Le dernier rapport de l’ONU souligne l’indulgence internationale envers l’apartheid israélien

Ramona Wadi, 31 mars 2022. Le rapporteur spécial des Nations unies, Michael Lynk, a publié l’une de ses condamnations les plus fermes de l’apartheid israélien dans un rapport présenté à la 49e session ordinaire du Conseil des droits de l’homme des Nations unies pour le point 7 de l’ordre du jour ; la session qui, selon Israël, le montre du doigt de manière injuste.

Se référant à diverses déclarations, y compris celles d’anciens ministres israéliens et de responsables d’institutions publiques qui ont dénoncé l’apartheid de l’État colonial, Lynk a déclaré : « Si ces personnalités responsables ont déterminé que cette réalité est l’apartheid, alors il incombe au reste d’entre nous de vérifier, à l’aide des outils du droit international et des droits de l’homme, si ces observations reflètent fidèlement ce qui se passe dans le territoire palestinien. »

Le rapport de Lynk note que la définition juridique de l’apartheid dans le Statut de Rome fournit « une définition prospective d’application universelle », sans aucune référence à l’Afrique du Sud, le pays qui reste l’État principalement associé au système raciste de gouvernement et la principale référence lorsqu’on parle de l’apartheid auquel les Palestiniens sont confrontés quotidiennement.

Dans son rapport, Lynk réaffirme que « si la pratique historique de l’apartheid en Afrique du Sud fournit des points de référence utiles pour évaluer l’existence éventuelle d’un apartheid ailleurs, ces comparaisons historiques et politiques ne sont jamais exactes et on ne peut pas s’attendre à ce qu’elles le soient. » Israël satisfait, en outre, aux critères juridiques permettant d’évaluer l’apartheid, et Lynk a pris plusieurs longueurs d’avance sur l’ONU en faisant remonter l’apartheid israélien à 1967 et à l’occupation militaire ultérieure de la Cisjordanie et de la bande de Gaza.

Étant donné l’interdiction de l’apartheid en tant que crime contre l’humanité dans le droit international, l’échec de la communauté internationale à arrêter Israël illustre à quel point elle est investie dans l’entreprise coloniale. Tout comme l’apartheid est délibérément mis en œuvre, la colonisation et l’occupation militaire israéliennes sont systématiques et loin d’être temporaires.

« L’inexorable occupation israélienne est devenue indiscernable de l’annexion », a déclaré Lynk, décrivant le processus par lequel Israël est passé sans transition d’une violation à l’autre, tandis que l’ONU ne tente même pas de formuler une référence et une description précises des crimes d’Israël contre l’humanité sur la base des paramètres du droit international.

Lorsque la Cour pénale internationale (CPI) a déclaré sans ambiguïté que l’expansion des colonies est un crime de guerre, l’ONU aurait dû réfléchir au rôle qu’elle a joué en légitimant les colonies antérieures d’Israël et en établissant des distinctions entre 1948 et après 1967.

Cependant, le silence de l’organisation n’a fait que prouver à Israël que la communauté internationale peut encore être influencée en sa faveur, et que la CPI serait, au moins pour un temps, isolée pour dénoncer l’apartheid israélien.

Étant donné que plusieurs organisations de défense des droits de l’homme, dont deux en Israël, ont désormais identifié Israël comme un État d’apartheid, les Nations unies sont soumises à une pression accrue pour agir en conséquence. « Israël a imposé à la Palestine une réalité d’apartheid dans un monde post-apartheid », a souligné Lynk. Le fait que le rapporteur spécial de l’ONU doive recommander à la communauté internationale d’adopter les recherches et les conclusions des organisations de défense des droits de l’homme sur l’apartheid israélien révèle la corruption apparemment inhérente à l’ONU.

Alors qu’elle dispose du droit international et qu’elle a les moyens de demander des comptes à Israël, l’ONU préfère faire porter la responsabilité de prouver les violations aux organisations de défense des droits de l’homme, alors qu’elle ne fait rien de concret pour le peuple palestinien et ses droits politiques et humains. Le rapport de Michael Lynk a mis en évidence un niveau choquant d’indulgence internationale à l’égard de l’apartheid israélien.

Article original en anglais sur Middle East Monitor / Traduction MR

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