Partager la publication "Témoignages de Gazaouis : La survie qui s’organise au jour le jour dans l’enfer de Gaza – partie 413 / 27 mai – Gaza, un enfer sans fin"
Brigitte Challande, 27 mai 2025.– Abu Amir envoie aujourd’hui un texte en prise avec le quotidien de Gaza où le déplacement, la faim et les massacres sont continus. Il écrit qu’il n’a plus de mots, je n’en rajouterai pas.

Des milliers de Gazaouis affamés prennent d’assaut le complexe humanitaire dystopique israélo-américain de Rafah après avoir été contraints de faire la queue sans fin et de cuire au soleil dans un camp de concentration clôturé tout en étant soumis à une surveillance biométrique. Des mercenaires américains et des troupes israéliennes ouvrent le feu. Source : Muhammad Shehada sur X.
« À Gaza, il est impossible de décrire la souffrance des habitants avec des mots, et aucune langue ne peut supporter le poids de la faim implacable ni des bombardements qui détruisent tout. Gaza, qui autrefois était surnommée « un morceau de paradis », est aujourd’hui devenue un enfer ouvert, où ses habitants font face chaque jour à une série de catastrophes humanitaires successives. Ici, à Gaza, la faim est devenue une bataille quotidienne. Elle n’est plus seulement une pénurie de nourriture, mais un outil de guerre entre les mains de l’occupant, venant compléter ce que la machine à tuer israélienne a déjà commencé. Mais ce qui aggrave encore la situation ce sont les massacres continus perpétrés contre les civils.
Dans ce contexte tragique, les massacres viennent aggraver la souffrance des Gazaouis. Les bombardements qui ont visé l’école Fahmi al-Jirjawi dans la zone de Sahaba, au centre de Gaza, hier, ont entraîné l’incendie de nombreuses personnes civiles pendant leur sommeil à cause des frappes sauvages. Ces familles réfugiées à l’école pour échapper aux bombardements, espéraient pouvoir se reposer une nuit après un long périple à la recherche de sécurité, mais la mort les attendait.
Les corps de nombreux déplacés ont été brûlés lors de ces moments tragiques, où ils ont été tués par des frappes israéliennes directes alors qu’ils dormaient, sans avoir la possibilité de fuir. Le massacre qui a fait de nombreuses victimes innocentes est un autre exemple de la brutalité exercée par Israël dans sa guerre contre les civils de Gaza. Ces personnes n’ont pas été tuées au combat, mais assassinées alors qu’elles tentaient de survivre, dormant dans un endroit supposé sûr, croyant qu’il les protégerait de la mort, mais elles se sont retrouvées victimes d’un massacre sournois qui a brûlé leurs âmes avant leurs corps.
La quête de nourriture : une faim sans fin
À Gaza, la faim n’est plus simplement un sentiment de manque ou une pénurie alimentaire, mais une histoire tragique écrite dans chaque recoin du territoire. La faim à Gaza n’est plus une simple situation humanitaire, elle fait désormais partie d’une bataille existentielle. Les enfants qui s’endorment au bruit des gargouillements de leurs ventres, et les mères qui vendent leurs bijoux contre un pain pour garder leurs enfants en vie, font partie de cette scène difficile. À Gaza, la quête de nourriture est devenue une quête de mort en elle-même, où des enfants et des femmes meurent dans leur recherche d’un sac de farine ou d’une boîte de nourriture, luttant pour étouffer les cris amers de leur faim.
Dans les coins des camps de réfugiés, où la patience est mesurée par des journées sans nourriture, l’espoir devient une marchandise rare, échangée sur le marché de la faim. Les enfants jouent avec leurs rêves, essayant d’oublier la douleur, tandis que les adultes se demandent : « Allons-nous mourir sous les bombardements ? Ou de faim ? » Les marchés sont vides, sauf de la pauvreté, et les hôpitaux sont bondés de victimes que les bombes n’ont pas tuées, mais qui ont succombé à la famine lente qui ronge tout ce qui est vivant.
Gaza, qui était autrefois une terre fertile, pleine de culture et de prospérité, est aujourd’hui un enfer ouvert, surtout dans l’est du territoire. Là où autrefois les gens marchaient paisiblement, le paysage est désormais une tragédie continue de faim et de bombardements incessants, où la mort ne cesse jamais que ce soit sous les bombardements ou sous la pression de la faim. Même les victimes qui ne sont pas tuées par les bombes périssent en raison du manque aigu de nourriture et d’eau, ainsi que de la guerre impitoyable qui dure sans fin.
