Partager la publication "Témoignages de Gazaouis : La survie qui s’organise au jour le jour dans l’enfer de Gaza – partie 198/21 octobre – Un texte d’Abu Amir qui qualifie cette guerre et un rapport d’activité"
Brigitte Challande, 21 octobre 2024. « Guerre immorale et politique d’impunité. La guerre dans la bande de Gaza a été le théâtre d’une série de violations et d’abus flagrants de la part de l’armées israélienne, qui démontre un manque total de contrôle dans le traitement des civils et un usage excessif et injustifié de la force ; des milliers de personnes innocentes ont été tuées ou blessées, d’innombrables biens ont été détruits.
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La violence excessive se manifeste par l’utilisation d’armes lourdes et de frappes aériennes sur des zones résidentielles densément peuplées, car les forces israéliennes n’ont pas pris la moindre précaution pour éviter de blesser les civils ou limiter les dommages collatéraux. Cette approche violente est toujours accompagnée d’une politique d’impunité totale, car les soldats israéliens ne sont pas tenus pour responsables des massacres et des actes de génocide qu’ils commettent contre les Palestiniens, en violation de toutes les lois et conventions internationales.
Au cours de cette guerre, les organisations locales et internationales de défense des droits de l’homme ont enregistré un grand nombre de cas mettant en évidence la destruction délibérée d’infrastructures, notamment le ciblage d’hôpitaux, d’écoles et d’abris de l’ONU, en violation flagrante du droit international humanitaire.
Non seulement les biens ont été détruits, mais des rassemblements de civils, y compris des femmes, des enfants et des personnes âgées, ont également été délibérément pris pour cible, reflétant un mépris total du principe de distinction entre cibles militaires et civiles, qui est l’un des fondements du droit international humanitaire.
De nombreux rapports confirment que les déclarations des dirigeants politiques et militaires israéliens favorisent un climat d’impunité et encouragé les soldats à continuer de commettre des crimes contre les Palestiniens. Ces déclarations incluent des expressions racistes qui promeuvent le mépris de la vie des Palestiniens, ce qui conduisent à une escalade de la violence et à la justification des massacres comme faisant partie de « l’effort de guerre », au mépris des droits de l’homme et du respect des principes du droit international.
L’un des exemples les plus brutaux pendant la guerre contre Gaza est le ciblage d’habitations civiles avec des missiles lourds et des bombardements aériens, qui ont conduit à l’effondrement complet des bâtiments au-dessus de la tête de leurs habitants.
Malgré les avertissements des organisations internationales sur la nécessité de protéger les civils et d’assurer leur sécurité, les forces israéliennes continuent de mener leurs opérations militaires avec la même approche violente, ce qui témoigne de la stratégie de destruction globale poursuivie par les forces d’occupation dans la bande de Gaza.
La guerre de Gaza est également caractérisée par le phénomène de la « vantardise » concernant le massacre de civils et la destruction de leurs biens, comme en témoignent les photos et vidéos de soldats célébrant leurs massacres contre les Palestiniens diffusées sur les réseaux sociaux israéliens, ce qui montre une absence de tout contrôle moral ou militaire régissant leur comportement. Cette vantardise envoie un message clair aux autres soldats, montrant que les crimes contre les civils ne sont pas seulement un effet secondaire de la guerre, mais font partie de la stratégie suivie.
Les abus commis par l’armée israélienne incluent également la détention et les mauvais traitements de civils lors d’incursions terrestres. De nombreux cas de torture et d’humiliations publiques ont été signalés, en plus de l’exécution sommaire de civils sans aucun procès ni responsabilité légale.
Dans le cadre de la guerre psychologique, des haut-parleurs et des drones sont utilisés pour diffuser des messages de menaces et d’intimidation, qui augmentent les souffrances de la population civile sous un siège à long terme qui rend de plus en plus difficile pour elle d’obtenir les besoins de base.
