Partager la publication "Témoignages de Gazaouis : La survie qui s’organise au jour le jour dans l’enfer de Gaza – partie 335 / 15 mars – Aucun peuple ne peut se relever d’un conflit sans reconstruire les liens qui ont été brisés"
Brigitte Challande, 17 mars 2025. Abu Amir envoie le 15 mars, comme chaque fin de semaine, un compte rendu des actions de soutien psychologique pour les femmes et leurs enfants.
« Session de sensibilisation des mères sur la réhabilitation psychologique et physique des enfants déplacés après la guerre
Dans le contexte de la guerre d’Israël à Gaza, les enfants déplacés vivent des conditions extrêmement difficiles qui affectent profondément leur santé mentale et physique. Ayant perdu leurs maisons et leurs proches et ayant été témoins de scènes traumatisantes, ces enfants souffrent de séquelles psychologiques qui peuvent persister longtemps s’ils ne reçoivent pas le soutien nécessaire. C’est dans ce cadre que les équipes de UJPF ont organisé une session de sensibilisation destinée aux mères déplacées, pour les informer sur les moyens d’accompagner leurs enfants après la guerre et de leur offrir un environnement sécurisé et favorable à leur réhabilitation. Cette session s’est tenue cette semaine au camp d’Isra au centre de la ville de Gaza, avec la participation de 30 mères déplacées, venues chercher des conseils et des orientations pour mieux soutenir leurs enfants dans ces conditions de vie difficiles.
L’importance du soutien psychologique pour les enfants déplacés
Les enfants de Gaza ont été exposés à des scènes de destruction et de mort, qui ont généré chez eux un profond sentiment de peur et d’anxiété qui peut persister si aucune prise en charge adaptée n’est mise en place. Cette session a donc mis l’accent sur l’importance d’un accompagnement psychologique efficace, en adoptant des stratégies favorisant leur sentiment de sécurité et de stabilité, notamment en leur permettant d’exprimer librement leurs émotions et en les encourageant à interagir positivement avec leurs pairs dans un cadre de soutien bienveillant.
Explication des spécialistes sur la réhabilitation psychologique des enfants
Au cours de la session, l’équipe a insisté sur le fait que ces enfants ayant vécu le déplacement et des traumatismes, cela nécessite un environnement rassurant qui leur procure un sentiment de sécurité, et que le rôle des mères est primordial dans ce processus.
- Écouter les émotions des enfants : il est essentiel que la mère accueille les émotions de son enfant sans les minimiser ni le gronder pour ses peurs ou son anxiété. Lorsqu’un enfant se sent en sécurité pour exprimer ses sentiments, il peut progressivement surmonter son stress et ses angoisses.
- Réinstaurer une routine quotidienne : les enfants ont besoin de stabilité et de repères dans leur quotidien. Les mères doivent donc s’efforcer de recréer une routine incluant des horaires de sommeil, des temps de jeu et d’apprentissage, afin que leurs enfants retrouvent un certain contrôle sur leur vie.
- Encourager l’expression à travers le dessin ou l’écriture : certains enfants ont du mal à verbaliser leurs émotions. L’équipe a recommandé d’encourager le dessin ou l’écriture comme un moyen sûr et créatif d’extérioriser leurs sentiments.
- Utiliser le jeu comme outil thérapeutique : le jeu aide les enfants à exprimer leurs émotions naturellement et à atténuer leur anxiété : des jeux collectifs et des activités ludiques qui favorisent la détente et l’interaction sociale.
- Ne pas forcer l’enfant à parler de ses traumatismes : il est important de respecter le rythme de l’enfant dans son processus de guérison. Le contraindre à raconter ce qu’il a vécu peut aggraver son stress, alors que lui laisser le choix d’en parler progressivement peut l’aider à se reconstruire.
Témoignages des participantes sur leur expérience avec leurs enfants après la guerre.
L’une d’elles a confié :
« Après la guerre, j’ai remarqué que mon enfant avait peur des bruits forts et se réveillait en pleurant la nuit. Je ne savais pas comment l’aider jusqu’à ce que j’assiste à cette session. J’ai appris des techniques simples, comme lui parler avec douceur et l’intégrer dans des activités ludiques qui l’aident à exprimer ses émotions. »
Une autre mère a raconté :
« Mon fils refusait d’aller à l’école après la destruction de son ancien établissement. Je me sentais impuissante face à son rejet. Durant la session, j’ai appris qu’il était essentiel de renforcer son sentiment de sécurité, d’être patiente et de l’encourager progressivement, en lui parlant positivement de l’école et en l’associant à des activités qu’il aime. J’espère que ces méthodes m’aideront à le préparer à reprendre le chemin de l’école. »
Une troisième participante a témoigné :
« Ma fille était devenue agressive avec ses frères après notre déplacement, elle s’énervait pour des détails insignifiants. Je ne comprenais pas que ces réactions pouvaient être une conséquence des traumatismes qu’elle avait subis. Grâce à cette session, j’ai appris l’importance de la patience et comment l’aider à gérer ses émotions en lui laissant un espace où elle peut exprimer librement ses sentiments. »
Réhabilitation physique et sanitaire des enfants
L’impact de la guerre ne se limite pas à l’aspect psychologique, il affecte également la santé physique des enfants. Beaucoup d’entre eux souffrent de malnutrition en raison du manque de ressources alimentaires, tandis que d’autres ont contracté des maladies à cause de la destruction des infrastructures médicales. Dans ce contexte, la session a souligné la nécessité de garantir une alimentation équilibrée aux enfants, avec des repas riches en vitamines et minéraux pour compenser leurs carences. De plus, l’importance d’un suivi médical régulier a été mise en avant, notamment pour les enfants souffrant de maladies chroniques ou ayant subi des blessures pendant la guerre. Enfin, l’équipe a insisté sur la nécessité d’encourager les bonnes habitudes d’hygiène, essentielles pour prévenir les maladies et assurer une meilleure santé aux enfants.
La session s’est conclue par une mise en avant du rôle crucial des mères dans la réhabilitation de leurs enfants après la guerre. Il a été souligné que créer un environnement sécurisant et bienveillant permet non seulement aux enfants de surmonter leurs traumatismes, mais contribue également à la reconstruction du tissu social et familial. Les participantes ont exprimé leur reconnaissance pour ces sessions qui leur ont permis d’échanger leurs expériences et d’acquérir des outils pratiques pour accompagner leurs enfants vers une meilleure stabilité psychologique et physique.
La résilience sociale est le pilier sur lequel repose l’avenir d’une communauté. L’empathie, la solidarité et le soutien psychologique sont les clés pour aider les enfants à surmonter leurs épreuves et retrouver une vie plus stable et sereine. »
Photos et vidéos ICI.
Retrouvez l’ensemble des témoignages d’Abu Amir et Marsel :
*Abu Amir Mutasem Eleïwa est coordinateur des Projets paysans depuis 2016 au sud de la bande de Gaza et correspondant de l’Union Juive Française pour la Paix.
*Marsel Alledawi est responsable du Centre Ibn Sina du nord de la bande de Gaza, centre qui se consacre au suivi éducatif et psychologique de l’enfance.
Tous les deux sont soutenus par l’UJFP en France.
Cliquez ici pour consulter les Témoignages du 20 novembre 2023 au 5 janvier 2025.
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Pour participer à la collecte « Urgence Guerre à Gaza » : HelloAsso.com
Les témoignages sont également publiés sur UJFP, Altermidi et sur Le Poing.