Plus de 100.000 Palestiniens auraient été tués à Gaza, selon un important institut allemand

Middle East Eye, 25 novembre 2025.– Au moins 100.000 Palestiniens auraient été tués lors de la guerre menée par Israël à Gaza, selon une nouvelle étude publiée par l’Institut Max Planck de recherche démographique (MPIDR), l’un des principaux instituts de recherche allemands.

Le MPIDR a publié un rapport mardi, concluant que le nombre de personnes tuées dans la bande de Gaza est nettement supérieur aux chiffres communiqués par le ministère palestinien de la Santé.

Le MPIDR est le deuxième plus grand institut de recherche démographique d’Europe et l’un des plus importants au monde.

L’étude estime que 78.318 personnes ont été tuées à Gaza entre le 7 octobre 2023 et la fin de l’année 2024, directement à cause de la guerre. Dans une analyse ultérieure, les auteurs ont constaté qu’au 6 octobre 2025, le nombre de décès liés au conflit à Gaza avait probablement dépassé les 100.000.

Selon le ministère palestinien de la Santé à Gaza, au moins 69.733 personnes ont été tuées par la guerre israélienne à Gaza.

Le rapport du MPIDR cite le ministère de la Santé de Gaza, le Centre d’information israélien pour les droits de l’homme dans les territoires occupés (B’Tselem), deux entités des Nations Unies, dont le Bureau de la coordination des affaires humanitaires et le Groupe interinstitutions pour l’estimation de la mortalité infantile, et le Bureau central palestinien des statistiques parmi les sources publiques utilisées pour la collecte de ses données.

« L’espérance de vie à Gaza a chuté de 44 % en 2023 et de 47 % en 2024 par rapport à ce qu’elle aurait été sans la guerre, soit une perte respective de 34,4 et 36,4 ans », indique le rapport.

La guerre d’Israël contre Gaza a débuté après l’attaque du 7 octobre 2023 menée par le Hamas dans le sud d’Israël.

Génocide

Au cours des deux années suivantes, Israël a réduit l’enclave en ruines lors d’une offensive que l’ONU, des experts des droits de l’homme, des spécialistes du génocide et des dizaines de dirigeants mondiaux ont qualifiée de génocide.

Le récent rapport de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) indique que les bombardements de l’enclave ont créé un « abîme d’origine humaine ».

Bien que le bilan des victimes établi par l’Institut Max Planck soit bien supérieur à celui du ministère palestinien de la Santé, l’étude s’est abstenue de se prononcer sur la qualification de génocide de l’offensive israélienne.

« L’étude a également constaté que la répartition par âge et par sexe des décès violents à Gaza entre le 7 octobre 2023 et le 31 décembre 2024 était très similaire aux profils démographiques observés dans plusieurs génocides documentés par le Groupe interinstitutions des Nations Unies pour l’estimation de la mortalité infantile (UN IGME). »

« Le génocide étant un terme juridique très précis, certains critères supplémentaires doivent être remplis pour qu’il soit applicable. Ce n’était pas l’objet de cette étude », précise le rapport.

Les chercheurs ont toutefois détaillé la modélisation statistique utilisée pour déterminer ce qu’ils ont appelé la « mortalité liée au conflit » à Gaza.

« Nos estimations de l’impact de la guerre sur l’espérance de vie à Gaza et en Palestine sont significatives, mais ne représentent probablement qu’une estimation minimale de la mortalité réelle », a déclaré Ana C. Gomez-Ugarte, l’une des auteures du rapport.

« Notre analyse porte exclusivement sur les décès directement liés au conflit. Les effets indirects de la guerre, souvent plus importants et plus durables, ne sont pas pris en compte dans nos calculs », a-t-elle ajouté.

Un cessez-le-feu négocié par les États-Unis à Gaza est entré en vigueur le 11 octobre. Cependant, Israël a continué de frapper l’enclave en violation de l’accord.

Selon les autorités de Gaza, au moins 339 Palestiniens ont été tués par des frappes israéliennes, et près de 500 violations du cessez-le-feu ont été recensées.

Article original en anglais sur Middle East Eye / Traduction MR