L’une des violations les plus significatives qui accompagnent cette guerre est le ciblage du personnel médical et des ambulances ; les équipes de secours sont directement ciblées alors qu’elles tentent d’évacuer les blessés et de les transporter vers les hôpitaux. Ce comportement constitue une violation flagrante du droit international humanitaire, qui stipule la protection du personnel médical et le non-ciblage de ses victimes en toutes circonstances. En conséquence, de nombreux blessés ne reçoivent pas les soins de santé nécessaires, ce qui augmente le nombre de victimes civiles.
Le principal problème qui aggrave ces violations est l’absence de responsabilité juridique pour les soldats et les commandants responsables des crimes commis. Au fil des ans, aucune mesure juridique sérieuse n’a été prise contre les personnes impliquées dans les massacres ou le génocide contre les Palestiniens. Ignorer la responsabilité ouvre la porte à la poursuite et à la répétition de ces crimes à l’avenir, car les soldats se sentent complètement à l’abri de toute responsabilité interne ou internationale.
Malgré les appels internationaux répétés à mettre un terme à la violence et à demander des comptes aux responsables des crimes, Israël continue d’ignorer toute pression, invoquant des besoins de sécurité. Cet argument est utilisé pour justifier l’usage excessif de la force et les massacres commis contre des civils, reflétant une faille profonde dans les systèmes militaire et judiciaire israéliens, et favorisant un climat d’impunité qui soutient les crimes.
En conclusion, la guerre contre Gaza confirme qu’Israël continue de mener une politique de violence excessive et de génocide sans aucun égard pour le droit international et humanitaire. Il est impératif que la communauté internationale assume ses responsabilités en demandant des comptes aux dirigeants et aux soldats israéliens pour leurs crimes contre les Palestiniens et en s’efforçant d’assurer une véritable protection aux civils de la bande de Gaza, qui souffrent quotidiennement des horreurs de la guerre et du siège. La poursuite de cette situation sans que les responsables rendent des comptes ne fera qu’entraîner davantage de violations et une aggravation de la crise humanitaire dans la région. »
Une information de Marsel accompagnée de deux photos (ci-dessus)
« Commissaire général de l’UNRWA : Les agences humanitaires, dont l’UNRWA, doivent avoir accès au nord de Gaza. Le refus d’y faire entrer l’aide et l’utilisation de cette situation comme signe de la faiblesse de la boussole morale sont inacceptables. »
Dans ce contexte inhumain les équipes d’ Abu Amir continuent de travailler ….Une boussole !
« Programme de soutien psychologique pour les hommes
Les hommes sont souvent considérés comme les soutiens de famille, mais dans les circonstances actuelles de la guerre, leur capacité à répondre aux besoins de leur famille est devenue extrêmement limitée, ce qui exacerbe leur souffrance psychologique et augmente leur sentiment d’impuissance et de pression psychologique.
L’impact de la guerre sur les hommes va au-delà des dimensions physiques ; beaucoup ont perdu leur famille ou en ont été séparés pendant le déplacement, ce qui accentue les sentiments de solitude et de chagrin. Cette séparation forcée de leurs proches ajoute une dimension psychologique encore plus dure, car ils se retrouvent dans un environnement étranger et instable, sans aucun moyen d’assurer la sécurité et la protection de leur famille.
Ces hommes souffrent d’une pauvreté extrême et d’un chômage croissant, car les opportunités d’emploi sont au plus bas en raison de la destruction des infrastructures et du manque de stabilité économique ; la fourniture des nécessités les plus élémentaires de la vie est très difficile.
Dans ces circonstances, les sentiments de frustration et d’impuissance s’accumulent et se transforment souvent en formes de violence domestique ou de violence entre hommes eux-mêmes. Ces hommes se retrouvent piégés dans un cycle de frustration et d’incapacité à exprimer leurs sentiments ; les crises psychologiques sont exacerbées et les tensions au sein de la famille et de la société augmentent.
