La deuxième vague de Covid-19 a frappé la bande de Gaza avec un effet dévastateur

La crise humanitaire dans la bande de Gaza s’aggrave alors que les responsables de la santé signalent plus de 1.000 nouveaux cas de coronavirus par jour.

Vérification de la température d’un enfant dans le cadre des précautions prises contre le COVID-19 dans la ville de Gaza – Photo : via www.workers.org

Ils mettent en garde contre une catastrophe sanitaire sous l’effet d’un blocus mené par Israël qui restreint, entre autres, les importations médicales. L’impact de la pandémie est dévastateur dans un environnement aussi fermé.

Pour ne rien arranger, la variante britannique du virus, mortelle et se propageant rapidement, a touché la bande de Gaza fin mars. Avec près de 2 millions de Palestiniens vivant dans ce qui a été décrit comme la plus grande prison à ciel ouvert du monde, 83.287 ont été infectés par le Covid-19, dont 694 sont morts.

Compte tenu de l’augmentation du taux d’infection à Gaza, un confinement strict a été imposé pour tenter d’enrayer la propagation du virus. Il comprend un couvre-feu complet dans tous les gouvernorats de la bande de Gaza, couvrant les écoles, les mosquées, les marchés et autres installations publiques. La vie s’est plus ou moins arrêtée, avec des routes fermées pour renforcer le confinement et des hôpitaux de campagne installés dans le sud du territoire. Les fermetures totales commencent chaque jeudi à 21 heures et durent jusqu’au dimanche matin pour une période non déterminée. Le gouvernement évalue la situation en permanence.

Le chef du bureau gouvernemental des médias (GMO) à Gaza, Salama Maroof, m’a dit que « le plan du gouvernement est clair, et il a été mis en œuvre dès l’apparition de la pandémie l’année dernière. Chaque fois que nous constatons une augmentation du nombre de cas, nous renforçons les mesures de précaution, en essayant autant que possible d’imposer un certain équilibre entre la pandémie et les conditions générales qui régissent notre société. »

Maroof a souligné que dans une société comme celle de la bande de Gaza, très restreinte d’un point de vue géographique avec l’une des plus fortes densités de population au monde et une culture basée sur l’interaction sociale, il est naturel de s’attendre à un grand nombre de cas de coronavirus. « Le gouvernement s’attend à ce que le taux de tests positifs continue à augmenter si les gens ne respectent pas les procédures de confinement. »

Le représentant du gouvernement a souligné que le blocus israélien a un rôle clair et significatif, tant sur le plan économique que sur le plan médical, car Gaza souffre d’une pénurie dramatique de fournitures médicales. Les médicaments, les produits médicaux jetables, le matériel de laboratoire et les équipements font partie des articles essentiels dont l’accès est restreint par le siège.

« Dans la mesure du possible, le gouvernement a essayé de fournir ces produits, » a-t-il expliqué, « que ce soit grâce aux dons des organisations internationales ou aux initiatives souvent ingénieuses de notre population dans la bande de Gaza. »

Le secteur de la santé, qui s’effondre, a du mal à faire face aux problèmes courants, sans parler du coronavirus. Les équipements de protection individuelle (EPI) sont rares, tout comme les désinfectants et autres produits de nettoyage de base.

Les autorités de Gaza, pour des raisons assez évidentes, ont tardé à lancer une campagne de vaccination. Moins de 2% des Palestiniens ont été vaccinés en Cisjordanie et dans la bande de Gaza occupées. Il est urgent de vacciner les travailleurs de première ligne et les personnes vulnérables. Le gouvernement s’est procuré des quantités limitées de vaccins. Un premier envoi a été fourni par le programme Covax, géré par l’Organisation mondiale de la santé, qui est arrivé en Cisjordanie et à Gaza le 15 mars.

Près de 37.500 doses de vaccin Pfizer-BioNTech et 24.000 doses de vaccin AstraZeneca ont été livrées aux territoires palestiniens occupés. Gaza a également reçu 60.000 doses de vaccin russe donné par les Émirats arabes unis. Cette livraison fait suite à un premier envoi de 20.000 doses par les EAU en février.

Il s’agit, bien entendu, d’un nombre très limité de doses, qui est loin de correspondre au nombre requis pour la seule bande de Gaza. Pendant ce temps, la puissance occupante, Israël, est félicitée pour avoir vacciné l’ensemble de sa population, alors même qu’elle refuse les vaccins aux populations occupées auxquelles elle a l’obligation légale de fournir des soins de santé adéquats et autres besoins.

Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme a confirmé qu’il incombe à Israël de fournir un accès équitable aux vaccins Covid-19 aux Palestiniens sous occupation dans la bande de Gaza et en Cisjordanie et a demandé au gouvernement israélien de garantir cet accès.

La situation à Gaza est déjà l’une des plus complexes au monde, il est donc difficile de comparer sa réponse Covid-19 avec d’autres endroits. « Rester à la maison » n’est pas une option réaliste lorsque vous dépendez d’un travail quotidien à très bas salaire pour satisfaire vos besoins les plus élémentaires. Rester à la maison pendant des jours signifie ne pas avoir de travail, pas de revenu et pas de nourriture.

La « distanciation sociale » est presque impossible dans les camps de réfugiés surpeuplés.

Alors que le monde développé dispose d’une technologie avancée pour lutter contre la pandémie, la bande de Gaza est seule, avec des installations primitives et des ressources limitées à sa disposition. Alors que la deuxième vague de coronavirus frappe le territoire sous blocus, pendant combien de temps pourra-t-elle faire face à la situation ?

15 avril 2021 – Source : Palestine Info / Traduction : MR pour ISM