Partager la publication "Les États-Unis ne sont pas un médiateur crédible pour un cessez-le-feu, mais un partenaire de génocide"
Motasem A Dalloul, 17 août 2024. De hauts responsables américains, égyptiens et qataris, ainsi que d’autres de la région et d’autres parties du monde, ont déployé des efforts de médiation massifs pour parvenir à un cessez-le-feu entre l’occupation israélienne et la résistance palestinienne.
Alors que l’assaut brutal d’Israël contre les Palestiniens à Gaza entre dans son onzième mois et que les forces d’occupation israéliennes ont tué plus de 50.000 Palestiniens, dont 17.000 enfants et 11.000 femmes, les responsables américains ont déclaré haut et fort qu’Israël en avait fini avec Gaza.
Dans une déclaration commune publiée à l’issue d’une journée de négociations avec les envoyés israéliens pour le cessez-le-feu, les États-Unis, les Égyptiens et les Qataris ont déclaré qu’il n’y avait pas de temps à perdre pour parvenir à un accord de cessez-le-feu.
Les Qataris et les Égyptiens n’ont aucun rôle à jouer dans les négociations. Ils ne font qu’accueillir les pourparlers et transmettre les demandes et positions israéliennes et américaines aux dirigeants de la résistance palestinienne qui refusent de tenir des pourparlers directs avec les autorités d’occupation israéliennes.
Les États-Unis sont le fer de lance des pourparlers car ils ne se préoccupent que de la sécurité d’Israël ainsi que de leurs propres intérêts dans la région. Les États-Unis ne se soucient absolument pas du bien-être des Palestiniens et des Arabes – quels qu’ils soient.
En examinant leur implication dans les initiatives de cessez-le-feu, certains pensent que les États-Unis sont vraiment intéressés par la fin du bain de sang et du génocide israélien à Gaza. Cependant, la réalité de la situation est tout le contraire : c’est de l’hypocrisie. Les États-Unis n’ont fait qu’acheter le temps nécessaire au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour mener à bien sa mission : se débarrasser de la résistance palestinienne à Gaza.
Depuis le début du génocide, les États-Unis se préparent à une guerre « prolongée » et « dévastatrice » dans la bande de Gaza occupée et complètement assiégée, car c’est le seul endroit de la région qui représente une épine dans le pied des plans coloniaux israélo-américains.
Ainsi, dans un premier temps, les États-Unis ont décidé d’exploiter l’action de la résistance palestinienne du 7 octobre pour se débarrasser du Hamas, quels que soient les coûts humains et matériels d’une telle entreprise.
« Les responsables américains se préparent de plus en plus à une guerre prolongée et dévastatrice entre Israël et le Hamas à Gaza, les responsables de l’administration Biden préparant les députés américains à la variété des besoins diplomatiques, politiques et militaires qui pourraient survenir dans les jours et les semaines à venir », avait rapporté le quotidien israélien Haaretz.
Le principal journal israélien avait ajouté : « Les responsables américains ont déclaré qu’ils prévoyaient une invasion terrestre dans les prochaines 48 heures », notant que le Washington Post avait rapporté l’information le premier. Il avait également révélé qu’Israël avait demandé un soutien massif en matière d’armement, précisant que cela incluait : « un partage accru de renseignements, un réapprovisionnement d’urgence pour le système de défense antimissile Iron Dome, des munitions, des missiles à guidage de précision et des bombes de petit diamètre ».
Dans un autre article, Haaretz avait rapporté que le conseiller américain à la sécurité nationale Jake Sullivan avait assuré à son homologue israélien du « soutien indéfectible de Biden à Israël ».
Craignant que les alliés des États-Unis dans la région ne soient contraints de réagir au génocide et aux crimes de guerre prévus, Sullivan avait précisé : « Nous travaillons avec des partenaires régionaux pour mettre en garde quiconque pourrait chercher à tirer profit de cette situation. »
Afin de persuader les États-Unis et l’Occident, il avait joué sur leurs émotions : « Nous faisons également tout ce que nous pouvons pour déterminer où se trouvent les citoyens américains disparus », afin de justifier le soutien américain au génocide israélien, aux crimes de guerre et le flux continu d’armes mortelles utilisées pour tuer des Palestiniens.
