‘Israël’ cherche désespérément une victoire militaire, mais n’en trouvera pas

Robert Inlakesh, 22 août 2023. Suite à une récente série d’attaques palestiniennes contre des colons israéliens en Cisjordanie occupée, cette année est devenue l’année la plus meurtrière pour les sionistes depuis 2005. Malgré la férocité du régime d’extrême-droite dirigé par son Premier ministre, Benjamin Netanyahu, ‘Israël’ se trouve incapable d’empêcher le succès des opérations contre ses colons et ses soldats, ce qui met le gouvernement sioniste en position d’avoir besoin de réussir une opération militaire pour regagner la confiance du public.

Résistance au nettoyage ethnique à Masafer Yatta, juin 2023.

Après un mois d’assassinats contre des Palestiniens, de Jénine au camp de réfugiés d’Aqabat Jaber, les forces de la résistance palestinienne ont lancé ce week-end une série de tirs contre des colons et des soldats en Cisjordanie occupée. Après le meurtre de 12 Palestiniens lors de l’invasion de Jénine début juillet, les forces d’occupation israéliennes se sont abstenues d’opérer à Jénine et ont confié la gestion de la situation aux Forces de sécurité de l’Autorité palestinienne (PASF). Cependant, début août, un changement s’est produit soudainement après qu’une unité secrète des forces spéciales a ouvert le feu sur une voiture civile et assassiné trois Palestiniens liés au groupe de résistance des Brigades de Jénine. Depuis lors, un certain nombre d’opérations d’infiltration ont été menées dans les environs de Jénine, tandis que des drones de surveillance surveillaient le camp de réfugiés de la ville, ce à quoi la Résistance palestinienne a répondu en abattant un drone israélien lundi.

Depuis septembre 2021, les Brigades de Jénine ont considérablement augmenté en taille et en professionnalisme, réussissant à contrecarrer diverses tentatives d’écrasement du groupe de Résistance par les Israéliens lors de l’invasion de la périphérie du camp, en juillet. Non seulement les Brigades de Jénine elles-mêmes se sont développées, mais, plus important encore, le modèle de création de groupes de résistance armée s’est propagé dans les camps de réfugiés du nord de la Cisjordanie dans son ensemble, s’étendant même jusqu’à la vieille ville de Naplouse et de Tulkarem. Jusqu’à présent, le modèle consistant à créer de nombreuses cellules armées dans tout le nord de la Cisjordanie, en les rattachant à divers groupes de base, s’est révélé extrêmement efficace pour maintenir vivante la lutte armée, et même pour l’étendre.

Cela signifie que les forces d’invasion israéliennes sont confrontées à des tirs d’armes à feu et à des engins explosifs artisanaux lors de chaque invasion dans les zones dans lesquelles les groupes armés existent. Plus tôt cette année, la tactique utilisée par l’armée sioniste visait à saigner les groupes et les populations civiles environnantes à travers une série de massacres. Cette stratégie, au lieu d’affaiblir les groupes armés, n’a fait qu’inspirer un plus grand nombre de jeunes Palestiniens à rejoindre les rangs de la Résistance et n’a pas réussi à décourager les populations civiles de soutenir les groupes armés.

Même si la montée des groupes armés en Cisjordanie occupée inquiète certainement l’entité sioniste, la plus grande menace immédiate à laquelle elle est confrontée réside dans les opérations de commandos solitaires contre les colons et les soldats. Ce type d’attaques est presque impossible à anticiper, étant donné qu’il n’existe généralement aucun renseignement permettant de prédire les actions des individus qui planifient ces attaques. Ces attaques ont entraîné la mort de la majorité des 34 Israéliens exécutés jusqu’à présent cette année – le chiffre réel est probablement légèrement plus élevé car ‘Israël’ dissimule la mort de ses soldats – et ne fournit à l’armée israélienne personne pour vraiment les venger. Si l’auteur solitaire est tué ou arrêté par les forces d’occupation sionistes, c’est la fin de l’histoire. C’est pourquoi les médias et l’armée israéliens accordent autant d’importance aux Brigades de Jénine et à d’autres groupes armés, car ils peuvent prétendre se venger en tuant des membres des groupes, bien qu’ils n’aient généralement rien à voir avec les attaques.

À ce stade, les renseignements et l’armée israélienne n’ont pas réussi à arrêter ou à tuer les responsables des actes suivants :

1. L’attaque de Huwara le 19 août

2. L’attaque d’Haramesh le 30 mai

3. L’attaque de Ya’bad le 13 juin

4. L’attaque d’Al-Khalil (Hébron) du 21 août

5. L’échange de coups de feu de Tubas le 11 mai

6. L’échange de coups de feu à Beit Ummar le 5 avril

7. L’attaque de la vallée du Jourdain le 2 août

8. La série d’attaques du groupe armé Fajr contre les forces sionistes au cours des derniers mois.

Lancer une attaque totale contre le camp de réfugiés de Jénine pourrait bien être une option que les Israéliens étudient, mais elle aura un prix certain pour leurs propres forces, et si l’invasion prend de l’ampleur, elle pourrait déclencher une série d’actions populaires à travers la Cisjordanie, peut-être même davantage d’attaques. Toute invasion du camp de réfugiés de Jénine placera également l’Autorité palestinienne dans une mauvaise position, car elle sera confrontée au choix entre cacher ses forces à l’intérieur de son quartier général et s’abstenir de combattre, ou combattre directement les forces d’invasion israéliennes. Pour l’Autorité palestinienne, ces deux options impliquent un certain niveau de sacrifice : si ses forces affrontent les Israéliens, elle recevra un coup très rude de la part de ses alliés européens et américains ; si elle reste pacifique et suit la voie légale via les Nations Unies, elle suscitera des réactions négatives en Cisjordanie.

