Al Mayadeen, 28 février 2025. Toutes les formations militaires israéliennes ont subi un échec « historique et sans précédent » dans leur tentative de repousser l’opération Déluge d’Al-Aqsa de la Résistance palestinienne, leur niveau de préparation ayant été jugé « nul », a révélé une enquête menée par l’armée israélienne, dont les conclusions ont été publiées jeudi.

« Il n’y a qu’à Gaza que le prisonnier embrasse le geôlier. »

La direction du renseignement militaire (Aman) d' »Israël » n’a pas réussi à comprendre le Hamas pendant des années, a souligné l’enquête.

Le journal israélien Maariv a cité de hauts responsables militaires qui ont déclaré que « l’échec a des dimensions historiques et nécessite une étude sur des générations ». Une source de haut rang a ajouté que les enquêtes ne fournissent pas d’explications rassurantes.

Le 7 octobre 2023, le Hamas a réussi à frapper le commandement et le contrôle de l’armée israélienne dans les premières minutes de son opération multiforme, qui impliquait des assauts terrestres, aériens et maritimes.

Les médias israéliens ont rapporté que la plupart des commandants de terrain, des chefs de peloton et de compagnie aux commandants de bataillon, ont été tués dès le début de l’attaque, y compris trois commandants de brigade.

Les enquêtes de l’armée ont souligné un manque total de préparation dans toutes les formations, notamment l’effondrement des services de renseignement d’Aman et du Shin Bet, soulignant que la division Gaza de l’armée israélienne « a été défaite dans les deux premières heures de l’opération ».

Selon Maariv, l’armée israélienne a mené 77 enquêtes sur la guerre, divisées en cinq catégories : évaluations générales du cadre opérationnel du Hamas, échecs du renseignement, prise de décision dans la nuit du 6 au 7 octobre, réponse de l’armée à l’attaque et enquêtes spécifiques à la bataille.

Au cœur de ces enquêtes se trouve la question centrale : comment « Israël » s’est-il retrouvé sous une attaque aussi meurtrière sans qu’aucune de ses formations de renseignement ne donne d’avertissement ? Comment « Israël » a-t-il permis à la Résistance palestinienne de « grandir et de se développer à quelques mètres des colonies israéliennes le long de la frontière » ?

Le Hamas a planifié l’opération depuis plus d’une décennie

Maariv a également révélé que le Hamas planifiait l’opération depuis plus d’une décennie. Les enquêtes militaires israéliennes indiquent que le principal catalyseur de l’effondrement d' »Israël » le 7 octobre a été l’opération dite « Gardien des murs » de 2021, après laquelle le Hamas a commencé à reconnaître sa capacité à vaincre « Israël ».

Selon le journal, le Hamas a travaillé à plusieurs niveaux, en mettant l’accent sur le renforcement de ses capacités à exécuter son plan opérationnel stratégique. Simultanément, le groupe palestinien a lancé un plan-leurre que les responsables militaires israéliens décrivent comme l’un des plus importants de l’histoire militaire.

Les enquêtes de l’armée israélienne ont en outre révélé que le Hamas était sur le point d’exécuter son opération à deux reprises avant le 7 octobre, mais l’a annulée à la dernière minute : d’abord en octobre 2022, puis en avril 2023 pendant la fête juive de Pessah.

Les deux fois précédentes, ainsi que le 7 octobre, ni Aman ni le Shin Bet n’ont anticipé l’attaque ni émis d’avertissement à ce sujet.

Le journal souligne que pendant toute une décennie, les dirigeants militaires et politiques israéliens ont cru avoir dissuadé le Hamas et qu’il s’orientait vers un règlement, alors qu’en réalité, la direction du Hamas – sous la direction de Yahya Sinwar et de son équipe – se préparait à l’opération du 7 octobre.

Les enquêtes ont décrit « Israël » comme « aveugle » à plusieurs niveaux – politique, militaire et de renseignement –, n’ayant pas anticipé l’attaque et souffrant d’un manque persistant de compréhension de la réalité.

Elles ont également identifié au moins dix signes au fil des ans qui auraient pu indiquer une erreur de jugement d’ »Israël », mais ils ont été ignorés.

L’« aveuglement » israélien, ont précisé les enquêtes, était enraciné dans une culture organisationnelle qui s’était profondément ancrée dans l’ensemble de l’appareil sécuritaire ces dernières années.

Au sein de l’armée et au niveau politique, personne n’a contesté les décisions des échelons supérieurs, ce qui a créé une réalité déformée dans laquelle, même lorsque des renseignements inhabituels ont fait surface, les analystes d’Aman et du Shin Bet ont cherché à justifier les hypothèses existantes sur les intentions du Hamas plutôt qu’à les remettre en question.

Les enquêtes ont également mis en évidence une « culture du renseignement » problématique qui fonctionnait sur l’hypothèse selon laquelle « Israël savait » tout, plutôt que de se demander s’il existait des lacunes fondamentales dans sa compréhension.

Le journal a noté qu’au sein de l’armée israélienne, il existe un consensus sur le fait que les investigations sont difficiles et que l’armée a beaucoup à apprendre et à rectifier.

Cependant, les officiers supérieurs estiment qu’il faut pousser les enquêtes plus loin, par la création d’une commission d’enquête officielle pour examiner les échecs du 7 octobre et tout ce qui l’a précédé.

Article original en anglais sur Al Mayadeen / Traduction MR