Témoignages de Gazaouis : La survie qui s’organise au jour le jour dans l’enfer de Gaza – partie 334 / 14 mars – Menaces graves sur la vie quotidienne des Gazaoui.e.s

Brigitte Challande, 15 mars 2025. Le 14 mars, Abu Amir nous envoie une texte très précis sur la crise de l’eau et de la nourriture dans la bande de Gaza qui représente une tragédie sans précédent pour la vie des habitants.

« Gaza privée d’eau potable : une catastrophe humanitaire qui s’aggrave

La bande de Gaza fait face à une crise de l’eau sans précédent qui menace la vie de plus de deux millions d’habitants. L’eau potable est devenue presque inexistante après la destruction de la plupart des sources d’approvisionnement durant la dernière guerre. Le ciblage systématique des puits et des stations de dessalement a entraîné une pénurie dramatique, rendant l’accès à l’eau propre extrêmement difficile.

Au cœur de cette catastrophe, la station principale de dessalement de l’eau à Deir al-Balah a été plongée dans une situation désastreuse après que l’armée israélienne a totalement coupé son alimentation électrique, stoppant ainsi l’approvisionnement en eau des habitants de la région. Pendant la guerre, cette station fonctionnait grâce aux approvisionnements en diesel qui permettaient d’alimenter les puits et l’usine de dessalement. Après le cessez-le-feu, des médiateurs sont intervenus pour assurer son fonctionnement grâce à une ligne électrique fournie par Israël, ce qui lui a permis de produire 20 000 mètres cubes d’eau potable par jour. Cette quantité suffisait à couvrir les besoins de la ville de Deir al-Balah, y compris les milliers de déplacés, ainsi qu’une partie importante du centre de la bande de Gaza et de la ville de Khan Younès.

Poursuite des programmes éducatifs par les équipes de l’UJFP.

Cependant, la coupure totale d’électricité et de carburant a entraîné l’arrêt complet de la station, plongeant le territoire dans une catastrophe humanitaire sans précédent. Pour la première fois depuis le début du blocus, Gaza se retrouve totalement privée d’eau potable. Le ministère de l’Administration locale à Gaza a qualifié cette situation de tragédie absolue, insistant sur le fait que « des milliers de personnes vivent désormais sans eau, et personne ne répond à leurs appels à l’aide ».

Destruction des puits et des infrastructures hydrauliques : l’effondrement du système d’approvisionnement en eau

La coupure d’électricité de la station de Deir al-Balah n’est pas la seule catastrophe. Plus de 80 % des puits d’eau de la bande de Gaza ont été détruits lors de la dernière guerre israélienne. De plus, les principales conduites d’eau ont été directement ciblées, interrompant la distribution d’eau à travers tout le réseau.

La destruction a également touché les infrastructures israéliennes de distribution d’eau qui approvisionnaient une partie de Gaza, ce qui a exacerbé la crise à des niveaux critiques.

Dans ces conditions, les municipalités de Gaza sont incapables de faire fonctionner les rares puits souterrains encore en état, faute de carburant nécessaire à leur mise en marche. Le blocus strict et la fermeture des points de passage empêchent l’entrée du fuel. Chaque jour qui passe sans solution concrète aggrave les souffrances des habitants, contraints de faire la queue pendant des heures devant les camions-citernes et les points de distribution dans l’espoir d’obtenir un peu d’eau.

Appels à l’aide pour sauver Gaza de la soif

Face à cette catastrophe, le ministère de l’Administration locale à Gaza a lancé des avertissements urgents, demandant à la communauté internationale d’intervenir immédiatement pour remettre en état les conduites d’eau, restaurer les puits locaux et permettre l’entrée du diesel pour alimenter les pompes à eau.

Les autorités ont également averti que la situation deviendra encore plus dramatique avec l’arrivée du printemps et la montée des températures, qui amplifieront les besoins en eau.

Malgré ces appels incessants, aucune réponse concrète n’a encore été donnée. Pendant ce temps, les habitants de Gaza continuent de former d’interminables files d’attente devant les camions d’eau et les centres de distribution, un spectacle quotidien qui illustre l’ampleur de la catastrophe humanitaire.