Déplacement massif : Gaza se vide de ses habitants
Les bombardements constants et les attaques violentes ont eu un impact sans précédent sur les mouvements de la population à Gaza. Dans l’est de Khan Younis, où les bombardements ont été les plus violents, de nombreuses familles ont été contraintes de quitter leurs maisons, malgré leur refus des ordres d’évacuation émis par les autorités militaires israéliennes. Ces familles accrochées à la croyance que la terre et la maison étaient leur seule sécurité, ont dû fuir l’intensification des bombardements ces deux derniers jours, abandonnant leurs maisons derrière elles.
Des zones comme Khaza’a, Abu Taimah, Abasan et Bani Suhaila, qui étaient autrefois des quartiers résidentiels peuplés de vie, sont désormais complètement désertées. Il ne reste plus que des décombres et des preuves des massacres perpétrés contre leurs habitants. Des milliers de familles vivant dans ces zones ont été déplacées dans des conditions difficiles, poussées à fuir vers des zones plus sûres, telles que Muwasi Khan Younis, mais même ces zones ne sont pas exemptes du danger des bombardements incessants, rendant la vie là-bas également remplie de craintes et de douleurs.
Gaza vit une bataille pour sa survie
À Gaza, où il n’existe aucun endroit sûr à l’abri des frappes aériennes, les gens continuent de lutter pour leur survie. La bataille des Gazaouis d’aujourd’hui ne concerne pas seulement le combat pour rester sur leurs terres, mais aussi la lutte contre la faim et la pauvreté. Les enfants, qui souffrent de malnutrition, et les pères qui vendent tout ce qu’ils possèdent, y compris leurs bijoux et meubles, pour acheter un morceau de pain pour leurs enfants, sont les témoins vivants de la souffrance quotidienne des habitants de Gaza. Cette image douloureuse de Gaza aujourd’hui est le témoignage de la résilience de ces personnes qui refusent d’être écrasées sous les décombres de la guerre et de la destruction.
Les habitants de Gaza vivent chaque jour dans la peur de la mort, qu’elle vienne des frappes des avions de guerre ou de la famine qui dévore leurs âmes lentement. Chaque jour à Gaza est un pari avec la vie et la mort, où les Gazaouis cherchent n’importe quel moyen de survie, que ce soit dans une quête de nourriture ou dans l’espoir de trouver un abri temporaire loin des bombardements.
L’entrée de l’aide humanitaire à Gaza : une réalité douloureuse et des espoirs non réalisés
Récemment, les nouvelles de l’entrée de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza ont fait la une des médias internationaux, après une longue période de blocus et de destruction. Cette aide, attendue de longue date, était un rayon d’espoir pour beaucoup qui mouraient de faim et voyaient leurs souffrances augmenter chaque jour. Mais, pour être honnête, la réalité était bien loin des attentes des gens vis-à-vis de cette aide.
Jusqu’à présent, aucun sac de farine n’a été distribué aux habitants, bien que l’espoir ait été grand que cette aide atteindrait toutes les régions pour alléger la souffrance de la faim. Tout ce qui a été distribué jusqu’à présent était un seul paquet de pain contenant vingt petits pains, et cela n’a eu lieu qu’une seule fois. Après ces distributions, tout a cessé, et on ignore ce qu’il est advenu du reste de l’aide qui avait été introduite par les points de passage.
Et ce qui est douloureux, c’est que ces distributions limitées n’ont eu lieu que dans les régions du sud et du centre de Gaza, tandis qu’aucune farine ou pain n’a été distribué dans la ville de Gaza ou dans le nord du territoire, ce qui demeure un mystère à ce jour. Cette inégalité dans la distribution de l’aide soulève de nombreuses questions sur la véritable raison de cela, ce qui augmente la souffrance des habitants des zones non desservies. Alors que les habitants de Gaza espéraient que cette aide serait le début d’une atténuation de leurs souffrances, il semble que la situation soit devenue encore plus compliquée, de nombreuses familles restant sans soutien réel.
