Stop à l’Apartheid de l’Eau : Lancement le 10 février 2022

Jordan Valley Solidarity, 6 février 2022. Le jeudi 10 février, nous lancerons la campagne pour le droit à l’eau lors d’une conférence internationale sur Zoom. Tous nos supporters sont invités à y participer. Si vous souhaitez y assister, veuillez envoyer un courriel à info@jordanvalleysolidarity.org pour obtenir le lien vers zoom.

La conférence se déroulera de 11h00 à 13h00 le jeudi 10 février 2022.

Nous travaillons pour contrer les politiques et pratiques israéliennes qui violent le droit fondamental des Palestiniens à l’eau et pour défendre nos droits qui sont violés dans le secteur de l’eau par l’occupation israélienne.

En tant que groupe de 15 militants de la vallée du Jourdain et de Masafer Yatta, nous vivons avec les conséquences de l’apartheid de l’eau, en particulier dans les zones désignées comme zone C par les accords d’Oslo. Ce projet est une collaboration entre la Land Defense Coalition (LDC) et le Centre arabe pour le développement des médias sociaux – 7amleh.

La conférence vise à :

-Exposer les violations du droit (à l’eau) dans la zone C (plus précisément dans la vallée du Jourdain et le sud des collines d’Hébron) et les menaces constantes auxquelles les résidents de ces zones sont exposés quotidiennement.

-Expliquer l’apartheid de l’eau, utilisé par les forces d’occupation israéliennes comme un outil de déplacement et son lien avec le vol des ressources (eau, terres agricoles, minéraux) par l’expansion des colonies et l’acquisition de territoires par la force en violation du droit international.

-Plaider pour que les résidents de la zone C aient accès à la quantité d’eau nécessaire, conformément au droit international de l’eau (équité en matière d’eau).

-Sensibiliser les (nouveaux) publics et réseaux internationaux à la question fondamentale de l’eau dans la zone C, ainsi que dans le contexte palestinien plus large. 

-Présenter des actions concrètes que les gouvernements peuvent prendre pour faire respecter les droits à l’eau des Palestiniens et mettre fin immédiatement au vol d’eau par Israël.

Pour plus d’informations sur la campagne Stop Water Apartheid, voir #StopWater Lancement de la campagne pour le droit à l’eau contre l’apartheid.

Le problème 

Israël contrôle 80 % des ressources en eau palestiniennes et les colons israéliens utilisent environ six fois la quantité d’eau utilisée par les 2,6 millions de Palestiniens de Cisjordanie. La plupart des colonies sont situées à proximité des ressources en eau, dont l’accès est interdit aux Palestiniens. Les colons israéliens de la vallée du Jourdain utilisent de grandes quantités d’eau pour cultiver des produits agricoles destinés à l’exportation, tandis que les agriculteurs palestiniens peinent à irriguer leurs cultures.
Les communautés palestiniennes sont exposés au risque de devenir des enclaves isolées. L’annexion
de facto des terres fertiles de la vallée du Jourdain en particulier, le grenier alimentaire de la Cisjordanie, rendrait impossible le fonctionnement d’un État palestinien, en le privant des terres et des ressources naturelles nécessaires à sa subsistance.

Aujourd’hui déjà, en pleine pandémie de COVID-19, les Palestiniens de la zone C ont de plus en plus de mal à rester sur leurs terres. Selon l’OCHA, 389 structures appartenant à des Palestiniens en Cisjordanie ont été démolies ou confisquées entre mars 2020 et août 2020, ce qui représente le taux de destruction moyen le plus élevé depuis quatre ans. Cela a laissé 442 Palestiniens sans abri, exposant encore plus de personnes aux risques liés à la pandémie. Rien qu’en août 2021, 205 personnes ont été déplacées, soit plus qu’au cours de tout autre mois depuis janvier 2017.

Accès de la vallée du Jourdain aux ressources en eau

La vallée du Jourdain, dont 81% est classée en zone C, occupe une position stratégique dans le contexte palestinien. Elle comprend plus d’un cinquième du territoire de la Cisjordanie et contient des réserves foncières vitales pour l’expansion naturelle des villes palestiniennes. Elle dispose d’abondantes ressources en eau – dont un tiers des réserves d’eau souterraines de Cisjordanie – et possède un vaste potentiel pour les industries agricoles, industrielles et touristiques. Le développement économique de la vallée du Jourdain est considéré comme essentiel pour la croissance et le redressement palestiniens et est donc crucial pour la durabilité et la viabilité d’un État palestinien indépendant.

Malgré l’abondance des ressources en eau dans la zone C et dans la vallée du Jourdain, ces zones souffrent d’une grave pénurie d’eau en raison des politiques d’occupation israéliennes visant à contrôler les ressources en eau. Depuis 1967, les autorités d’occupation militaire israéliennes ont imposé une mainmise totale sur toutes les ressources en eau, et se sont appropriées des terres palestiniennes pour l’établissement et l’expansion des colonies israéliennes dans la région. Le droit international humanitaire stipule qu’en raison de son statut de puissance occupante dans les territoires palestiniens occupés, Israël a des obligations concernant le droit à l’eau envers les civils protégés (les Palestiniens).

Israël contrôle 80% des ressources palestiniennes en eau.

