L’ampleur de la torture systématique et des atrocités subies par les Palestiniens dans les prisons israéliennes est choquante

EuroMedMonitor, 27 février 2025. – Les conditions de santé physique et mentale des détenus et prisonniers palestiniens libérés lors du septième cycle de l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza sont choquantes.

La libération par Israël de centaines de prisonniers et détenus palestiniens, arrivés récemment dans la bande de Gaza dans un état de santé exceptionnellement mauvais, illustre son recours continu à la torture pour terroriser et persécuter les prisonniers et détenus et briser leur volonté jusqu’à la toute fin de leur détention. Les effets de la torture étaient clairement évidents, les corps émaciés des personnes libérées reflétant la gravité des crimes systématiques et des traitements inhumains qui dépassent toutes les limites légales et morales.

La libération répétée des prisons israéliennes d’individus visiblement malades révèle que la torture odieuse et la négligence médicale volontaire qu’ils subissent ont atteint des niveaux effroyables. Euro-Med Monitor note que les atrocités commises dans ces prisons comptent parmi les pires violations enregistrées par les organisations de défense des droits de l’homme dans le monde.

En violation flagrante des règles impératives du droit international – qui interdisent la torture sous toutes ses formes et en toutes circonstances, sans exception, et considèrent sa commission comme un crime international imprescriptible – des centaines de prisonniers et détenus libérés sont arrivés dans la bande de Gaza après minuit dans un état de santé exceptionnellement mauvais. Il est devenu évident après leur transfert à l’hôpital européen de Gaza, dans la partie sud de la bande, que des dizaines d’entre eux avaient besoin de soins médicaux urgents car leurs corps présentaient des signes de torture et de traitements inhumains, notamment la privation de soins et de traitements médicaux nécessaires.

Outre une faiblesse et un épuisement graves, l’équipe de terrain d’Euro-Med Monitor a recensé de graves blessures parmi les détenus et les prisonniers, notamment des amputations de membres et des gonflements importants provoqués par la torture. Certains étaient incapables de marcher sans l’aide d’amis, et d’autres ont eu besoin de soins médicaux immédiats car leur santé se détériorait rapidement.

Bien que la majorité des détenus n’aient été accusés d’aucun crime spécifique, beaucoup d’entre eux ont affirmé avoir été battus, maltraités et menacés jusqu’à la toute dernière minute avant leur libération. Depuis leur enlèvement dans la bande de Gaza à divers moments après le 7 octobre 2023, ils ont été arrêtés ou détenus, torturés et soumis à des traitements dégradants dans le cadre d’une politique systématique visant à leur causer de graves dommages physiques et psychologiques. Cette politique fait partie du crime de génocide commis par Israël, qui vise à détruire le peuple palestinien dans la bande de Gaza, en tout ou en partie, en affaiblissant les fondements de sa survie et en le conduisant à la soumission ou à l’extinction.

L’équipe d’Euro-Med Monitor a également documenté le recours continu par Israël à la torture psychologique et à l’humiliation contre les prisonniers récemment libérés, par le biais de l’application de lois qui incitent directement à la violence et au génocide. Cette incitation systématique officielle est un outil fondamental des politiques israéliennes contre les Palestiniens, en particulier ceux de la bande de Gaza. Un exemple de ces mesures est l’obligation faite par les autorités pénitentiaires aux détenus récemment libérés de porter des t-shirts sur lesquels sont imprimés des slogans du service pénitentiaire israélien et des phrases menaçantes en hébreu, y compris des citations religieuses exprimant le principe de vengeance et de poursuite jusqu’à la liquidation. De plus, ils sont obligés de porter des bracelets en plastique sur lesquels sont imprimés des mots désobligeants pour les dégrader psychologiquement et souligner le fait qu’ils sont toujours victimes de discrimination bien qu’ils soient « libres ».

La phrase « Je poursuivrai mes ennemis et les rattraperai ; je ne reviendrai pas avant de les avoir détruits » est imprimée sur les t-shirts des détenus et prisonniers palestiniens libérés, et est tirée d’un passage biblique (Psaume 18:37) qui appelle expressément au meurtre et au génocide. Il s’agit d’une forme d’incitation directe et publique au génocide, interdite par l’article 3 de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide.

En privant les Palestiniens de leur humanité et en les traitant comme une cible légitime à tuer et à cibler, les actions d’Israël vont au-delà de la guerre psychologique et constituent une extension dangereuse du discours de haine institutionnel et une consolidation de l’intention de commettre un génocide.

