Quand faire paître son troupeau devient un crime

ISM-Palestine, 16 janvier 2024. Pour les villageois de Khallet Al Dabaa, à Masafer Yatta, l’élevage est un mode de vie traditionnel. Un mode de vie qu’ils pratiquent sur leurs terres traditionnelles dans les collines du sud d’Hébron, en Cisjordanie, depuis l’époque ottomane. Cependant, pour les Forces d’occupation israéliennes (FOI), il s’agit apparemment d’une menace existentielle qu’il faut traiter avec sévérité.

Muhammad et son troupeau (photo ISM)

Hier après-midi (lundi 15 janvier), Muhammed Debabse, habitant de Khallet, se trouvait avec son troupeau sur une colline sur les terres du village. Il semble que sur demande des colons israéliens d’un avant-poste voisin installé au sommet d’une colline qui s’y sont opposés, les soldats des FOI sont arrivés peu de temps après. Ils ont sommairement arrêté Muhammed et l’ont emmené (vidéo). On ne savait pas où il se trouvait jusqu’à ce que l’avocat engagé par la famille ait pu établir qu’il avait été emmené au poste de police de Khiryat Al Arba, près d’Al Khalil (Hébron).

Des heures d’anxiété se sont écoulées pour sa famille jusqu’à ce que, vers 20 heures, ils reçoivent une notification de l’avocat indiquant que Muhammed serait libéré, mais seulement contre paiement d’une amende de 1.000 NIS (250 €), une somme d’argent importante pour la famille. L’amende payée, Muhammed est finalement rentré chez lui tard dans la soirée, une dizaine d’heures après son arrestation.

Alors, quel était son « crime » ? La lettre officielle (écrite uniquement en hébreu) que la police lui a remise lors de sa libération ne mentionnait aucune infraction et faisait seulement référence à une « sanction financière ». Cependant, aux yeux de l’occupation, toute expression de propriété de la terre par les Palestiniens est un acte de résistance et c’est le « crime » dont Muhammed, ainsi que ses concitoyens du village, sont coupables.

Depuis le début de l’attaque génocidaire contre Gaza, le gouvernement israélien l’a utilisé comme prétexte pour accroître les crimes en Cisjordanie et expulser par la force les Palestiniens de leur terre ancestrale. Masafer Yatta n’a pas fait exception.

Article original en anglais sur Palsolidarity.org / Traduction MR