Le siège israélien transforme Tulkarem en Cisjordanie en « camp fantôme » et des dizaines de milliers de personnes sont déplacées

The Cradle, 9 juillet 2025. Depuis janvier, les forces d’occupation israéliennes ont déplacé de force des dizaines de milliers de Palestiniens du nord de la Cisjordanie occupée, transformant des camps de réfugiés comme Tulkarem en ce que les autorités locales qualifient désormais de « camps fantômes ».

Photo B’Tselem

Lors d’une vaste opération impliquant bulldozers, drones et chars de combat, les troupes israéliennes ont rasé des habitations et des infrastructures dans les camps de réfugiés de Tulkarem, Nour Shams et Jénine, forçant les habitants à se réfugier dans des abris de fortune, des écoles et des terres agricoles avoisinantes.

« Ce qui se passe à Tulkarem est une décision politique israélienne ; le problème n’a rien à voir avec la sécurité », a déclaré le gouverneur de Tulkarem, Abdullah Kamil, le 30 juin, avertissant qu’« il ne reste plus rien dans le camp ».

Les forces israéliennes ont détruit au moins 106 maisons et 104 autres structures à Tulkarem et Nour Shams ces dernières semaines seulement, dans le cadre d’une campagne militaire décrite comme l’une des plus importantes depuis la seconde Intifada.

L’armée israélienne affirme que ces démolitions sont nécessaires pour « permettre aux forces d’opérer librement et de se déplacer sans entrave dans la zone ». Elle insiste sur le fait que les destructions sont effectuées « après avoir envisagé d’autres options » et qu’elles sont conformes au droit international.

Le camp de réfugiés Nour Shams, à Tulkarem (photo Mariam Barghouti)

Cependant, des images satellite et des images de Reuters montrent de larges routes traversant les camps où se trouvaient autrefois des bâtiments, les habitants chargeant le peu qu’ils pouvaient sauver dans des camions.

Malik Lutfi, père de six enfants, a été expulsé de son domicile à Tulkarem il y a six mois et vit désormais dans une seule pièce à l’extérieur de la ville, incapable de retourner à son magasin ou de gagner sa vie. « Si nous voulons reconstruire, cela prendra beaucoup de temps », a-t-il déclaré.

B’Tselem, une organisation israélienne de défense des droits humains, a indiqué qu’environ 40.000 Palestiniens ont été déplacés par l’opération. « Israël a commencé à reproduire les tactiques et les doctrines de combat perfectionnées lors de son offensive actuelle sur Gaza », a déclaré Shai Parnes de B’Tselem, évoquant « des destructions généralisées et délibérées d’habitations et d’infrastructures civiles ».

Selon l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), ces opérations « s’intensifient à un rythme alarmant », des camps entiers étant désormais inhabitables. L’UNRWA a averti que ces destructions « évoquent le souvenir de la seconde Intifada » et a prédit le même sort pour d’autres camps du nord.

L’historienne palestinienne Maha Nassar a décrit ce déplacement comme « le plus important depuis 1967 », avertissant que la rhétorique qui l’accompagne vise à « normaliser l’idée d’un déplacement forcé permanent ».

Les démolitions massives s’accompagnent d’une recrudescence des attaques de colons sous protection militaire. Selon l’agence de presse WAFA, des colons ont récemment incendié des champs de blé à Sebastia et déraciné des oliviers à Hébron.

Vu sur X : « Du nouvel avant-poste de Brukhin (colonie) directement vers le visage hideux du village (Bruqin) » (source)

Dans la ville de Bruqin, des colons ont incendié des maisons et des véhicules lors d’un siège militaire suite à l’assassinat d’un colon israélien.

Jamal Jumaa, responsable de la campagne Stop the Wall, a déclaré que ces actions combinées visaient à ouvrir la voie à l’annexion. « Ils veulent se débarrasser de la question des réfugiés, car c’est la preuve de leur crime de génocide massif de 1948. »

Article original en anglais sur The Cradle / Traduction MR