Effondrement du site d’aide « humanitaire » américain à Gaza au milieu de tirs israéliens

Al Mayadeen, 27 mai 2025.- Dans le cadre du plan de nettoyage ethnique, la dernière tentative de distribution d’aide à Rafah a basculé dans le chaos mardi. Le mécanisme de distribution, géré par les États-Unis et mis en place par la Fondation humanitaire pour Gaza pour repousser les populations vers le sud de la bande de Gaza, a échoué de manière catastrophique, a rapporté un correspondant d’Al Mayadeen sur place.

Affamés, des dizaines de milliers de Palestiniens ont pris d’assaut le centre de distribution d’aide américano-israélien [GHF] à Rafah, dans le sud de Gaza. Capture d’écran de la VIDEO de Suppressed News. sur X.

Le site se serait effondré en raison de la surpopulation, de la désorganisation et du manque de contrôle de la part de l’entreprise de supervision, entraînant la destruction d’une grande partie de l’installation.

Sur ces images, on peut voir des individus masqués portant des gilets rouges et bleus – des collaborateurs liés au groupe Yasser Abu Shabab – qui servaient d’intermédiaires entre la population, l’armée israélienne et les forces américaines, distribuant de l’aide à la main. Capture d’écran VIDEO sur Suppressed News. sur X.

Les scènes montraient le spectacle poignant de personnes conduites dans des passages étroits et bondés, faits de clôtures métalliques et de barbelés, rappelant les camps de concentration nazis de la Seconde Guerre mondiale.

Photo Suppressed News. sur X.

L’effondrement a été aggravé par les tirs à balles réelles des hélicoptères d’occupation israéliens, qui ont visé les environs du centre de distribution, semant la panique parmi les civils rassemblés. Des médias israéliens, dont Yedioth Ahronoth, ont confirmé que les forces d’occupation israéliennes avaient ouvert le feu nourri sur les Palestiniens de Gaza qui avaient pris d’assaut le complexe humanitaire.

Le même média a également affirmé que le personnel armé engagé par l’entreprise américaine supervisant le site avait fui les lieux face à la poussée de la foule. En réponse, les commentateurs israéliens ont critiqué l’incident, le qualifiant de nouvelle faille sécuritaire similaire aux précédentes défaillances de l’axe Netzarim, pointant du doigt la « privatisation des tâches de sécurité en territoire hostile par des entrepreneurs étrangers ».

VIDEO Suppressed News. sur X 

Le système d’aide reflète une « politique systématique de famine »

Dans un communiqué ferme, le bureau des médias du gouvernement à Gaza a condamné l’échec du plan de distribution d’aide de Rafah, accusant l’occupation israélienne de sabotage délibéré. ​​« L’occupation a complètement échoué dans son projet de distribution d’aide dans les zones de ségrégation raciale », peut-on lire dans le communiqué. Il a également affirmé que l’ingérence de l’occupation dans le centre de distribution d’aide « expose l’effondrement du soi-disant processus humanitaire qu’elle prétend mener », qualifiant cette scène de « preuve irréfutable de l’incapacité de l’occupation à gérer la crise qu’elle a intentionnellement créée ».

Le bureau a dénoncé la création de zones isolées, appelées « ghettos », pour la distribution d’une aide limitée, une politique délibérée visant à perpétuer la famine et à démanteler le tissu social de Gaza.

Accusant le régime israélien d’utiliser l’aide humanitaire comme arme de guerre et d’extorsion politique, le bureau a tenu l’occupation pleinement responsable de l’aggravation de la crise alimentaire et de l’effondrement humanitaire.

Appels à l’ONU pour l’ouverture des points de passage frontaliers

Le Bureau des médias de Gaza a réitéré son rejet total de tout projet impliquant des zones tampons ou des soi-disant couloirs humanitaires gérés par l’occupation israélienne. Il a exigé un accès immédiat et sans restriction à l’aide humanitaire, exhortant les Nations Unies à agir rapidement pour ouvrir les points de passage et permettre aux agences humanitaires d’opérer librement et en toute indépendance.

La déclaration a également appelé les commissions d’enquête internationales à documenter ce qu’il qualifie de crime de guerre de famine et à tenir les dirigeants de l’occupation responsables devant la justice.

En outre, le Bureau a appelé les nations arabes et islamiques à intervenir et à activer les canaux humanitaires indépendants afin de briser le blocus imposé à la bande de Gaza.

Les événements de Rafah ouvrent un nouveau chapitre sombre de la catastrophe humanitaire actuelle à Gaza, mettant en lumière les graves conséquences de l’acheminement de l’aide militarisée et de la logistique gérée par des étrangers au sein d’une population déchirée par la guerre et assiégée.

Démission du PDG du groupe

Jake Wood, directeur exécutif de la Fondation humanitaire pour Gaza (GHF), soutenue par les États-Unis, a annoncé sa démission dimanche, affirmant que le modèle d’aide du groupe ne pouvait être mis en œuvre sans violer les principes humanitaires fondamentaux.

Ce départ jette une nouvelle incertitude sur l’avenir de l’initiative soutenue par l’occupation israélienne et les États-Unis visant à acheminer l’aide alimentaire dans l’enclave assiégée, en contournant les structures d’aide traditionnelles.

La semaine dernière, le Bureau des médias du gouvernement de Gaza a annoncé dans un communiqué que le blocus brutal imposé par Israël à l’aide humanitaire avait tué des centaines de Gazaouis et entraîné une forte augmentation des fausses couches.

« La politique de famine de l’occupation israélienne à Gaza a entraîné la mort de 326 personnes par malnutrition et manque de nourriture et de médicaments, ainsi que plus de 300 fausses couches chez les femmes enceintes en seulement 80 jours », a déclaré le bureau. Dans une déclaration publique, Wood a déclaré qu’il était fier du plan qu’il avait élaboré, qui visait à distribuer 300 millions de repas en 90 jours tout en répondant aux préoccupations de détournement et en complétant les ONG existantes.

Article original en anglais sur Al Mayadeen / Traduction MR