Crise de liquidités : Le blocus financier israélien intensifie les souffrances des civils à Gaza

EuroMed Monitor, 25 avril 2025. – L’aggravation de la crise de liquidités dans la bande de Gaza est profondément alarmante. Elle est la conséquence directe des actions israéliennes visant à démanteler les biens essentiels à la vie de la population civile de la bande, en particulier le système bancaire, par des destructions délibérées et un blocus total.

Le but de l’imposition par Israël de conditions de vie coercitives est de conduire à la destruction lente et systématique de la population palestinienne. Cela constitue un acte de génocide, interdit par le droit international, une violation flagrante du droit international humanitaire et une atteinte directe aux droits fondamentaux des Palestiniens, notamment les droits à la vie, à la dignité humaine, à un niveau de vie suffisant, à l’alimentation, à la santé, au logement et au travail. Depuis le début de son génocide dans la bande de Gaza en octobre 2023, Israël a empêché les banques et les institutions financières de faire entrer de l’argent liquide. Cette mesure s’est accompagnée de la destruction ciblée de sièges sociaux de banques et de distributeurs automatiques de billets, forçant la plupart d’entre eux à fermer et déclenchant une crise humanitaire et économique qui s’aggrave chaque jour. Ces mesures s’inscrivent clairement dans un effort systématique visant à éliminer tout moyen de survie pour les Palestiniens de la bande de Gaza.

Les conséquences de la grave pénurie de liquidités sont devenues presque insupportables, surtout après plus de 18 mois de génocide en cours. Les services bancaires, y compris les simples retraits et dépôts, étant pratiquement inexistants, les résidents ont été contraints de se tourner vers le marché noir, où des commissions élevées épuisent encore davantage leurs ressources déjà rares.

Ces conditions ont intensifié les difficultés financières, économiques et psychologiques de la population, en particulier les souffrances des groupes les plus vulnérables, comme les familles à faibles revenus. Ces familles constituent désormais la majorité de la population de la bande de Gaza, en raison de la perte généralisée et de la destruction délibérée des moyens de subsistance dans le cadre de la politique systématique israélienne de famine et d’appauvrissement.

Les employés, les chefs d’entreprise et les familles qui dépendent des transferts de fonds de l’étranger ne peuvent désormais accéder à l’argent liquide que par des canaux informels contrôlés par un petit groupe de commerçants et de changeurs. Ces acteurs monopolisent les flux de trésorerie et exploitent les besoins publics, prélevant des commissions allant jusqu’à 35 %. Tout cela se déroule en l’absence totale de toute surveillance et de toute responsabilisation, en raison de la sape systématique de l’ordre public par Israël et du démantèlement consécutif des systèmes de sécurité et de justice de la bande de Gaza.

La plupart des habitants de l’enclave assiégée ont perdu leurs moyens de subsistance, soit parce que leurs soutiens de famille ont été tués ou blessés, soit à cause des destructions massives causées par Israël. Ceux qui perçoivent encore leur salaire ne peuvent pas y accéder en espèces, ce qui aggrave encore la crise humanitaire. Par conséquent, la grande majorité des habitants ne peuvent pas subvenir à leurs besoins fondamentaux, notamment la nourriture, les médicaments, le loyer et les coûts liés à la réinstallation et au transport en raison des déplacements forcés.

La crise s’aggrave de jour en jour, alimentée par la forte hausse des prix et les graves pénuries de biens de première nécessité dues au blocus illégal imposé par Israël, qui empêche l’entrée de l’aide humanitaire et des fournitures dans la bande de Gaza depuis plus de 50 jours. Les destructions généralisées et systématiques ont également créé une pénurie de logements, aggravant encore les souffrances de la population et menaçant sa survie même.

Dans une déclaration à Euro-Med Monitor, Malek Hamed, 36 ans et résident de la ville de Gaza, a déclaré : « Je travaille dans une université locale et je ne reçois qu’une partie de mon salaire, soit 300 dollars, depuis le début de la guerre. Les banques étant fermées et sans moyen de retirer mon salaire, je suis obligé d’aller chez un commerçant pour obtenir de l’argent liquide, qui prélève plus d’un tiers de la somme en guise de frais. »

Hamed a ajouté : « Malgré des coûts exorbitants et de nombreuses obligations, ma plus grande préoccupation est l’extrême difficulté à obtenir de l’argent liquide pour acheter des médicaments pour mon fils de 3 ans, Anas, qui souffre d’un grave trouble neurologique appelé syndrome de Dravet. Des médicaments d’une valeur d’environ 110 dollars par mois sont essentiels pour contrôler sa maladie, ce qui représente plus de la moitié de mon salaire actuel. Cependant, la seule option est de sécuriser la somme en espèces pour sauver la vie de mon enfant. »