Après les horribles attaques israéliennes et le soutien inconditionnel et implacable des États-Unis aux crimes de guerre israéliens qui ont déclenché un tollé international, les responsables en Israël, dans la région et dans le monde entier ont admis les objectifs des États-Unis et d’Israël. Ils ont critiqué leur politique et réitéré que la résistance palestinienne, principalement le Hamas, ne pouvait pas être éliminée car elle n’est pas une sorte de puissance matérielle mais une idéologie.
Les exemples de mesures prises pour laisser aux forces d’occupation israéliennes le temps de mener à bien leur plan de destruction de la bande de Gaza et pour continuer à tuer autant de civils que possible sont innombrables. L’un des exemples les plus clairs est le soutien politique apporté à l’agression israélienne contre Rafah, où des centaines de milliers de personnes déplacées de différentes parties de la bande de Gaza étaient regroupées.
Au début, les États-Unis ont affirmé qu’ils avaient suspendu leur soutien en armes à Israël et qu’ils ne renonceraient pas à cette suspension avant d’avoir obtenu un plan détaillé pour une « opération limitée » à Rafah qui garantirait la sécurité des civils et des personnes déplacées. Les responsables américains ont continué à répéter ces propos en réponse au rejet régional et international de l’agression contre Rafah, dissimulant ainsi les attaques israéliennes destructrices contre la ville du sud de Gaza.
Un autre exemple est la proposition de cessez-le-feu de Biden, utilisée pour rallier le monde pendant des mois en affirmant que le Hamas l’avait rejeté. Les États-Unis avaient l’habitude de justifier le génocide perpétré par Israël et d’en accuser le Hamas, alors que l’occupation israélienne en était la cause. Lorsque le Hamas a accepté le cessez-le-feu, Biden a continué à prétendre qu’il y avait des divergences entre Israël et le Hamas qui seraient comblées par des négociations où Netanyahou n’a donné aucun pouvoir significatif aux négociateurs israéliens afin de retarder la conclusion d’un accord.
Aujourd’hui, nous sommes plus proches que jamais d’un cessez-le-feu pour plusieurs raisons.
La première est que les forces d’occupation israéliennes ont presque achevé la destruction totale de la bande de Gaza et ont tué autant de civils que possible, en prétendant que plus de la moitié d’entre eux étaient des militants.
La deuxième raison est que les dirigeants militaires israéliens, ainsi que de nombreux responsables militaires américains, ont commencé à dire qu’ils en avaient terminé avec Gaza.
La troisième raison est que les forces d’occupation israéliennes ont fouillé toute la frontière entre Gaza et l’Egypte et n’ont trouvé que des tunnels déserts et aucun signe que les prisonniers israéliens aient été sortis clandestinement de l’enclave assiégée.
La quatrième raison est la multiplication des crises sociales, militaires, économiques, politiques et autres, qui provoquent des divisions sans précédent parmi les Israéliens. Certains hommes politiques israéliens s’attendent à ce que les Israéliens ne puissent jamais avoir un gouvernement stable après celui-ci.
Il existe de nombreuses autres raisons, mais la plus importante est que les États-Unis eux-mêmes ont atteint un point où ils reconnaissent ce qui a été dit à propos du Hamas – qu’il ne pouvait pas être éliminé.
Les États-Unis ont également reconnu qu’il n’y avait plus de cibles civiles ou militaires à Gaza après sa destruction totale, dont les réseaux de communication, d’égouts, d’eau et d’électricité, les systèmes de santé et d’éducation, les mosquées, les écoles et les universités, etc.
La chaîne de télévision israélienne Kan a rapporté que des responsables militaires israéliens ont souligné : « Les opérations militaires sont presque terminées à Gaza. »
Un Israélien sioniste m’a demandé : « Le public israélien a fait ce qu’il avait à faire – des manifestations et des protestations – qu’ont fait les habitants de Gaza contre le Hamas ? »
Peu importe le nombre de destructions, de meurtres et de pressions infligées au peuple de Gaza, il ne descendra jamais dans la rue contre la résistance palestinienne.
Article original en anglais sur Middle East Monitor / Traduction MR