Une famille palestinienne harcelée et isolée à Umm Darit, Masafer Yatta

ISM-Palestine, 3 avril 2024. Les actes de harcèlement et de terreur sont une réalité quotidienne pour les habitants de Masafer Yatta, un ensemble de hameaux ruraux à l’extrémité sud de la Cisjordanie. Un exemple est celui de la famille de Mohammed Abed à Umm Darit, où elle est entourée d’un réseau de colonies israéliennes en pleine expansion.

Berger colon faisant paître ses bêtes sur les terres d’Abed, à Umm Darit (photo ISM)

Après l’assaut israélien d’octobre, ils ont été chassés de leur domicile par des miliciens armés et sont revenus pour le trouver en grande partie détruit : des moutons volés, un véhicule incendié, une machine à laver, des conduites d’eau et un panneau d’accès détruits, un système d’égouts détruit, des fenêtres brisées, leur maison sens dessus dessous et un Coran brûlé. Les membres masculins de la famille ont été emprisonnés et battus, et les incursions répétées et les actes de vandalisme et de terrorisme sont la norme.

D’autres actes de violence sont plus subtils : voitures, bergers, joggeurs, cavaliers, soldats et colons armés parcourent régulièrement les routes et collines les plus proches qui entourent la maison. Comme ailleurs, les colonies les plus proches d’Avigayil et les avant-postes nouvellement établis s’établissent en hauteur et interdisent aux Palestiniens de mettre les pieds dans les collines et les vallées qui y mènent (ou dans d’autres frontières arbitraires). Résultat, la majorité des terres familiales sont volées, pour l’usage exclusif de l’État et des colons.

Par exemple, cette semaine, un jeune colon à cheval a quitté la route pour tenter de traverser la cour, le jardin et le troupeau d’Abed, effrayant les moutons. Des militants solidaires présents sur place lui ont demandé ce qu’il faisait là et lui ont demandé de partir. Le jeune provocateur a poussé plusieurs fois son cheval pour tenter de se frayer un chemin derrière les militants. Après plus de 5 tentatives, un autre colon est arrivé avec une arme d’épaule et a menacé la famille et les militants.

Abed déclare qu’il reconnaît le colon armé comme l’un de ceux qui ont détruit sa maison. Ce colon a également été impliqué dans de nombreux autres actes de harcèlement contre des Palestiniens et des militants solidaires. Après que la famille ait menacé haut et fort d’appeler la police, deux des trois colons sont partis et un troisième est resté faire paître son troupeau de moutons dans le secteur de la famille. Ce berger est revenu tous les jours suivants, préférant apparemment faire paître ses animaux sur les terres d’Abed et dans la vallée entre les villages palestiniens plutôt que dans la vallée luxuriante plus proche réservée à l’usage exclusif des colons.

Ces incursions quotidiennes confirment ce que les militants autochtones de l’Île de la Tortue (appelée Amériques) disent depuis des années : la colonisation est un processus, pas un événement. Elle apparaît dans le manque de respect quotidien pour la sécurité, la vie, la terre et la religion des Palestiniens, l’isolement croissant d’Um Darit des autres villages palestiniens, le harcèlement quotidien des militaires et des colons, les projecteurs de la colonie qui éclairent le village. Ces agressions et affronts constants ont pour but de déplacer et de miner le moral de la famille d’Abed et d’autres personnes comme eux.

Et pourtant, ils continuent, passant du temps en famille, faisant ensemble des coloriages, élevant des choux et des animaux, faisant preuve d’une incroyable générosité envers les autres, récoltant du thym et d’autres herbes, et restant inébranlables dans leur engagement à résister tout au long de l’existence.

Article original en anglais sur Palsolidarity.org / Traduction MR