Hassan Salah, 42 ans, un employé de l’Autorité palestinienne qui a à sa charge six membres de sa famille, s’est également entretenu avec Euro-Med Monitor. « À cause de la guerre et du blocus, les prix ont augmenté plusieurs fois et mes charges financières ont largement dépassé mes revenus », a-t-il déclaré. « Mon salaire est d’environ 420 dollars, mais je ne peux pas le percevoir intégralement à cause de la fermeture des banques. Je vais au bureau de change pour le retirer en espèces, mais il est réduit à environ 290 dollars à cause de la commission. »

Salah a poursuivi : « Comme la plupart des habitants de Gaza, j’ai été déplacé à plusieurs reprises et j’ai dû faire face à de lourdes charges financières. Avec le renforcement du blocus, les prix des produits de base ont grimpé en flèche et je ne peux même pas fournir assez de farine pour ma famille. Emprunter n’est pas une option, car la plupart des gens sont dans la même situation financière, voire pire. »

Le ciblage direct du secteur financier de la bande de Gaza – notamment un blocus financier complet, des restrictions à l’entrée d’argent liquide et la destruction des infrastructures bancaires – constitue non seulement une attaque physique contre l’économie, mais aussi un outil central de la politique israélienne de famine et de destruction massive.

Ces actions violent de manière flagrante les obligations d’Israël en tant que puissance occupante en vertu du droit international, qui l’oblige à garantir le bien-être économique et social de base et à ne pas entraver le fonctionnement des institutions civiles telles que les banques et les institutions financières, qui sont vitales pour la survie de la population occupée. Au lieu de cela, Israël épuise délibérément les ressources monétaires de la bande de Gaza, créant une réalité financière étouffante qui est indissociable de sa campagne plus large de génocide, en utilisant la privation financière pour bloquer la vie civile et détruire la capacité collective à survivre.

Les politiques d’Israël constituent une violation flagrante du droit international des droits de l’homme, y compris des droits inaliénables tels que le droit à la vie ; le droit de jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible ; le droit à un niveau de vie suffisant, y compris une alimentation, un logement et des vêtements adéquats ; le droit de travailler dans des conditions justes et favorables ; et le droit à la protection sociale.

Refuser délibérément aux habitants de la bande de Gaza l’accès aux ressources financières de base et à la capacité de répondre à leurs besoins vitaux les contraint à des conditions inhumaines, violant leur dignité et les privant de sécurité fondamentale. De telles actions violent directement les obligations juridiques d’Israël en vertu des traités relatifs aux droits de l’homme, notamment le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, qui l’oblige à respecter, protéger et réaliser ces droits sans discrimination.

La communauté internationale, en particulier les États parties aux Conventions de Genève et au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, doivent prendre des mesures urgentes et concrètes pour mettre fin aux violations systématiques commises par Israël contre les civils dans la bande de Gaza, en particulier l’utilisation par Israël de la privation financière comme outil pour détruire la population palestinienne.

Une pression internationale immédiate est nécessaire pour contraindre Israël à lever son blocus illégal de la bande de Gaza, y compris le blocus financier, et à autoriser le flux inconditionnel d’argent liquide, de salaires, de transferts de fonds et d’aide humanitaire, ainsi que la reprise complète et sûre des opérations bancaires.

Il est également urgent de lancer des enquêtes internationales indépendantes sur l’utilisation par Israël des politiques financières susmentionnées comme outil de génocide, et d’activer des mécanismes de responsabilisation aux niveaux national et international, y compris la poursuite des personnes impliquées dans la conception et l’exécution de ces politiques.

Tous les États, individuellement et collectivement, doivent remplir leurs obligations légales et prendre des mesures urgentes pour mettre fin au génocide israélien dans la bande de Gaza. Cela inclut la prise de mesures efficaces pour protéger les civils palestiniens, garantir le respect par Israël du droit international et des décisions de la Cour internationale de justice, et le tenir responsable de ses crimes contre le peuple palestinien. La Cour pénale internationale doit émettre des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien et l’ancien ministre de la Défense dans les meilleurs délais et veiller à ce qu’ils soient traduits en justice internationale.

La communauté internationale doit imposer des sanctions économiques, diplomatiques et militaires à Israël pour ses violations systématiques et graves du droit international. Ces sanctions devraient inclure un embargo sur les armes ; la fin de tout soutien politique, financier et militaire ; le gel des avoirs des responsables impliqués dans des crimes contre les Palestiniens ; l’imposition d’interdictions de voyager ; et la suspension des privilèges commerciaux et des accords bilatéraux qui procurent à Israël des avantages économiques permettant la poursuite de ses crimes.

Article original en anglais sur Euromedmonitor.org / Traduction MR