La colère populaire : une nouvelle crise et l’aggravation de la situation
Alors que les conditions humanitaires se détériorent, une vague de colère populaire a commencé à monter à Gaza. Avec la poursuite des massacres, l’insuffisance de l’aide humanitaire reçue et le manque de solutions concrètes, les Palestiniens de Gaza ont commencé à exiger une intervention nationale urgente pour sauver le territoire d’une catastrophe imminente. De Beit Hanoun à Khan Younis, les cris des citoyens s’élèvent, exigeant la fin de la guerre et la fin de l’impasse politique. Les citoyens expriment leur colère croissante face à la situation actuelle, à un moment où il n’existe aucune réelle opportunité de trouver une solution immédiate.
Beaucoup considèrent que ce qui est proposé sur la table des négociations représente le minimum possible dans cette situation critique et doit être traité avec réalisme et responsabilité nationale, loin des calculs politiques étroits. Les Gazaouis estiment que ce qui se passe actuellement n’est qu’une prolongation de la souffrance et de la destruction en raison de l’échec à parvenir à de véritables accords, et ils ont l’impression que l’entêtement de certaines parties pourrait anéantir toute chance d’arrêter la guerre et de réduire leur souffrance.
Avertissements internationaux et catastrophe imminente
Plusieurs organisations internationales ont émis des avertissements sévères sur une catastrophe humanitaire majeure si les opérations militaires se poursuivent dans les jours à venir. Des rapports des Nations Unies ont confirmé que la situation à Gaza a dépassé les limites de l’alerte et est devenue proche d’une explosion totale si des mesures rapides et efficaces ne sont pas prises pour arrêter le conflit. La situation sécuritaire et humanitaire à Gaza a atteint un point de non-retour, et Gaza est menacée par une famine catastrophique et un effondrement total de l’infrastructure sanitaire et sociale.
Des organisations telles que les Nations Unies et la Croix-Rouge internationale ont averti des conséquences graves si aucune action urgente n’est prise pour fournir de l’aide de manière efficace, les rapports indiquant que 82 % de la population du territoire dépend des aides humanitaires qui risquent de ne pas arriver ou de venir sous forme de miettes d’un festin de mort, aggravant ainsi leur souffrance de manière sans précédent.
La reconnaissance du peuple palestinien pour la solidarité mondiale
Dans tout ce que souffre le peuple palestinien à Gaza, du siège aux bombardements en passant par la guerre d’extermination, il est apparu clairement que les peuples du monde se sont levés pour défendre l’homme palestinien, dans un acte historique sans précédent dans l’histoire moderne. Cette solidarité mondiale, marquée par des manifestations et des appels forts contre l’agression israélienne, est l’expression d’un soutien universel à la cause palestinienne pour vivre en liberté et dignité. Le peuple palestinien ressent une profonde reconnaissance pour ce soutien populaire immense venu du monde entier, qui apporte de l’espoir dans le cœur de millions de Gazaouis assiégés.
Cependant, ce soutien ne pourra être complet que par une intervention décisive de la communauté internationale, avec des décisions fortes du Conseil de sécurité de l’ONU pour mettre fin à cette guerre brutale et stopper la guerre d’extermination et de famine qui menace de détruire Gaza entièrement. Gaza aujourd’hui n’a pas seulement besoin d’aide humanitaire, mais de garanties internationales véritables pour arrêter l’agression et garantir le retour à une vie où règnent la sécurité, la nourriture et la dignité. »
Retrouvez l’ensemble des témoignages d’Abu Amir et Marsel :
*Abu Amir Mutasem Eleïwa est coordinateur des Projets paysans depuis 2016 au sud de la bande de Gaza et correspondant de l’Union Juive Française pour la Paix.
*Marsel Alledawi est responsable du Centre Ibn Sina du nord de la bande de Gaza, centre qui se consacre au suivi éducatif et psychologique de l’enfance.
Tous les deux sont soutenus par l’UJFP en France.
Cliquez ici pour consulter les Témoignages du 20 novembre 2023 au 5 janvier 2025 (partie 1 à 268) Cliquez ici pour consulter les Témoignages du 5 janvier au 9 mai 2025 (partie 269 à 392)
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Pour participer à la collecte « Urgence Guerre à Gaza » : HelloAsso.com
Les témoignages sont également publiés sur UJFP, Altermidi et sur Le Poing.