Donner une tournure rhétorique meurtrière au génocide

Ramona Wadi, 28 mars 2024. À la suite de la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU appelant à un cessez-le-feu à Gaza pour les jours restants du Ramadan, à laquelle les États-Unis n’ont pas opposé leur veto, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annulé une réunion à Washington pour ses principaux collaborateurs, prétendument pour avertir le Hamas qu’aucune pression ne le ferait revenir sur ses plans de guerre. Un tel cinéma diplomatique n’était pas nécessaire, d’autant plus que quelques heures plus tard, les responsables américains ont confirmé que Netanyahu demandait de reporter la réunion.

2 mars 2024 : Rassemblement devant l’ambassade d’Israël à Washington pour exiger un cessez-le-feu à Gaza. (source aa.com.tr)

« Ma décision de ne pas envoyer de délégation à Washington à la suite de cette résolution était un message adressé au Hamas : ne pariez pas sur cette pression, cela ne fonctionnera pas. J’espère qu’ils ont compris le message », a déclaré Netanyahu, cité par Axios. Selon le rapport, l’approche manipulatrice de Netanyahu a fait ricaner.

Les États-Unis ont demandé à Israël de ne pas procéder à l’invasion terrestre de Rafah, mais les commentaires de John Kirby, conseiller en communications pour la sécurité nationale de la Maison Blanche, indiquent des failles dans ces mises en garde. L’opposition de Kirby à l’invasion terrestre de Rafah serait liée au fait qu’Israël n’est pas en mesure d’assurer la sécurité des 1,5 million de réfugiés palestiniens forcés de quitter leurs foyers. Cependant, il a ajouté : « Nous reconnaissons qu’il est nécessaire de pourchasser le Hamas (…). Le Hamas représente toujours une menace viable et nous savons qu’il y a des combattants du Hamas à Gaza. »

Pendant ce temps, Israël bénéficie déjà du soutien du Département d’État américain pour son génocide en cours contre le peuple palestinien. En tant que bénéficiaire d’une aide militaire américaine massive, Israël était l’un des nombreux pays invités à fournir des assurances écrites que les armes fournies par les États-Unis seraient utilisées conformément au droit international.

« Nous avons des évaluations du respect par Israël du droit international humanitaire », a déclaré le porte-parole du Département d’État américain, Matt Miller, lors d’un point de presse lundi. « Nous n’avons constaté aucune violation de ces règles, ni en ce qui concerne la conduite de la guerre, ni la fourniture de l’aide humanitaire. Nous considérons ces assurances à travers le travail continu que nous avons effectué. »

Toutes les preuves des crimes de guerre à Gaza, toutes les preuves du génocide, et pourtant, les États-Unis maintiennent que leurs armes sont utilisées par Israël conformément au droit international.

Vidéo : Voici à quoi ressemble les abords de l’ambassade d’Israël à Washington ces jours-ci 

Le génocide est-il conforme au droit international, Président Biden ?

« Il existe d’autres moyens de s’en prendre au Hamas à Rafah (…) de le faire d’une manière qui ne mette pas en danger ces personnes, les réfugiés », nous a-t-on dit. Ainsi, les Palestiniens n’ont-ils pas été blessés avant d’être déplacés de force de leurs maisons à Gaza vers Rafah ? Est-ce seulement à Rafah qu’Israël mettra en péril sa position ? Car bien que les États-Unis mentionnent leur préoccupation quant à la protection des civils palestiniens, leur principale préoccupation est de protéger l’image d’Israël sur la scène internationale.

Le sensationnalisme tel celui que nous voyons dans la rhétorique américaine alors qu’ils continuent de soutenir Israël dans son génocide nous donne la fausse impression d’actes isolés de violence d’État qui sont traités comme la plus grande calamité, mais seulement jusqu’à ce qu’Israël frappe à nouveau. Israël n’applique cependant pas la même tactique ; il affiche clairement le processus colonial – colonisation, nettoyage ethnique, génocide – à la vue de tous. La tournure rhétorique que les États-Unis et la communauté internationale donnent au génocide s’avère aussi meurtrière que le génocide israélien lui-même.

Article original en anglais sur Middle East Monitor / Traduction MR