Partager la publication "Pourquoi les prisonniers palestiniens meurent-ils dans les prisons israéliennes ?"
Amna Shabana, 31 juillet 2022. Les prisonniers palestiniens malades sont confrontés à une mort lente en raison de la négligence médicale délibérée de l’administration pénitentiaire israélienne (IPS) qui retarde les traitements médicaux urgents ou même empêche les prisonniers de recevoir des traitements.
Les exemples de négligence médicale vont du report des injections, à l’administration d’analgésiques au lieu d’un examen médical, et pire encore, au rejet des demandes d’opérations urgentes. En conséquence, la santé des prisonniers se détériore, entraînant parfois leur décès dans la prison ou peu après leur libération.
En outre, les prisonniers malades qui ont généralement besoin de soins spéciaux sont soit détenus dans des cellules d’isolement dans des conditions horribles, soit torturés en les gardant seuls pendant de longues périodes après qu’ils ont subi des opérations médicales.
Fouad Shobaki, 83 ans, prisonnier palestinien de Gaza, qui est le plus ancien prisonnier des prisons israéliennes, est atteint d’un cancer de la prostate. Il souffre également de douleurs aux yeux, à l’estomac et au cœur, ainsi que d’hypertension. Le 5 juillet, le Comité israélien de libération anticipée a rejeté un appel à sa libération alors qu’il est censé être libéré dans huit mois, a rapporté la Palestinian Prisoners Society (PPS).
PPS a présenté des statistiques montrant que 22 prisonniers palestiniens détenus par Israël souffrent de différents stades de cancer, notamment Nasser Abu Hamid, un résident du camp d’Al-Amari âgé de 49 ans, détenu depuis 2002, qui purge sept peines de prison à vie et 50 ans de prison supplémentaires. En octobre 2021, il a subi une intervention chirurgicale pour retirer une tumeur cancéreuse dans les poumons, et il est actuellement en risque imminent de mort. En janvier 2022, son médecin a signalé que Nasser souffrait d’une pneumonie aiguë due à une infection bactérienne qui a entraîné une défaillance de ses poumons et l’a fait tomber dans le coma.
Le 2 juillet 2022, Saadiya Matar, 68 ans, prisonnière palestinienne d’al-Khalil, est morte derrière les barreaux israéliens, a rapporté le bureau des médias d’Asra. « Matar avait souffert de négligence médicale et de conditions d’incarcération dures pendant son emprisonnement à la prison de Damon », avait commenté un haut responsable du Hamas, Zaher Jabbarin, ajoutant que Matar avait été frappée par des soldats israéliens quelques mois avant sa mort.
En mai 2022, Ihab al-Kilani est mort après qu’on lui a diagnostiqué un cancer en phase terminale, peu après la fin de sa période de détention administrative de six mois au cours de laquelle il a fait l’objet d’une négligence médicale délibérée.
Majdi Hammad, qui a été libéré avec des centaines d’autres prisonniers en octobre 2011, est décédé le 18 mars 2014 des suites d’une maladie cardiaque qui n’a pas été traitée pendant les années dans les prisons israéliennes.
Le PIC s’est entretenu avec l’ex-prisonnier Akram Qassem qui a été libéré dans le cadre de l’accord d’échange de Wafa al-Ahrar en 2011. Il a rapporté qu’il était avec Hammad dans les prisons israéliennes et a été témoin que l’IPS avait traité la maladie cardiaque de Majdi en lui donnant des médicaments pour l’estomac.
Qassem a lui-même beaucoup souffert dans les prisons israéliennes en raison des tortures qu’il a subies lors de son arrestation afin de lui extorquer des aveux, ce qui a affecté son état de santé, encore aggravé par la négligence médicale.
« Pendant mon séjour dans les prisons israéliennes, j’ai souffert de douleurs intenses aux oreilles dues aux coups reçus pendant les interrogatoires, pour lesquelles je n’ai reçu aucun traitement, à l’exception d’analgésiques », a déclaré Qassem, ajoutant qu’il devait subir une opération mais que l’administration pénitentiaire n’a cessé de la retarder.
Lorsque Qassem a finalement été autorisé à subir l’opération, après cinq ans de requêtes, il a été transféré de la prison de Nafha. « J’étais menotté et mes pieds étaient attachés au lit de l’hôpital pendant l’opération », a-t-il souligné.
Le 8 septembre 2019, le prisonnier et journaliste palestinien Bassam al-Sayeh est mort en prison.
Avec la mort de Bassam, le nombre de corps de prisonniers palestiniens est de 5 sur les 52 corps palestiniens saisis par l’occupation depuis 2015. Ces cinq prisonniers sont Aziz Ewisat, Saleh al Barghouthi, Faris Baroud, Nassar Taqatqa et Bassam al-Sayeh.
« Je me souviens encore quand j’étais avec al-Sayeh dans la prison, en particulier quand je l’ai aidé à respirer après qu’il ait été forcé de prendre 75 pilules en une journée », a déclaré Mohammed al-Qeeq, ancien prisonnier, à la chaîne Al-Aqsa.
Selon les sources des droits de l’homme, environ 5.000 prisonniers palestiniens sont détenus dans les prisons israéliennes, avec environ 700 patients souffrant de diverses maladies telles que le cancer, la paralysie, le handicap, en plus des blessures par balle et des maladies chroniques. L’augmentation du nombre de prisonniers malades est attribuée à la négligence médicale délibérée pratiquée contre les patients prisonniers par l’administration pénitentiaire israélienne.
Article original en anglais sur The Palestinian Information Center / Traduction MR