Israël : Aucun bureau de vote pour les Bédouins du Naqab lors des élections de novembre

Noelle Mafarjeh, 24 août 2022. Le président de la commission électorale centrale israélienne, le juge de la Cour suprême Yitzhak Amit, a rejeté une demande d’installation de bureaux de vote dans des villages bédouins non reconnus du Naqab (Néguev) en vue des prochaines élections générales israéliennes de novembre.

Palestiniens bédouins de Ras Jrabah, dans le Naqab, menacé de nettoyage ethnique par l’Etat colonial (*)

La décision, qui a été rendue publique hier, cite le manque de « données précises » concernant les adresses résidentielles des Bédouins dans le registre de la population israélienne comme raison de ce refus.

Ce n’est pas la première fois que la question se pose, alors que les Israéliens se rendent aux urnes pour la cinquième fois en quatre ans.

Le droit de vote entravé par un détail technique

Environ 200.000 Bédouins vivent dans le Naqab. Environ la moitié d’entre eux vivent dans sept agglomérations construites par le gouvernement israélien, tandis que l’autre moitié vit dans plus de 40 villages, dont la grande majorité n’est pas reconnue par Israël, même ceux qui existaient avant 1948.

Selon un rapport de 2006 du Centre Adva, les communes construites par le gouvernement manquent d’infrastructures appropriées, sont incapables de fournir du travail à leurs résidents ou des services sociaux à un niveau raisonnable, et « ne constituent pas une alternative viable pour les résidents des villages non reconnus ».

Une politique israélienne de longue date tente de relocaliser la population bédouine dans ces townships et hors de leurs villages et terres d’origine, ce qui, selon des ONG dont Adalah, est la principale raison du refus de reconnaître les villages bédouins restants, afin de « ouvrir la voie à la colonisation et au développement juifs. »

Si les Bédouins du Naqab ont la citoyenneté israélienne (et ont donc le droit de voter aux élections générales), ceux qui vivent dans des villages non reconnus n’ont pas d’adresse officielle reconnue par le gouvernement. Au lieu d’une adresse, la résidence des Bédouins vivant dans des villages non reconnus est indiquée par la tribu à laquelle ils appartiennent.

« Sous réserve des dispositions de la loi »

Selon le jugement, c’est ce manque d’adresses résidentielles officielles qui empêche la mise en place des bureaux de vote. Le juge Amit explique que « aucun organisme officiel de l’État d’Israël ne dispose de données officielles précises sur le lieu exact de résidence des résidents susmentionnés, dans les limites de la zone tribale. »

De plus, selon la loi israélienne, la Commission électorale centrale « doit s’appuyer uniquement sur le registre de la population. »

« La Commission électorale centrale travaille en permanence pour permettre l’accès au vote à tous ceux qui ont le droit de voter », déclare le juge Amit. « Cependant, la Commission électorale centrale est bien sûr soumise aux dispositions de la loi, et est obligée d’agir uniquement en accord avec les dispositions de la loi. »

Le juge suggère au Comité régional de Beer Sheva de discuter de l’organisation du transport des électeurs de leur lieu de résidence vers les centres de vote existants.

Une participation politique en chute libre 

La participation électorale des citoyens palestiniens d’Israël est en chute libre depuis deux décennies.

Alors qu’elle était de 75 % en 1999 (presque égale au taux de participation de la population juive israélienne, qui était de 77 %), elle est tombée à 45 % seulement en 2021 (contre 67 % pour les Israéliens juifs).

Les sondages prévoient une participation encore plus faible de 40 % aux élections de novembre, que les médias israéliens attribuent à la déception suscitée par Mansour Abbas et la Liste arabe unie.

Le parti Ra’am, dirigé par Mansour Abbas, avait fait campagne en promettant d’améliorer les conditions des Bédouins du Naqab. Bien que la coalition Bennett-Lapid, qui comprenait la Liste arabe unie, ait supervisé la reconnaissance officielle de trois villages bédouins auparavant non reconnus, on considère globalement qu’Abbas n’a pas répondu aux attentes, et les membres palestiniens de la Knesset ont appelé au boycott des élections de novembre dès que Bennett a annoncé la fin de son gouvernement en juin.

Les sondages actuels prévoient que le bloc dirigé par Netanyahou obtiendra 59 sièges aux élections (deux sièges de moins que la majorité) et le bloc Lapid 55 sièges, les six sièges restants allant à la Liste commune.

Article original en anglais sur jerusalem24fm / Traduction MR

(*) Source de la photo d’illustration : « Israël et territoires palestiniens occupés. Il faut annuler le projet de transfert forcé du village bédouin de Ras Jrabah dans le Néguev/Naqab », Amnesty International, 22 mai 2022.