Partager la publication "Témoignages de Gazaouis : La survie qui s’organise au jour le jour dans l’enfer de Gaza – partie 123 / 9 juillet"
Brigitte Challande, 10 juillet 2024. Le 9 Juillet au soir, Abu Amir envoie une description de la situation plus générale, c’est-à-dire celle des personnes déplacé.e.s totalement livrées à elles-mêmes sans autre recours que le rien.
Cliquez ici pour consulter les Récits complets.
« Au cours des dernières semaines, nous avons rencontré de nombreuses personnes déplacées, à l’ouest de Deir al-Balah, que nous avons trouvées dans des conditions humanitaires tragiques.
Nous avons trouvé des femmes et des enfants dehors, essayant de les protéger de la chaleur du soleil avec des bouts de tissus et de plastique.
Ces déplacés ont fui la mort, selon leurs dires, et ont laissé derrière eux tout ce qu’ils possédaient pour échapper à la mort avec leurs enfants. Vous les regardez et voyez la misère et le besoin dans leurs yeux. Dans chaque région que nous visitons, nous voyons beaucoup d’entre eux vivre sans tente, créant un abri avec rien pour s’abriter.
L’une des femmes de ce camp dit qu’elle a fui le camp de plage, à l’ouest de Gaza-ville, pour se réfugier à Mawasi-Rafah après le martyre de son mari. Après son installation là-bas, l’occupation a bombardé la zone des entrepôts de l’UNRWA dans la région de Mawasi-Rafah, et elle a perdu trois de ses fils. Aujourd’hui, cette femme a un enfant et trois filles. Cette femme se réveille aux aurores et part chercher de la nourriture pour ses enfants. Un jour, elle revient avec de la nourriture et le lendemain, ses enfants dorment affamés.
Oui, c’est la réalité de centaines de femmes qui ont perdu leur mari et ont été contraintes de compter sur elles-mêmes. Aujourd’hui, nous avons pu fournir 65 tentes aux personnes déplacées qui dormaient en plein air, mais dès que nous avons monté la première tente et l’avons remise à l’une des femmes, les habitants du camp nous ont attaqués, voulant que nous leur distribuions les tentes pour eux. Les tentes ont donc été remises à l’administration du camp et seront distribuées au reste des personnes déplacées. »
Ci-dessous le lien des photos et vidéo de la distribution des tentes : https://drive.google.com/drive/folders/12pJGIpfZ7oObvSLYX_QvKyg00iysidU9
Dans la matinée du 10 Juillet Abu Amir envoie un rapport sur l’alimentation en eau dans la Bande De Gaza sachant que c’est une question cruciale :
« La plupart des habitants de la bande de Gaza souffrent depuis des années d’une grave pénurie d’eau. La quantité d’eau des réserves souterraines diminue constamment en raison du manque de pluie et du fait qu’Israël creuse des centaines de puits autour de la bande de Gaza, volant l’eau et l’envoyant vers l’intérieur occupé.
Cela a entraîné une augmentation de la salinité de l’eau en raison de l’entrée de l’eau de mer dans les eaux souterraines, ce qui a provoqué une catastrophe environnementale majeure pour le secteur de l’eau. Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza avec la destruction des pompes à eau et la panne de courant, la crise s’est considérablement aggravée et a grandement affecté la vie des citoyens.
Surtout avec le déplacement de plus d’un million et demi de personnes vers des zones reculées comme Mawasi Khan Yunis, où il n’y a pas assez d’eau pour ce grand nombre de personnes déplacées.
Les personnes déplacées dépendent des quelques puits de ces zones, qui fonctionnent à l’énergie solaire ou grâce à des générateurs électriques, pour obtenir de l’eau pour leur usage quotidien, ce qui n’est en aucun cas suffisant compte tenu du grand nombre de personnes déplacées vers ces zones.
Dans le camp des agriculteurs, la pompe qui extrait l’eau du puits et alimente en eau les déplacés est tombée en panne pendant deux jours. Pendant deux jours, nous avons cherché une pompe alternative pour faire fonctionner le puits et nous y sommes parvenus.
Mais durant ces deux jours, la vie des déplacés du camp a été bouleversée, car les familles dépendent directement de ce puits, qui assure leurs besoins en eau.
Ce matin, des pompes ont été installées et de l’eau a été pompée dans des réservoirs afin que ces familles puissent utiliser cette eau et que la vie puisse reprendre dans le camp. Les agriculteurs remercient l’UJFP pour sa réponse rapide à la résolution de ce problème crucial. »
Retrouvez l’ensemble des témoignages d’Abu Amir et Marsel :
*Abu Amir Mutasem Eleïwa est coordinateur des Projets paysans depuis 2016 au sud de la bande de Gaza et correspondant de l’Union Juive Française pour la Paix.
*Marsel Alledawi est responsable du Centre Ibn Sina du nord de la bande de Gaza, centre qui se concacre au suivi éducatif et psychologique de l’enfance.
Tous les deux sont soutenus par l’UJFP en France.
Pour participer à la collecte "Urgence Guerre à Gaza" : HelloAsso.com
Les témoignages sont également publiés sur UJFP; Altermidi.org