Qui est Saleh al-Arouri, le chef du mouvement de Résistance Hamas assassiné par « Israël » ?

Al Mayadeen, 2 janvier 2024. Dans la soirée du 2 janvier 2024, le régime israélien a assassiné le chef adjoint du bureau politique du Hamas, Cheikh Saleh al-Arouri, dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban.

La nouvelle effrayante du martyre du grand dirigeant est intervenue après une série de menaces israéliennes, qui ont atteint leur apogée en août 2023. Les responsables israéliens étaient mécontents du rôle direct joué par al-Arouri pendant des années dans le renforcement des capacités de la Résistance palestinienne en Cisjordanie, qui a souligné la fragilité de la sécurité israélienne.

Renforcer la résistance en Cisjordanie

Le Mouvement de résistance islamique palestinien, le Hamas, pleure l’un de ses dirigeants les plus pieux, qui a enduré plus de 15 ans d’emprisonnement et a finalement été forcé de quitter la Palestine et de se diriger vers la Syrie en 2010. Al-Arouri est resté dans le pays arabe voisin, avant de déménager en Turquie, au Qatar et en Malaisie, pour finalement s’installer dans la banlieue sud de Beyrouth au Liban, où il a repris son travail révolutionnaire.

Une déclaration publiée par le Hamas suite à l’annonce de l’assassinat d’al-Arouri a souligné son rôle politique et militaire de premier plan tant en Cisjordanie qu’à Gaza. En fait, al-Arouri, né le 19 août 1966, a joué un rôle essentiel dans la création de la branche militaire du Hamas, les Brigades al-Qassam, en Cisjordanie.

Le nom de naissance original du leader est Saleh Mohammad Suleiman Khaseeb. Néanmoins, à l’instar de ses compatriotes de la région, sa distinction unique en tant qu’« al-Arouri » découle de ses racines dans la petite ville d’Arura, dans le district de Ramallah. Cette connexion est précisément la raison pour laquelle il est aujourd’hui reconnu comme al-Arouri, ce qui est interprété comme un individu issu de la ville d’Arura, en arabe.

Les racines du martyr dans sa ville ont façonné sa carrière politique, au cours de laquelle il a travaillé avec diligence et acharnement pour arracher les droits de son peuple des mains des occupants. Al-Arouri a délibérément adopté l’héritage des martyrs du passé, s’alignant sur l’image de révolutionnaires inflexibles face au régime criminel israélien.

Les plus grandes distinctions d’Al-Arouri

Le dirigeant a non seulement contribué à l’organisation de cellules de résistance en Cisjordanie et sur d’autres fronts, mais il a également dirigé les négociations sur les accords d’échange de prisonniers que la Résistance a imposés à l’occupation.

Après avoir obtenu une licence à l’université al-Khalil en Cisjordanie en 1987 et étudié le droit islamique (charia), al-Arouri a gravi les échelons du mouvement et a finalement été élu membre de son bureau politique en 2010.

Le chef de la Résistance a connu des périodes intermittentes de captivité, puisque les forces d’occupation l’ont incarcéré en détention administrative pour la première fois au début des années 1990 en raison de son activité au sein du mouvement Hamas. Il a ensuite été libéré, puis de nouveau détenu et condamné à 15 ans de prison pour avoir créé des cellules de Résistance en Cisjordanie.

Après avoir purgé sa peine, il a été de nouveau détenu et libéré en 2010, pour finalement être contraint de quitter le pays la même année.

Il a ensuite dirigé l’équipe de négociation du Hamas chargée de conclure l’accord d’échange de prisonniers en 2011 avec l’occupation israélienne, sous la médiation de l’Égypte. Le Hamas a surnommé l’opération « Fidèles à la liberté » (Wafaa Al-Ahrar). Aux termes de cet accord, Gilad Shalit, un soldat israélien retenu captif par le Hamas, a été libéré en échange de la libération de 1.027 prisonniers palestiniens des prisons israéliennes, dont l’actuel chef du Hamas, Yahya al-Sinwar, parmi d’autres personnalités palestiniennes de premier plan.

Le 9 octobre 2017, al-Arouri a été élu chef adjoint du bureau politique du Hamas. Un an plus tard, les États-Unis l’inscrivent sur leur fameuse « liste terroriste », et en 2021, il devient le chef du mouvement Hamas en Cisjordanie.

Un révolutionnaire historique

L’occupation israélienne a démoli la maison du haut dirigeant du Hamas à Aroura en 2014 (vidéo ci-dessous), puis cette année encore, le 27 octobre, peu après l’opération Al-Aqsa Flood, en raison de son implication directe dans cette attaque terrestre sans précédent.

La carrière sans tache du dirigeant a fait de lui une force avec laquelle il faut compter pour les responsables israéliens, y compris le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a juré d’assassiner al-Arouri, ce à quoi il a répondu à l’époque en déclarant : « Les menaces israéliennes ne changeront pas mes convictions, et elles n’auront aucun impact sur le chemin [que j’ai choisi] », dans une interview exclusive pour Al Mayadeen.

Son assassinat a déclenché une vague de condamnations et de promesses de représailles, en particulier de la part des factions de la Résistance palestinienne, mettant en lumière les relations étroites qu’al-Arouri avait bâties avec les cadres palestiniens et sa popularité irréfutable parmi les Palestiniens.

Article original en anglais sur Al-Mayadeen / Traduction MR