Un certain nombre d’attaques ont désormais été revendiquées et directement menées par la branche armée du Hamas, les Brigades Al-Qassam, en Cisjordanie. Il semblerait que les médias sionistes préparent un certain niveau d’action contre le Hamas sur ces bases, et pourtant, une attaque contre Gaza pourrait s’avérer inefficace pour obtenir une victoire en matière de relations publiques au niveau national, ce que recherche réellement l’administration Netanyahu. Le régime israélien cherche à perpétuer l’idée selon laquelle il maintient une sorte de « capacité de dissuasion », la rendant crédible aux yeux du public sioniste. Cependant, la population israélienne ne tolère pas la mort de soldats, et un nombre élevé de morts parmi les soldats irait à l’encontre du but recherché par toute action militaire.

Si l’entité sioniste choisit Gaza comme prochaine cible, il est peu probable que cela puisse prouver les capacités de l’armée d’occupation. Il ne lui est pas possible à Gaza sans subir d’importantes pertes, et même le ciblage isolé du Jihad islamique palestinien (JIP) dans l’enclave côtière assiégée n’a pas permis d’obtenir une victoire claire au début de cette année. Il a simplement fallu une mise en œuvre stratégique prudente de frappes chronométrées, avec seulement quelques tirs de missiles directs à des moments cruciaux de la bataille pour que les objectifs de l’attaque sioniste échouent. Si le Hamas doit être directement impliqué dans la prochaine confrontation, la puissance de feu à laquelle ‘Israël’ devra faire face sera considérablement plus grande.

Une autre option pourrait être envisagée : tenter de lancer des frappes dans le sud du Liban afin de cibler spécifiquement les Palestiniens. Il est concevable que le régime israélien puisse croire que s’il assassinait des dirigeants palestiniens au Liban, les représailles ne seraient que limitées, par rapport à s’il visait directement le Hezbollah. Cette conviction pourrait provenir des résultats de ses attaques contre le JIP à l’intérieur de la bande de Gaza, où la réponse est coordonnée avec le Hamas, plus puissant, mais où la pleine puissance d’Al-Qassam n’est pas mise en évidence et la bataille est donc limitée.

Si Benjamin Netanyahu choisit une agression contre le Liban, il pourrait prétendre faire quelque chose pour combattre les tentes du Hezbollah dans les fermes de Chebaa, comme il a affirmé que l’armée de l’air israélienne avait ciblé le Hezbollah, le Hamas et le JIP, après qu’elle ait frappé une bananeraie plus tôt cette année. Les distorsions et les mensonges des dirigeants sionistes concernant ce que leur armée a réellement réalisé sont normalement pris au pied de la lettre par le public israélien. Pourtant, ce type de stratégie, qui apporterait le plus grand potentiel de victoire en matière de relations publiques, pourrait également avoir le plus grand prix. Si le Hezbollah est entraîné dans une confrontation ouverte, même limitée, il ne fait aucun doute que les pertes israéliennes seront élevées.

Le régime sioniste se retrouve coincé. Gaza et le Liban sont désormais des cibles à haut risque, abritant des forces de résistance considérables, ce sont des endroits où les forces terrestres israéliennes n’oseront pas entrer. La Cisjordanie assiste désormais à la reprise de la lutte armée et même combattre les Brigades de Jénine aura un coût. Pourtant, l’entité sioniste refuse d’accepter ses limites et provoque constamment les différents fronts, que ce soit par le biais de sa nouvelle ligne bleur illégale – la ligne violant le mur de séparation le long de la frontière libano-palestinienne, de ses provocations à la mosquée al-Aqsa ou de ses massacres en Cisjordanie. C’est comme si le régime israélien ne pouvait pas accepter que ses jours d’expansion de son territoire soient comptés et que plus il insiste, plus il sera confronté à des réactions négatives. ‘Tel Aviv’ n’occupe plus la position qu’elle occupait dans les années 1970 et 1980. Elle n’a aucun pouvoir de dissuasion et aucune force terrestre d’importance. Sa population ne tolérera pas non plus les pertes des combattants, ce qui limite encore davantage les pouvoirs de l’armée d’occupation. Si le régime de Netanyahu déclenche une escalade, il y a de fortes chances qu’elle se révèle être un revers plutôt qu’une victoire.

Article original en anglais sur Al-Mayadeen / Traduction MR

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