Partager la publication "« Gaza d’après-guerre » ne verra pas la fin de la lutte anticoloniale palestinienne"
Ramona Wadi, 7 décembre 2023. Un récent rapport d’Axios a révélé qu’Israël est disposé à discuter de « Gaza d’après-guerre » avec des responsables américains, notant que Phil Gordon, conseiller à la sécurité nationale de la vice-présidente américaine Kamala Harris et Ilan Goldenberg, conseiller pour le Moyen-Orient, ont rencontré cette semaine des responsables israéliens et palestiniens. La question de savoir si l’AP devait être autorisée à reprendre un rôle de gouvernement à Gaza était une question centrale.
Cependant, du rapport ressort l’intention de préserver le colonialisme de peuplement israélien. Les Palestiniens de Gaza sont simplement mentionnés comme un collectif ayant besoin d’aide humanitaire, mais sont tenus à l’écart du débat politique. Qu’Israël colonise Gaza directement, comme le suggèrent les Forces d’Occupation israéliennes (FOI) dans des vidéos moqueuses, ou que l’Autorité palestinienne entre en scène, il n’en reste pas moins que les Palestiniens de Gaza sont complètement privés d’options politiques. La déclaration du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, selon laquelle « il n’y a pas de plan B » a semé des niveaux de destruction sans précédent et a permis à Israël d’imposer la prochaine étape de ses plans de colonisation aux Palestiniens de Gaza par le biais de la présence de Tsahal, tandis que les États-Unis poussent le statu quo selon lequel l’AP est la seule solution pour la politique palestinienne.
Des responsables américains se sont rendus en Israël chaque semaine depuis le début des bombardements sur Gaza, fournissant une assistance militaire à l’État d’apartheid, la dernière en date étant la livraison de 100 bombes anti-bunker. De telles armes ont été utilisées en Irak et en Afghanistan dans des zones ouvertes. À Gaza, des bombes de 900 kg sont utilisées par Israël dans des zones densément peuplées pour nettoyer ethniquement l’enclave. Et pourtant, les États-Unis expliquent leur présence régulière en Israël au motif qu’ils sont capables « de susciter un face à face entre Israéliens et Palestiniens sur la question du lendemain ». Un plan est nécessaire, a expliqué Gordon, pour empêcher le retour du Hamas à Gaza.
En Cisjordanie occupée, le leader de l’AP, Mahmoud Abbas, a fait montre d’une faiblesse supplémentaire en débitant à Gordon des inepties sur le fait que les déplacements forcés ne seraient pas autorisés. Abbas, sans légitimité, sans armée et totalement redevable aux donateurs étrangers, ne fait que montrer à quel point la politique palestinienne est faible. Demander aux États-Unis d’intervenir en faveur des Palestiniens, sachant qu’Israël utilise des armes et des munitions américaines pour bombarder Gaza, est une manière contradictoire de faire preuve de diplomatie. Mais c’est le rôle que joue l’Autorité palestinienne, et bien sûr Abbas peut être assuré que l’aide humanitaire ne parviendra que de manière insignifiante aux Palestiniens, les rendant perpétuellement colonisés et luttant pour leur survie, tout en restant politiquement hors de portée et contraints au silence. « Nous n’abandonnerons pas et n’avons pas abandonné notre peuple dans la bande de Gaza », a déclaré Abbas, sans mentionner le fait que l’Autorité palestinienne a imposé des sanctions sur le territoire assiégé en 2017 dans le but de forcer le Hamas à abandonner le pouvoir, tout en lâchant les forces de sécurité sur les Palestiniens qui protestaient contre les mesures à Ramallah.
Il n’est pas étonnant que les États-Unis souhaitent que l’Autorité palestinienne gouverne Gaza selon leur conception d’un scénario post-Hamas. Alors qu’Israël est clairement prêt pour la prochaine phase de colonisation, les États-Unis tentent de faire ressortir l’évidence un peu plus longtemps, afin de maintenir à la fois le processus colonial et la farce humanitaire. Cependant, les États-Unis et Israël devraient savoir que l’anéantissement du Hamas, si cela est réalisable (comment anéantir une idéologie ?), ne signifie pas la fin de la lutte anticoloniale palestinienne. Tant que l’occupation coloniale existera, la résistance légitime existera également.
Article original en anglais sur Middle East Monitor / Traduction MR
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