Le Règlement de La Haye impose des restrictions à l’utilisation par une puissance occupante de la propriété privée et publique, y compris les ressources naturelles du territoire occupé. L’article 43 du Règlement de La Haye impose deux obligations à une puissance occupante : rétablir et assurer, dans la mesure du possible, l’ordre et la sécurité publics dans le territoire occupé, et respecter, sauf empêchement absolu, les lois en vigueur dans le territoire occupé. 

Cependant, Israël a adopté un certain nombre de mesures lui permettant d’exercer illégalement des droits souverains sur les ressources en eau palestiniennes. Ainsi, Israël a déployé des efforts militaires et politiques considérables (1) pour obtenir, maintenir et consolider l’accès exclusif aux ressources en eau palestiniennes, (2) pour s’approprier les ressources en eau au seul bénéfice des Israéliens, y compris les colons, et (3) pour paralyser le développement des infrastructures hydrauliques palestiniennes dans les territoires palestiniens occupés, dans le but de transférer de force les communautés palestiniennes. En tant que telles, ces politiques et pratiques ont jeté les bases et sous-tendent les trois principaux piliers de l'”apartheid de l’eau” d’Israël.

Comparaison de la consommation d’eau

Tant en termes absolus que proportionnels, les Israéliens utilisent une quantité bien plus importante des ressources totales en eau de la région. Selon les chiffres officiels palestiniens, les colons israéliens de Cisjordanie consomment en moyenne 10 fois plus d’eau que les résidents palestiniens du territoire. Cela constitue une violation de l’article 11(1) du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC), auquel Israël est partie : « Les États parties au présent Pacte reconnaissent le droit de toute personne à un niveau de vie suffisant pour elle-même et sa famille, y compris une nourriture, un vêtement et un logement suffisants, ainsi qu’à une amélioration constante de ses conditions d’existence. »

Un colon israélien consomme 10 fois d’eau qu’un Palestinien autochtone.

Le Comité a réaffirmé sa position en 2002, dans une observation générale consacrée spécifiquement au droit à l’eau, dans laquelle il affirme que le droit de l’homme à l’eau est essentiel pour mener une vie digne.

Actuellement, les Palestiniens de Cisjordanie consomment environ 70 litres d’eau par habitant et par jour, bien que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) affirme qu’une personne normale a besoin d’un minimum de 100 à 120 litres d’eau par jour pour maintenir le niveau de vie le plus élémentaire. En Israël, cependant, la consommation quotidienne d’eau par habitant est d’environ 300 litres, tandis que les colons israéliens illégaux de Cisjordanie consomment jusqu’à 600 litres par jour. Les colonies bénéficient d’une quantité d’eau suffisante pour faire fonctionner les fermes et les vergers, ainsi que pour les piscines et les spas, alors que les Palestiniens ont souvent du mal à accéder aux besoins minimaux en eau. En outre, la population palestinienne a doublé depuis la signature des accords d’Oslo en 1993, et la quantité d’eau disponible en Cisjordanie – environ 110 millions de mètres cubes d’eau par an – reste toujours au niveau de 1995. Selon les accords, « le quota d’eau des Palestiniens devrait avoir atteint 200 millions de mètres cubes en l’an 2000. »

Pourquoi faire campagne pour le droit à l’eau ?  

La crise de l’eau provoquée par l’homme a un impact sur tous les aspects de la vie des Palestiniens de la zone C, comme l’agriculture, l’économie, l’élevage et l’environnement.

Le droit à l’eau est le droit humain le plus fondamental. Les Palestiniens se voient refuser l’accès à ce droit par le régime d’apartheid israélien.

La grave pénurie d’eau dans la zone C, conséquence des politiques d’apartheid israéliennes, menace l’existence et la résilience des Palestiniens et les oblige à quitter leurs terres et leurs maisons.

Théorie du changement

L’intégration de l’apartheid de l’eau en amplifiant les voix des jeunes Palestiniens exposant les violations des droits de l’homme liées à Israël dans la vallée du Jourdain conduira à une pression internationale pour mettre fin au harcèlement, à l’impunité des colons protégés par les forces d’occupation israéliennes, et aux politiques israéliennes de discrimination de l’eau visant à déplacer les Palestiniens dans la région. 

Objectifs spécifiques de la campagne :

– Exposer les violations du droit (à l’eau) dans la zone C (spécifiquement dans la vallée du Jourdain et les collines du sud d’Hébron) et les menaces constantes auxquelles les résidents de ces zones sont exposés quotidiennement.

– Expliquer l’apartheid de l’eau, utilisé par les forces d’occupation israéliennes comme un outil de déplacement et son lien avec le vol des ressources (eau, terres agricoles, minéraux) par l’expansion des colonies et l’acquisition de territoires par la force en violation du droit international.

– Plaider pour que les résidents de la zone C aient accès à la quantité d’eau nécessaire, conformément au droit international de l’eau (équité en matière d’eau).

– Sensibiliser les (nouveaux) publics et réseaux internationaux à la question fondamentale de l’eau dans la zone C, ainsi que dans le contexte palestinien plus large. 

– Présenter des actions concrètes que les gouvernements peuvent prendre pour faire respecter les droits à l’eau des Palestiniens et mettre fin immédiatement au vol d’eau par Israël.

Article original en anglais sur : Stop Water Apartheid: Launch of our Right to Water campaign – Jordan Valley Solidarity / Traduction MR