Témoignages de Gazaouis : La survie qui s’organise au jour le jour dans l’enfer de Gaza – partie 430 / 10 juin – Réhabilitation des serres des agriculteurs de Deir al- Balah

Brigitte Challande, 11 juin 2025. Dans une situation apocalyptique, l’espoir d’une petite reprise de la vie agricole à Gaza est soutenue par l’équipe de l’ UJFP, Abu Amir raconte.

« L’agriculture à Gaza… Résilience malgré la destruction, et un espoir qui germe sous les décombres

Le secteur de l’agriculture a été gravement touché : la majorité des terres agricoles ont été partiellement ou totalement détruites, les serres et les réseaux d’irrigation ont été démolis, et les petits champs, qui fournissaient le minimum vital à de nombreuses familles, ont disparu. La guerre n’a épargné ni les humains ni les pierres, frappant aussi bien les fermes que les écoles. Le chaos s’est abattu sur tout.

Dans ce contexte difficile, les agriculteurs ont vécu une réalité amère : insécurité, déplacements constants, flambée des prix des intrants agricoles, et disparition quasi totale des sources de revenu. Nombreux sont ceux qui ont renoncé à cultiver, par peur pour leur sécurité ou faute de moyens pour produire. La terre, autrefois source de dignité et de subsistance, a été laissée à l’abandon sous les bombes et la peur.

Mais au cœur de cette désolation, une initiative est née, ravivant l’espoir d’une reprise de la vie agricole à Gaza. En septembre 2024, l’UJFP a lancé une initiative remarquable pour aider les agriculteurs à retourner sur leurs terres. Ce projet est arrivé à un moment critique, où tout soutien était vital pour relancer le cycle de production. L’initiative a fourni des semences, des plants et du matériel agricole de base, en plus d’installer des conduites d’eau pour assurer un minimum d’irrigation. Ce premier pas a été comme une étincelle allumant une nouvelle flamme d’espoir.

En quelques mois, les premiers fruits sont apparus, et l’impact de cette initiative s’est fait sentir, non seulement sur la production, mais aussi dans la restauration de la confiance des agriculteurs, convaincus que le retour à la terre est possible. D’autres ont suivi, et les plus vulnérables ont reçu une aide directe de l’UJFP. Ainsi, les surfaces cultivées ont commencé à s’étendre petit à petit. Peu à peu, les légumes ont réapparu sur les marchés, contribuant à alléger la famine qui frappe la population.

Cette semaine, grâce aux dons continus, l’initiative a pu restaurer trois serres agricoles dans la région de Deir al-Balah, redonnant vie à plusieurs familles qui dépendent entièrement de l’agriculture pour se nourrir et subvenir à leurs besoins. Ces gestes, bien que modestes en apparence, ont représenté un tournant dans un paysage proche de l’effondrement total.

Cette initiative n’est pas née du hasard, mais s’inscrit dans la continuité d’années de travail de l’UJFP auprès des agriculteurs de Gaza. Depuis des années, l’organisation s’est engagée à leur fournir formations, ressources et techniques modernes, afin de promouvoir la sécurité alimentaire et l’autonomie des populations face à un blocus prolongé. Elle n’a jamais manqué un seul moment de crise, toujours présente pour soutenir ceux qu’elle considère comme la colonne vertébrale de l’économie locale à Gaza.

Et les dons ne se limitent pas à l’agriculture. Ils permettent également de fournir des milliers de repas chauds chaque jour aux familles déplacées qui ont tout perdu. Ils soutiennent aussi les centres éducatifs qui accueillent les enfants malgré la destruction des écoles. Ces centres sont aujourd’hui des refuges pour apprendre et espérer, des ponts vers un avenir différent, malgré tous les défis.

Ce qui se passe aujourd’hui à Gaza n’est pas seulement une lutte pour la survie. C’est une épopée humaine écrite par les mains des agriculteurs, les cœurs des donateurs, et une volonté inflexible face à la tempête. La terre, restée debout sous les cendres, refleurit à nouveau, portée par la conviction que l’agriculture n’est pas seulement un moyen de subsistance, mais un acte de résistance, un vecteur de dignité, et un chemin vers la justice au milieu d’une tragédie persistante. »

Photos et vidéos ICI.


Retrouvez l’ensemble des témoignages d’Abu Amir et Marsel :

*Abu Amir Mutasem Eleïwa est coordinateur des Projets paysans depuis 2016 au sud de la bande de Gaza et correspondant de l’Union Juive Française pour la Paix.

*Marsel Alledawi est responsable du Centre Ibn Sina du nord de la bande de Gaza, centre qui se consacre au suivi éducatif et psychologique de l’enfance.

Tous les deux sont soutenus par l’UJFP en France.

Cliquez ici pour consulter les Témoignages du 20 novembre 2023 au 5 janvier 2025 (partie 1 à 268)

Cliquez ici pour consulter les Témoignages du 5 janvier au 9 mai 2025 (partie 269 à 392)

Partie 393 : 10 mai. Partie 394 : 11 mai. Partie 395 : 11 mai (1). Partie 396 : 12 mai. Partie 397 : 13 mai. Partie 398 : 14 mai. Partie 399 : 15 mai. Partie 400 : 16 mai. Partie 401 : 16 mai (1). Partie 402 : 17 mai. Partie 403 : 18 mai. Partie 404 : 18 mai (1). Partie 405 : 20 mai. Partie 406 : 21 mai. Partie 407 : 22 mai. Partie 408 : 22 mai (1). Partie 409 : 23 mai. Partie 410 : 24 mai. Partie 411 : 25 mai. Partie 412 : 25 mai (1). Partie 413 : 27 mai. Partie 414 : 27 mai (1). Partie 415 : 28 mai. Partie 416 : 29 mai. Partie 417 : 30 mai. Partie 418 : 1er juin. Partie 419 : 1er juin (1). Partie 420 : 31 mai et 2 juin. Partie 421 : 2 juin (1). Partie 422 : 3 juin. Partie 423 : 4 juin. Partie 424 : 5 juin. Partie 425 : 6 juin. Partie 426 : 6 juin (1). Partie 427 : 7 juin. Partie 428 : 8 juin. Partie 429 : 9 juin.

Pour participer à la collecte « Urgence Guerre à Gaza » : HelloAsso.com
Les témoignages sont également publiés sur UJFPAltermidi et sur Le Poing