En réponse à ces défis, le Programme de soutien psychologique aux hommes a été lancé avec le soutien de l’UJFP-France il y a plus de six mois, dans le but de fournir un espace sûr aux hommes pour exprimer leurs sentiments et faire face au profond impact psychologique de la guerre. Le programme ciblait les hommes de Deir al-Balah et des camps environnants, en leur fournissant un soutien psychosocial par le biais de séances thérapeutiques et de diverses activités visant à améliorer la santé mentale des hommes et des jeunes.
Cette semaine, le programme a été proposé dans le camp d’Al-Quds au nord de Deir al-Balah, où un grand nombre d’hommes et de jeunes hommes ont participé à des séances de soutien. Les activités comprenaient des exercices sportifs, des jeux récréatifs et des dialogues ouverts qui ont permis aux hommes d’exprimer librement leurs sentiments et leurs pensées.
Au cours de l’atelier, certains jeunes ont parlé de la situation catastrophique dans laquelle ils vivent, expliquant comment le vide les fait se sentir désespérés et perdus. D’autres ont indiqué que leur vie semble bloquée sans aucune réalisation notable, car les guerres successives leur ont volé des années de vie, augmentant leur sentiment de frustration et d’impuissance. Quant aux hommes plus âgés, ils ont exprimé la profonde douleur qu’ils ressentent en raison de leur incapacité à assurer les besoins fondamentaux de leur famille. Ils ont décrit le sentiment de « mourir mille fois par jour » en voyant leurs enfants souffrir de la faim et de la pauvreté, sans pouvoir changer la réalité. Certains ont exprimé leur perte d’espoir que la guerre se termine bientôt, tout en soulignant les défis à venir qui augmenteront leurs souffrances pendant l’hiver à venir, qui devrait être beaucoup plus difficile que le précédent.
De nombreuses personnes déplacées dans les camps vivaient auparavant à Rafah, mais ont été forcées de déménager à Deir al-Balah en raison de la guerre actuelle. Elles souffrent d’une grave pénurie de vêtements d’hiver, de couvertures et de tentes adaptées, ce qui laisse présager une véritable catastrophe à l’approche de l’hiver. La détérioration des infrastructures dans les camps complique les chances d’amélioration des conditions de vie, car les services d’évacuation de l’eau ou de chauffage des tentes sont insuffisants, ce qui augmente le risque de maladies et de froid intense.
Le programme vise également à sensibiliser les hommes aux questions sanitaires et sociales et à leur permettre de développer des stratégies pour faire face aux circonstances difficiles. En leur offrant cet espace sûr, les hommes sont en mesure de nouer des relations positives, ce qui contribue à améliorer leur santé mentale et à réduire les tensions au sein de la famille et de la communauté. En fin de compte, le besoin de programmes de soutien psychologique reste urgent et pressant alors que la guerre continue et que les conditions de vie se détériorent. Fournir un soutien psychologique aux hommes améliore non seulement leur état psychologique, mais contribue également à créer un environnement plus stable et plus pacifique au sein de la société dans son ensemble. Ces programmes représentent une lueur d’espoir qui aide à renforcer la résilience psychologique des hommes, leur permettant de mieux faire face aux défis, ce qui augmente les chances de rétablir la stabilité de la communauté à l’avenir. »
Photos et vidéos ICI.
Retrouvez l’ensemble des témoignages d’Abu Amir et Marsel :
*Abu Amir Mutasem Eleïwa est coordinateur des Projets paysans depuis 2016 au sud de la bande de Gaza et correspondant de l’Union Juive Française pour la Paix.
*Marsel Alledawi est responsable du Centre Ibn Sina du nord de la bande de Gaza, centre qui se consacre au suivi éducatif et psychologique de l’enfance.
Tous les deux sont soutenus par l’UJFP en France.
Pour participer à la collecte "Urgence Guerre à Gaza" : HelloAsso.com
Les témoignages sont également publiés sur UJFP; Altermidi.org