Les colons du nord d’Israël se sentent « abandonnés » par le gouvernement alors que les attaques du Hezbollah se poursuivent

The Cradle, 25 août 2024. Les colons installés dans le nord d’Israël disent que le gouvernement de Tel Aviv les a « abandonnés » et qu’ils « ne comptent pas » après une importante attaque de roquettes et de drones du Hezbollah qui a ciblé des sites de renseignement sensibles, a rapporté Yedioth Ahronoth le 25 août.

23 août : Le Hezbollah cible la base aérienne du Mont Meron, l’une des deux principales bases aériennes d’Israël. Située au nord, c’est un centre stratégique pour l’ensemble de l’entité israélienne, et un centre de surveillance, de renseignement et de commandement militaire essentiel pour les interférences de guerre électronique. (source)

Tôt dimanche, l’armée israélienne a affirmé avoir lancé une attaque « préventive » avec 100 avions de guerre dans le sud du Liban après avoir prétendument reçu des renseignements sur une attaque de missiles et de drones à grande échelle du Hezbollah sur des zones du nord et du centre d’Israël, y compris des sites militaires près de Tel Aviv.

Le Hezbollah affirme que son attaque, qui est la première réponse à l’assassinat par Israël d’un haut commandant du Hezbollah à Beyrouth et qui a consisté à tirer plus de 300 roquettes et drones, a été un succès et qu’Israël n’a pas été en mesure de la devancer.

La décision présumée de lancer une frappe préventive uniquement lorsque la partie centrale du pays était menacée a suscité l’indignation des colons du nord. « Nous ne comptons pas », ont déclaré certains au Yedioth Ahronoth.

« Le sort de Kiryat Shmona est le même que celui de Tel-Aviv. L’État d’Israël a lancé une frappe préventive contre les habitants de la partie centrale du pays, tandis que les habitants du nord vivent sous les tirs depuis dix mois, loin de leurs maisons et de leurs familles », a déclaré Matan Dudian, un représentant des colons évacués.

En réponse à la guerre génocidaire d’Israël contre Gaza, le Hezbollah a ciblé ces dix derniers mois des sites militaires et de renseignement dans le nord ; plus de 100.000 colons ont été obligés d’évacuer leurs maisons, ce qui a provoqué l’effondrement de l’économie et des entreprises locales.

Les dirigeants de trois conseils municipaux du nord ont déclaré au média hébreu qu’ils couperaient tout contact avec tous les responsables gouvernementaux jusqu’à ce qu’il y ait une « solution complète et totale » pour les résidents et les enfants des colonies du nord.

« Nous ne vous intéressons plus depuis dix mois et demi, et à partir de maintenant, vous ne nous intéressez plus. N’appelez pas, ne venez pas, n’envoyez pas de messages. Nous avons réussi seuls jusqu’à présent, nous réussirons », selon une déclaration commune du chef du conseil régional de Mateh Asher, Moshe Davidovich, du maire de Metula, David Azoulay, et du conseiller régional de Haute Galilée, Giora Zaltz.

« Même si nous détruisions 6.000 missiles », comme l’a affirmé dimanche Israël, « cela ne représenterait que 3 % des capacités du Hezbollah. La menace ne fait que croître », a déclaré Giora Zaltz, chef du Conseil régional de Haute Galilée.

« La réalité aujourd’hui est que la frontière d’Israël s’est déplacée de 40 km vers le sud. Nous continuons à perdre de plus en plus de parties du nord chaque semaine qui passe », a-t-il expliqué.

« Le Premier ministre a fait en sorte que les habitants du nord se sentent mal ce matin. Dans une semaine, nous sommes censés commencer l’année scolaire. Nous devons trouver un moyen de rétablir la sécurité pour les habitants du nord », a-t-il ajouté.

« Malheureusement, le Premier ministre n’accorde aucune valeur aux dizaines de morts et de blessés dans le nord », a-t-il ajouté. « Il se cache derrière un ministre de la Défense en échec, abandonne la frontière nord et ses habitants, et ne se soucie tout simplement pas de savoir si notre sang est versé ». « Nous devons voir la réalité en face. Ils [le gouvernement] ne nous voient pas vraiment. Le gouvernement agit uniquement en fonction de ce qui est politiquement bénéfique pour lui. La négligence du Nord n’entraîne pas de coûts politiques, donc ils sont en paix avec cela », a déclaré Dror Gavish, l’un des déplacés de la colonie de HaGoshrim.

Certains colons sont en colère parce que le gouvernement n’a pas lancé une guerre à grande échelle contre le Hezbollah et les civils au Liban en leur nom.

« Ils ne bougeront pas d’un pouce tant qu’ils n’auront pas payé le prix politique », a ajouté Gavish. « Ou, si vous voulez mon avis, tant qu’ils ne seront pas remplacés par un gouvernement qui devra faire un meilleur travail. Mais même ceux qui ne veulent pas changer de gouvernement doivent comprendre qu’ils ne risqueront pas une guerre à grande échelle contre le Hezbollah et l’Iran à moins d’avoir une bonne raison politique. » « Ce que vivent les gens ici au nord et nous à la frontière est comme une zone tampon. Le Liban est responsable de toute cette situation. Il est impensable que des gens de la mer de Galilée soient privés d’eau alors que des gens profitent des plages du Liban. »

Moshe Davidovich, chef du conseil régional de Mateh Asher, a déclaré : « Je peux comprendre que des mesures soient prises pour garantir que les résidents du centre ne soient pas blessés. Mais on ne s’occupe pas de nous. Et si cela devient le catalyseur qui mène au lancement d’une campagne visant à rétablir la routine, qu’il en soit ainsi. »

Article original en anglais sur The Cradle / Traduction MR

Note ISM-France : Sur la vidéo ci-dessous du 20 août, des colons israéliens du nord affrontent le ministre de la Sécurité nationale Ben Gvir, l’accusant d’être responsable de leurs colonies détruites et évacuées, et le qualifiant même de « terroriste ».

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