« Si je dois mourir, que cela devienne un conte, » poème de Refaat Alareer
Si je dois mourir
si tu dois vivre
pour raconter mon histoire
pour vendre mes affaires
pour acheter un bout de toile
et quelques ficelles
(qu’elle soit blanche avec une longue traîne)
ainsi, un enfant, quelque part à Gaza
cherchant dans les cieux
son père, parti dans le brasier –
sans dire au revoir à personne
même pas à sa chair
même pas à lui-même –
pourra voir le cerf-volant, mon cerf-volant que tu as fait,
s’envoler vers les hauteurs
et penser pour un instant que c’est un ange
qui ramène l’amour
Si je dois mourir
que cela porte l’espoir
que cela devienne un conte
Traduction du poème : Chris & Dine
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La dernière vidéo, bouleversante, diffusée par Refaat al-Areer,
« Nous savons que tout est sombre, très noir. Il n’y a plus d’eau, il n’y a aucun moyen de fuir Gaza. Que devons-nous faire ? Nous noyer ? Nous suicider en masse ? Est-ce que c’est ce que veut Israël ? Nous ne le ferons pas. Je suis un enseignant. Probablement la chose la plus dangereuse que je possède à la maison est un [stylo] Expo Marker. Si les Israéliens nous envahissent, s’ils font irruption chez nous pour nous massacrer, j’utiliserai ce stylo. Je le jetterai sur les soldats israéliens, même si c’est la dernière chose que je peux faire. Et c’est le sentiment de tous, en Palestine. Nous sommes sans espoir et nous n’avons rien à perdre. »
https://twitter.com/i/status/1732857768170725705
Refaat Alareer était un écrivain, poète, professeur et activiste palestinien de la bande de Gaza. Il a enseigné la littérature et l’écriture créative à l’Université islamique de Gaza et a cofondé l’organisation We Are Not Numbers, qui met en relation des auteurs expérimentés avec de jeunes écrivains de Gaza.
L’Observatoire Euro-Med des Droits de l’Homme accuse Israël d’avoir délibérément assassiné l’éminent universitaire palestinien et demande une enquête.
Avant-hier, Refaat a reçu un appel téléphonique des services de renseignement israéliens lui disant qu’ils l’avaient localisé dans l’école où il s’était réfugié et l’ont informé qu’ils allaient le tuer.
Il a quitté l’école pour ne pas mettre les autres en danger et est allé chez sa soeur. Mercredi vers 18h00, Refaat al-Areer a été tué dans la maison de sa sœur dans le quartier d’al-Sidra, dans la quartier d’al-Daraj, à Gaza-ville, avec son frère Salah et l’un de ses enfants (Mohammed), sa sœur Asmaa et trois de ses enfants (Alaa, Yahia et Mohammed) et un voisin. L’épouse de son frère, Alaa, et ses deux autres enfants, Rafik et Alma, ont été blessés lors de l’assaut.
Les Palestiniens, unanimes, ont exprimé leur immense chagrin de la perte du « poète de Gaza ».