondations et de réseaux de bailleurs de fonds à travers les États-Unis et l’Europe, dont la Fondation pour la paix au Moyen-Orient (FMEP), Front Line Defenders et Grassroots International.
« L’instrumentalisation cynique des lois antiterroristes constitue une menace existentielle pour les défenseurs des droits de l’homme palestiniens et pour tous ceux qui défendent les droits de l’homme dans le monde », a déclaré Lara Friedman, présidente de la FMEP, dans un communiqué.
« L’éventail des signataires de cette lettre souligne la reconnaissance partagée par les bailleurs de fonds de l’urgence de contester cette tactique dangereuse, et de l’obligation morale de défendre les partenaires sur le terrain qui, en substance, ont été désignés pour être attaqués parce qu’ils ont trop bien fait leur travail de défense des droits humains et civils. »
Piratage du logiciel espion Pegasus
En octobre, le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, a qualifié les six ONG palestiniennes – Addameer, Al-Haq, l’Union des comités de travail agricole, le Centre Bisan pour la recherche et le développement, l’Union des comités de femmes palestiniennes et Defense for Children International – Palestine – d’organisations terroristes.
Cette décision a été largement condamnée, notamment par des groupes de défense des droits de l’homme renommés, tels que Human Rights Watch et Amnesty International, ainsi que par certains législateurs américains.
Peu après la décision, le département d’État américain a déclaré qu’il cherchait à obtenir des éclaircissements et a affirmé que le « gouvernement israélien ne nous avait pas prévenus ».
Une enquête de Front Line Defenders (FLD) a révélé par la suite que les téléphones de plusieurs Palestiniens travaillant pour ces groupes avaient été piratés.
Andrew Anderson, directeur exécutif de FLD, a déclaré que la mise sur liste noire et le piratage ultérieur de ces groupes soulignaient l’importance de leur travail de défense des droits humains des Palestiniens.
« La révélation de l’espionnage illégal de défenseurs palestiniens pacifiques des droits de l’homme, qui vient s’ajouter à des accusations de terrorisme sans fondement contre des organisations de défense des droits de l’homme internationalement respectées, montre à quel point il est important que la communauté internationale continue de soutenir leur travail légitime », a déclaré M. Anderson dans un communiqué.
« Il est certain que cet épisode servira d’avertissement sévère contre tout déploiement du terme “terroriste” contre les défenseurs des droits de l’homme, où que ce soit dans le monde, et renouvellera les efforts pour mettre un frein à l’utilisation de logiciels espions contre les défenseurs des droits de l’homme, les journalistes et autres militants de la société civile. »
Article original en anglais sur Middle East Eye / Traduction MR