L’UE signe un accord gazier avec Israël et l’Égypte pour tenter de se passer du gaz russe

Al-Jazeera, 15 juin 2022. L’Union européenne, Israël et l’Égypte ont signé un accord tripartite d’exportation de gaz naturel, l’Union européenne cherchant à se diversifier en s’éloignant de l’énergie russe.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a signé un protocole d’accord avec l’Égypte et Israël dans ce qu’elle a décrit comme un « accord historique » [Amr Nabil/AP].

L’accord, finalisé mercredi lors de la Conférence régionale sur l’énergie en Méditerranée orientale au Caire, permettra des exportations « significatives » de gaz israélien vers l’Europe pour la première fois, a déclaré le ministère israélien de l’Energie.

« Quel moment exceptionnel », a déclaré Ursula von der Leyen, chef de la Commission européenne, lors d’une conférence de presse conjointe aux côtés des ministres égyptien et israélien de l’Energie. « Je salue très chaleureusement la signature de cet accord historique ».

Mme Von der Leyen a déclaré sur Twitter que l’accord contribuerait à la sécurité énergétique de l’Europe.

L’année dernière, l’UE a importé environ 40 % de son gaz de Russie. Les pays se sont efforcés de réduire cette dépendance afin de sanctionner la Russie pour son invasion de l’Ukraine.

La signature du protocole d’accord dans un hôtel cinq étoiles du Caire intervient un jour après que Mme von der Leyen et le Premier ministre italien Mario Draghi ont entamé des discussions sur l’énergie avec le ministre israélien des Affaires étrangères Yair Lapid.

« Il s’agit d’une étape remarquable qui porte notre coopération énergétique à un niveau supérieur », a déclaré Mme von der Leyen mardi lors de sa visite en Israël.

La chef de la Commission européenne a souligné que le protocole d’accord renforcerait l’ « indépendance » de l’Union européenne, faisant fi de sa nouvelle dépendance à l’égard du Caire et de Tel Aviv, tous deux accusés de graves violations des droits de l’homme et de crimes de guerre.

Mme Von der Leyen a également fait l’éloge d’une série d’accords controversés négociés par l’ancien président américain Donald Trump, normalisant les liens entre Israël, les Émirats arabes unis et Bahreïn.

Le gaz israélien sera acheminé par un gazoduc jusqu’au terminal GNL égyptien sur la Méditerranée, où une partie sera liquéfiée et transportée sur des navires-citernes vers les côtes européennes.

En janvier, l’UE a affecté 657 millions d’euros (736 millions de dollars) à la construction d’un câble électrique sous-marin de 2.000 mégawatts qui reliera les réseaux électriques d’Israël, de Chypre et de la Grèce. M. Von der Leyen a déclaré qu’il s’agirait du câble le plus profond et le plus long jamais construit.

En 2020, la Grèce, Israël et Chypre ont signé un accord portant sur la construction d’un gazoduc sous-marin destiné à acheminer vers l’Europe continentale le gaz provenant de nouveaux gisements offshore dans le sud-est de la Méditerranée.

Aperçu des ressources gazières en Méditerranée orientale (source)

Le projet proposé, doté d’un budget approximatif de 6 milliards de dollars, devait permettre de satisfaire environ 10 % des besoins en gaz naturel de l’UE. Mais il se heurte à des problèmes politiques et logistiques complexes.

À l’époque, les responsables israéliens ont déclaré que la construction du gazoduc EastMed prendrait jusqu’à sept ans.

La construction du gazoduc n’a pas encore commencé et l’UE procède encore à des évaluations préliminaires et à des estimations de coûts. En avril, un envoyé américain a déclaré qu’il était trop cher, qu’il n’était pas économiquement viable et qu’il prendrait trop de temps pour offrir une alternative au gaz russe.

Ces dernières années, Israël est devenu un exportateur de gaz grâce à d’importantes découvertes en mer. Il dispose de deux grands gisements de gaz au large de ses côtes, dont la capacité totale est estimée à 690 milliards de mètres cubes de gaz naturel, et continue d’en explorer d’autres, notamment ceux qui se trouvent sous la frontière maritime contestée avec le Liban [et avec Gaza, ndt].

Tel Aviv affirme que le gisement de Karish fait partie de sa zone économique exclusive reconnue par les Nations unies. Le Liban insiste sur le fait qu’il se trouve dans une zone contestée.

Article original sur Al-Jazeera / Traduction MR