Dépêches de Palestine (vidéos)

ISM-Palestine, 14 mai 2024. Alors que l’occupation israélienne poursuit sa guerre génocidaire à Gaza et que les gouvernements occidentaux ne parviennent pas à prendre des mesures décisives pour mettre fin à leur complicité dans le massacre, le mouvement de masse à travers le monde en solidarité avec la Palestine se renforce et s’étend. Les étudiants ont occupé de nombreux campus universitaires à travers le monde, souvent confrontés à une répression brutale de la part de la police appelée par la même université complice de l’apartheid israélien. Les manifestations se poursuivent et les pressions pour boycotter et désinvestir du régime d’occupation s’accentuent.

 

Cet article couvre la situation sur le terrain en Cisjordanie, avec des témoins directs palestiniens et des militants internationaux.

Des colons envahissent une maison familiale à Masafer Yatta

Récit de militants internationaux présents lorsque des colons ont envahi une maison familiale à Masafer Yatta, le 15 mai.

Cette famille a été violemment chassée par les colons après le 7 octobre, leur maison détruite, les puits empoisonnés et leur voiture incendiée à deux reprises. Il est difficile d’exprimer le niveau de surveillance dont ils font l’objet à tout moment depuis qu’ils sont revenus chez eux. Les colons les encerclent de leurs avant-postes. De nouveaux drapeaux israéliens apparaissent pour marquer le territoire. Les colons les harcèlent quotidiennement.

Le 14 mai, nous étions là lorsqu’un soldat israélien armé (photo ci-dessus), muni d’un fusil semi-automatique, est entré sur la propriété. Il a regardé le puits et caressé les chiots de la famille. Ils essaient souvent d’amadouer les chiens pour qu’ils soient moins susceptibles d’aboyer si les colons viennent harceler la famille la nuit. Le colon a parlé dans sa radio puis a regardé mon camarade d’un air menaçant pendant plusieurs secondes. Son visage était couvert. Il était vêtu d’un treillis militaire mais marchait ou tenait son arme comme s’il manquait d’entraînement. Il a très probablement reçu le treillis pour avoir harcelé les Palestiniens, ce qui a fait de lui ipso facto un militaire en récompense de sa violence. Il était probablement en train de rassembler des informations pour une sorte de plan visant à voler ou à endommager davantage de terres familiales.

Le lendemain était le jour de la Nakba, un jour important pour les Palestiniens. Quatre colons, tous adolescents ou jeunes hommes, sont entrés à pied sur la propriété et dans la maison familiale. Ils ont examiné chaque pièce, très probablement pour collecter des informations sur l’emplacement des pièces et des caméras à des fins de reconnaissance. Puis ils se sont assis sur la terrasse et ont roulé des cigarettes qu’ils ont ensuite fumées devant la famille. L’épisode dans son ensemble était effrayant car nous ne savions pas ce qu’ils allaient faire. Le père de famille a appelé la police, mais les colons sont partis avant que quiconque n’arrive.

 

Finalement, les militaires sont arrivés à la place de la police, mais ils n’ont pris aucune mesure concernant l’incident.

Week-end à Masafer Yatta

11 mai – Les samedis sont généralement très chargés en Cisjordanie occupée car c’est le jour saint des colons. Ils aiment observer leur sabbat en terrorisant les Palestiniens.

Nous avons vu des colons faire paître leurs moutons sur des terres palestiniennes récemment désignées comme zone de tir. Pour soutenir les membres de la famille, nous les avons rejoints en remontant leur chemin et avons attendu que la police réponde à leur appel au sujet des colons. Il s’agit de la même route qu’un bulldozer a utilisée pour accéder à une maison et la détruire il y a quelques jours à peine. Sur notre chemin, nous avons repéré deux colons armés qui rodaient dans les oliveraies et nous surveillaient. Lorsque nous avons rejoint la famille, moi-même et un camarade sommes restés là et avons observé les colons dans trois parties différentes de la vallée, qui faisaient paître leur troupeau en toute impunité sur des terres volées. La police est arrivée, a fait un rapport, puis est allée expulser les colons (un événement rare).

Nous pensions que c’était fini jusqu’à ce qu’un véhicule blindé s’arrête à nouveau en haut du chemin. Cinq soldats sont sortis et l’un d’entre eux m’a montré du doigt et m’a dit de m’approcher. Mon camarade et moi avons marché vers eux et ils ont exigé de voir nos passeports. Nous avons refusé, car la seule entité légale habilitée à voir nos passeports est la police. Malheureusement pour nous, des policiers descendaient la colline dans l’autre sens et l’armée les a arrêtés en renfort. Un policier est sorti et a commencé à nous crier dessus pour réclamer nos passeports. Il les a pris, s’est éloigné et les soldats nous ont dit que nous n’étions pas autorisés à enregistrer. Nous étions seuls, mon camarade et moi, et j’avais peur. Ils nous ont retenus, nous et nos passeports, pendant un certain temps et j’ai pu téléphoner à un militant israélien qui m’a expliqué comment gérer la situation. À un moment donné, la police m’a demandé d’aller chercher « les autres touristes » et je lui ai dit qu’il n’y avait personne d’autre, et il a dit « si tu ne les récupères pas, je vais les chercher moi-même » et il était super menaçant. J’ai juré qu’il n’y avait que nous, encore et encore.

Ils ne nous ont pas donné de raison pour nous arrêter. Nous ne savions pas s’ils faisaient partie du nouveau groupe de Ben Gvir qui cible les militants étrangers. Nous ne savions rien et c’était terrifiant.

Lorsqu’il nous a finalement rendu nos passeports, il a fait de grands gestes en direction de la vallée et de la colonie voisine. Il a dit : « Vous n’êtes pas autorisés à aller LA-BAS ! » Je me disais… « euhhh… ok, c’était pas mon intention… » parce que pourquoi voudrais-je aller dans la colonie ?

Ils sont montés dans leurs véhicules et sont partis. Mon camarade et moi avons pris un chemin détourné à travers des arbres et un terrain rocailleux.

Je suis rentré à la maison dans laquelle nous vivons et j’ai commencé à regarder mes images lorsque j’ai remarqué que l’un des soldats qui nous avaient détenus portait un chapeau de la police de New York. C’est comment, le slogan, déjà ? « APD [NYPD], KKK, IDF, ce sont tous les mêmes ! » (1)

PALESTINE LIBRE !

Les deux vidéos montrent les colons en train de faire paître leurs bêtes avec des Palestiniens rassemblés qui regardent et documentent ; puis la police parle aux colons et ceux-ci retournent à la colonie qui est clairement visible avec des arbres non indigènes plantés tout autour.

(1) Slogan repris par les étudiants étasuniens sur les campus lors que la police réprime les manifestations pacifiques : “APD, KKK, IDF, they’re all the same!

Article original en anglais sur palsolidarity.org / Traduction MR