Témoignages de Gazaouis : La survie qui s’organise au jour le jour dans l’enfer de Gaza – partie 337 / 16 mars (1) – Le Ramadan, un mois de jeûne à l’ombre de la guerre

Brigitte Challande, 18 mars 2025. Ce n’est plus supportable, on se demande jusqu’où ça ira en recevant le texte d’Abu Amir ce 16 mars au soir : des conséquences qui dureront des années.

Gaza, 18 mars. Au moins 350 morts sous les bombardements de l’armée d’occupation.

« Le Ramadan à Gaza : entre l’ombre de la guerre et la tragédie humanitaire

Le mois de Ramadan arrive cette année pour plus de deux millions de Palestiniens dans la bande de Gaza côtière, dans des conditions humanitaires désastreuses et une atmosphère de guerre qui ne s’est pas réellement arrêtée, malgré l’annonce d’un cessez-le-feu temporaire. L’ombre de la guerre plane toujours sur la population gazaouie, qui vit dans une angoisse permanente face aux menaces israéliennes incessantes de reprendre les opérations militaires, notamment après la fin de la première phase de l’accord de cessez-le-feu, le 2 mars dernier. Cet accord n’a eu aucun impact tangible sur la vie des habitants, épuisés par 15 mois de guerre continue depuis son déclenchement le 7 octobre 2023.

Un Ramadan sous la menace et le blocus

Les habitants de Gaza vivent ce mois sacré dans des conditions radicalement différentes des années précédentes. L’ambiance festive et spirituelle habituelle a laissé place à des scènes de destruction et de souffrance. Beaucoup redoutent un retour imminent des bombardements, alors que l’armée israélienne continue d’émettre des menaces explicites de reprendre la guerre. Malgré l’annonce d’un cessez-le-feu, les attaques israéliennes n’ont pas cessé. Des tirs sporadiques, des bombardements localisés et des agressions contre des civils continuent de faire des victimes. Par ailleurs, Israël empêche l’acheminement de l’aide humanitaire indispensable à la survie de milliers de familles.

Conditions de vie catastrophiques et pénurie alimentaire

En plus des menaces militaires, les habitants de Gaza font face à une crise économique et alimentaire sans précédent. En raison du blocus imposé par Israël et de la fermeture des points de passage, de nombreux produits ont disparu des marchés, et les prix ont explosé, rendant l’accès aux denrées de base pratiquement impossible pour de nombreuses familles. Selon le commissaire général de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, la majorité des Gazaouis dépendent entièrement de l’aide humanitaire pour survivre. Les organisations locales et internationales alertent sur le risque imminent de famine, qui pourrait frapper Gaza si Israël continue de bloquer les livraisons d’aide.

Des attaques continues malgré le cessez-le-feu

Loin d’apporter un répit aux Gazaouis, le cessez-le-feu n’a pas mis fin aux agressions israéliennes. Les forces israéliennes poursuivent leurs attaques contre les civils, avec des raids aériens ponctuels, des tirs à balles réelles et des arrestations arbitraires. L’armée israélienne maintient également un contrôle strict sur les mouvements des habitants, tandis que les drones et les avions de surveillance survolent constamment le territoire, instaurant un climat de peur permanente.

Une crise environnementale : plus de 500.000 tonnes de déchets à Gaza

À la catastrophe humanitaire s’ajoute une crise environnementale majeure. En raison de la guerre et du blocus, plus de 500.000 tonnes de déchets s’entassent dans les rues des villes et des quartiers résidentiels, dont 200.000 tonnes qui n’ont pas été évacuées depuis plusieurs mois. L’armée israélienne empêche depuis le début de la guerre l’évacuation des déchets vers les sites de stockage situés à l’est de la bande de Gaza, aggravant ainsi la pollution et les risques sanitaires. Avec la hausse des températures, la situation devient encore plus alarmante : les moustiques, les insectes et les odeurs nauséabondes se propagent rapidement, tandis que les liquides toxiques issus des déchets se répandent, posant une menace directe sur la santé publique.

Une vie réduite à des tentes

L’armée israélienne a détruit tous les aspects de la vie urbaine à Gaza : maisons, infrastructures, écoles, universités, mosquées et hôpitaux. Aujourd’hui, les tentes sont devenues la seule option pour des centaines de milliers de personnes. Les Gazaouis dorment dans des tentes, prient dans des tentes et enseignent à leurs enfants sous ces mêmes abris de fortune. Cette guerre folle a imposé un mode de vie inédit et cruel aux Palestiniens, qui luttent pour survivre dans des conditions insupportables.

Des conséquences qui dureront des années

L’impact de cette guerre ne se limitera pas aux destructions matérielles. Les blessures psychologiques et sociales laissées par le conflit pèseront lourdement sur l’avenir de Gaza. Sans une reconstruction immédiate et efficace, les Gazaouis resteront enfermés dans un cycle de souffrance et de précarité. La guerre a laissé derrière elle des ruines et du désespoir, et seule une mobilisation internationale massive pourrait permettre un véritable effort de reconstruction, donnant aux habitants une chance de retrouver l’espoir d’une vie digne et normale.


Retrouvez l’ensemble des témoignages d’Abu Amir et Marsel :

*Abu Amir Mutasem Eleïwa est coordinateur des Projets paysans depuis 2016 au sud de la bande de Gaza et correspondant de l’Union Juive Française pour la Paix.

*Marsel Alledawi est responsable du Centre Ibn Sina du nord de la bande de Gaza, centre qui se consacre au suivi éducatif et psychologique de l’enfance.

Tous les deux sont soutenus par l’UJFP en France.

Cliquez ici pour consulter les Témoignages du 20 novembre 2023 au 5 janvier 2025.

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Pour participer à la collecte « Urgence Guerre à Gaza » : HelloAsso.com
Les témoignages sont également publiés sur UJFPAltermidi et sur Le Poing.