Une nuit où les sionistes ont pleuré

Amira Abo el-Fetouh, 18 décembre 2023. Lorsque le quartier de Shujaya à Gaza a été pris d’assaut la semaine dernière, ce fut lors d’une nuit très sombre, surtout pour les ennemis sionistes. La lune, cependant, brillait dans le ciel au-dessus du territoire palestinien assiégé, un territoire rempli de fierté et de dignité. C’était une nuit au cours de laquelle les sionistes arabes pleuraient comme les sionistes juifs en se demandant comment un petit groupe de personnes sans avions, sans chars, sans bombes intelligentes, sous-marins ou technologies de surveillance pouvait infliger une défaite à l’armée la plus puissante de la région en possession d’un arsenal d’armes, de munitions et d’équipements les plus récents. Les États-Unis ont même ouvert leurs propres arsenaux aux sionistes et envoyé deux groupes de porte-avions pour couvrir leurs arrières en Méditerranée. L’armée israélienne prétend qu’elle est invincible, mais la branche militaire du Hamas, les Brigades Al-Qassam, a réussi à lui mettre le nez dans la boue et à montrer au monde entier que c’est une force fragile qui s’appuie sur la technologie moderne, contrôlée à distance, avec des soldats lâches qui fuient lorsqu’ils sont confrontés à bout portant.

Le quartier de Shujaiya, mi-décembre 2023.

Il ne fait aucun doute qu’on se souviendra de la bataille de Shujaya comme l’un des exploits étonnants d’Al-Qassam que les esprits soumis ne peuvent pas comprendre, en particulier les sionistes arabes, qui sont plus dangereux, je crois, que les sionistes israéliens et leurs alliés. Sans ces Arabes, Israël n’aurait pas osé attaquer les Palestiniens à Gaza et commettre les crimes les plus horribles contre la population en grande partie civile. Jusqu’à présent, plus de 18.800 Palestiniens sont tombés en martyrs, pour la plupart des enfants et des femmes. Israël n’aurait pas été en mesure de détruire les infrastructures civiles, notamment les lieux de culte et les hôpitaux, sans le feu vert des régimes arabes sionistes, tout comme ils ont obtenu celui des États-Unis. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a admis que les régimes arabes et l’Autorité palestinienne étaient du côté de l’État d’apartheid et que, comme lui, ils voulaient se débarrasser du Hamas.

Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a reconnu qu’il y avait eu de lourdes pertes dans les rangs des soi-disant « Forces de défense israéliennes » à Shujaya. Un haut commandant militaire a décrit l’embuscade tendue par les Brigades Al-Qassam comme un coup douloureux au cours duquel des amis proches, des soldats et des collègues officiers ont été perdus. Le chef d’état-major de l’armée israélienne, Herzi Halevi, a qualifié l’embuscade de difficile et dangereuse, tandis que Netanyahu a exprimé sa tristesse, qualifiant la bataille suite aux pertes dans le quartier de Shujaya de « difficile ». Les combattants d’Al-Qassam auraient capturé des officiers supérieurs, notamment le commandant de la 13e division Golani, le commandant du 13e bataillon Golani, le commandant de la 669e unité de commando, le commandant du 51e bataillon et un autre commandant de bataillon de la 51e division, ainsi qu’un grand nombre de soldats.

Chaque fois que les forces d’occupation israéliennes subissent une défaite aussi importante, elles tournent leur colère contre les civils palestiniens et larguent sur eux encore plus de munitions fournies par les États-Unis. Ce sont des lâches, comme ceux décrits ainsi par Le Tout-Puissant dans le Coran : « En effet, il y a plus de crainte dans leur cœur à cause de vous [les croyants] que d’Allah. C’est parce que c’est un peuple qui ne comprend pas. Même unis, ils n’oseraient combattre contre vous que depuis l’intérieur de places fortes ou derrière des murs. »

Shujaya est l’un des quartiers les plus importants et les plus grands de la bande de Gaza, et l’un des plus densément peuplés. Il a été témoin d’affrontements armés entre Palestiniens et soldats d’occupation sionistes au cours des dernières décennies. Situées à l’est de la bande de Gaza, les troupes d’occupation doivent affronter les combattants du quartier lors de chaque offensive militaire contre Gaza. Les sionistes n’ont pas réussi, au fil des décennies, à briser Shujaya. On attribue au quartier le déclenchement de la première Intifada palestinienne en 1987. C’est également le bastion de la Direction unifiée du soulèvement, qui a contrecarré le projet de réinstallation des réfugiés palestiniens dans le Sinaï en 1955.

Certains noms importants de l’histoire de la résistance palestinienne contre l’occupation israélienne sont issus de Shujaya, notamment Ahmed Jabari, l’un des fondateurs des Brigades Al-Qassam. Il est connu pour la capture du soldat israélien Gilad Shalit en 2006 et pour être l’instigateur de l’accord d’échange de prisonniers de Wafa Al-Ahrar.

Le sud de Shujaya est connu sous le nom de région turkmène, du nom des clans qui s’y sont installés sous le règne du sultan ayyoubide Al-Salih Ayyub au XIIIe siècle. Le nord de Shujaya, ou quartier kurde, aurait été construit sous le règne des Ayyoubides et son nom est attribué à Shuja’a Al-Kurdi qui fut martyrisé lors de l’une des batailles entre les Ayyoubides et les croisés en 1239 de notre ère.

La résistance palestinienne à Gaza en général, et pas seulement dans le quartier de Shujaya, a placé la barre haute pour les nations luttant pour la liberté et l’indépendance. L’opération Déluge d’Al-Aqsa, début octobre, et la guerre génocidaire menée par Israël contre les Palestiniens à Gaza marquent le début de la fin de l’État sioniste. Le rêve palestinien de récupérer les terres usurpées, quels que soient les sacrifices, commence à devenir une réalité. Le sang palestinien qui a été versé injustement et avec une telle violence par l’État d’occupation colonial nourrira la terre libre de Palestine, du fleuve à la mer.

Article original en anglais sur Middle East Monitor / Traduction MR