Crise alimentaire : Gaza face à la famine

La crise ne se limite pas à l’eau : la famine menace également la population. Après la fermeture des points de passage par Israël, empêchant l’acheminement de l’aide humanitaire et des marchandises, les produits alimentaires de base se raréfient dangereusement.

Sous ce blocus asphyxiant, les habitants de Gaza passent des heures dans des files d’attente interminables devant les boulangeries et les centres de distribution alimentaire pour obtenir du pain ou un repas.

Les centres d’aide alimentaire, qui fournissaient des repas aux déplacés, ne peuvent plus répondre à la demande. Le nombre de personnes en détresse a explosé, atteignant un niveau jamais vu auparavant. Malgré les efforts des organisations humanitaires, les ressources disponibles sont insuffisantes pour couvrir les besoins vitaux de centaines de milliers d’habitants qui ont perdu toutes leurs sources de revenus et dépendent exclusivement de l’aide alimentaire.

Approvisionnement en eau et en nourriture malgré le blocus

Malgré ces conditions extrêmes, les équipes de l’UJFP poursuivent sans relâche leur travail humanitaire pour venir en aide aux habitants touchés par la guerre et le blocus.

Elles continuent notamment de distribuer des repas aux familles vulnérables (photos ci-dessous), en se concentrant particulièrement sur la région d’Abou Taïma, où de nombreuses familles de paysans ont perdu leurs moyens de subsistance en raison des destructions.

Concernant l’eau, un projet majeur a été mené à bien dans la région d’Abou Taïma et Khuzaa, où une réserve d’eau a été aménagée. Cette infrastructure fournit désormais de l’eau aux habitants et aux agriculteurs, leur permettant de cultiver leurs terres après une longue période de sécheresse forcée.

De plus, l’usine de dessalement de l’UJFP continue d’approvisionner en eau potable les zones situées à l’est du gouvernorat de Khan Younis, incluant Khuzaa, Abou Taïma et Abassan. Malgré des moyens limités, ces efforts atténuent en partie la souffrance des habitants en leur fournissant les besoins les plus essentiels.

Un appel à une intervention internationale urgente pour sauver Gaza

Ce qui se passe à Gaza ne relève plus d’une simple crise humanitaire, c’est une tragédie humaine d’une ampleur alarmante, qui menace directement la vie de plus de deux millions de personnes.

L’eau potable est inexistante, la nourriture se fait rare, et les points de passage sont bloqués, rendant la vie à Gaza insoutenable.

Alors que les municipalités et les ONG lancent des appels de détresse incessants, une question se pose : Jusqu’à quand le monde restera-t-il indifférent à cette souffrance ?

Si aucune action immédiate n’est entreprise pour rétablir l’approvisionnement en eau, rouvrir les points de passage et permettre l’entrée de carburant et de nourriture, les conséquences seront catastrophiques à tous les niveaux, surtout avec l’arrivée des températures estivales élevées qui augmenteront la demande en eau et en nourriture.

Les habitants de Gaza ne réclament que leurs droits fondamentaux : de l’eau potable, de la nourriture en quantité suffisante, et de l’électricité pour faire fonctionner les stations de dessalement et les boulangeries.

Mais même ces besoins vitaux leur sont refusés. Leur quotidien n’est plus qu’une interminable file d’attente pour survivre un jour de plus. »

Photos et vidéos des repas ICI et des programmes éducatifs ICI.

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On retrouve également la détermination invincible des Palestiniens qui, las d’attendre des caravanes promises mais bloquées, lancent cette iniative de construction de chalets en bois à Gaza. (note ISM-France)


Retrouvez l’ensemble des témoignages d’Abu Amir et Marsel :

*Abu Amir Mutasem Eleïwa est coordinateur des Projets paysans depuis 2016 au sud de la bande de Gaza et correspondant de l’Union Juive Française pour la Paix.

*Marsel Alledawi est responsable du Centre Ibn Sina du nord de la bande de Gaza, centre qui se consacre au suivi éducatif et psychologique de l’enfance.

Tous les deux sont soutenus par l’UJFP en France.

Cliquez ici pour consulter les Témoignages du 20 novembre 2023 au 5 janvier 2025.

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Pour participer à la collecte « Urgence Guerre à Gaza » : HelloAsso.com
Les témoignages sont également publiés sur UJFPAltermidi et sur Le Poing.