Les violations auxquelles les prisonniers et détenus palestiniens sont soumis par Israël, que ces personnes soient détenues ou libérées, violent gravement le droit international et représentent un mépris flagrant de ses réglementations obligatoires qui interdisent la torture et les traitements cruels ou inhumains sans exception. Les troisième et quatrième Conventions de Genève assurent une protection complète aux prisonniers et aux détenus et interdisent la torture, l’humiliation ou les représailles, rendant ces crimes punissables par le droit international.

La mort du détenu Raafat Adnan Abdul Aziz Abu Fanouneh (34 ans), torturé et maltraité après son arrestation dans la bande de Gaza en octobre 2023, a été annoncée hier (mercredi) au centre médical israélien Shamir (anciennement Assaf Harofeh). Au moins 60 prisonniers et détenus – car ce sont les seules victimes dont l’identité est connue – ont péri dans les prisons de l’occupation israélienne depuis le début du génocide, dont au moins 39 individus originaires de la bande de Gaza. Il s’agit du nombre le plus élevé jamais enregistré.

Capture d’écran d’une vidéo publiée sur le compte X de The Cradle, filmée par Hassan Aslih, journaliste à Gaza.

Israël continue de commettre le crime de disparition forcée contre des centaines de prisonniers et détenus palestiniens, sans révéler à leurs proches où ils se trouvent ni leur état de santé, ce qui suscite de graves inquiétudes quant à la sécurité et à la vie des personnes détenues. Israël continue également de cacher à la presse toute information à leur sujet, malgré des preuves crédibles selon lesquelles des dizaines de prisonniers et détenus supplémentaires ont été tués dans les prisons et les centres de détention israéliens.

En plus d’être des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre à part entière, les crimes commis par l’armée d’occupation israélienne et d’autres forces de sécurité israéliennes contre les prisonniers et détenus palestiniens de la bande de Gaza constituent également des actes de génocide contre le peuple palestinien de la bande, car ils sont perpétrés de manière systématique et brutale. Ces actes comprennent le meurtre de Palestiniens et l’infliction de graves dommages physiques et psychologiques, notamment la torture, d’autres formes de mauvais traitements et des violences sexuelles, y compris le viol, et sont perpétrés dans le but d’éradiquer le peuple palestinien dans son ensemble.

Tous les pays et les organisations internationales concernées doivent prendre des mesures rapides et décisives pour mettre un terme aux crimes généralisés et systématiques d’Israël consistant à tuer, à torturer et à commettre d’autres violations graves contre les prisonniers et détenus palestiniens. Les détenus qui ont été arrêtés arbitrairement doivent être libérés sans conditions, immédiatement. De plus, les organisations locales et internationales doivent être immédiatement autorisées à rendre visite aux détenus, qui doivent avoir la possibilité de choisir leur propre avocat.

Les pratiques de détention arbitraire notoires d’Israël, telles que la détention administrative et la détention en vertu de la « loi sur les combattants illégaux », doivent cesser. Ces pratiques constituent une violation flagrante du droit international et sont utilisées comme un outil répressif systématique pour affaiblir la volonté palestinienne, déchirer le tissu social qui les maintient ensemble et nier aux Palestiniens leurs droits fondamentaux.

Pour garantir la justice pour les victimes palestiniennes et que l’occupation israélienne soit tenue responsable de ses violations, les organisations de défense des droits humains et les médias doivent intensifier leurs efforts pour faire pression sur le gouvernement israélien afin qu’il mette un terme à ses crimes en cours. En outre, ces groupes doivent s’efforcer de mettre en lumière les souffrances des prisonniers et détenus palestiniens et de partager les témoignages de ces personnes sur les crimes horribles auxquels elles sont confrontées.

La Cour pénale internationale doit enquêter sur les crimes, soumettre des rapports spécialisés concernant les crimes commis contre les prisonniers et détenus palestiniens dans les prisons et centres de détention israéliens, en particulier après le 7 octobre 2023, et émettre des mandats d’arrêt contre tous les auteurs. Toutes les nations concernées doivent s’assurer que les auteurs de ces crimes sont poursuivis et traduits devant la Cour pour être jugés.

Israël doit immédiatement mettre fin à son crime de disparition forcée contre les prisonniers et détenus palestiniens de la bande de Gaza ; révéler tous les camps de détention secrets ; révéler les noms, le lieu où se trouvent et le sort de tous les Palestiniens qu’il détient dans la bande de Gaza ; et assumer l’entière responsabilité de la sécurité et du bien-être de ces personnes. Ces exigences doivent venir de la communauté internationale.

Article en anglais sur EuroMedMonitor / Traduction MR