Novembre à Jérusalem

Silwanic, 1er décembre 2023. Les actualités de la guerre israélienne contre la bande de Gaza ont eu des répercussions sur la situation dans la ville de Jérusalem. L’occupation assiège Al-Aqsa, réprime les prières du vendredi dans les rues, détient les martyrs de Jérusalem et leurs corps, démolit des maisons et bombarde d’autres. Il y a eu des arrestations quotidiennes et la libération de certains prisonniers dans le cadre d’un accord d’échange.

La maison que la famille Mashaal a été obligée d’auto-démolir dans le bourg de Jabal Al-Mukabber, au sud de Jérusalem. (source)

Le Centre d’information Wadi Hilweh a documenté les violations et événements israéliens à tous les niveaux au cours du mois de novembre :

Martyrs de novembre lors de la bataille du « Déluge d’Al-Aqsa »

Le mois de novembre a vu l’augmentation du nombre de martyrs à Jérusalem, sous les balles des forces d’occupation. Le Centre a communiqué le nom des martyrs selon la date de leur martyre :

1. 02/11/2023 : Le jeune homme, Yazan Othman Shiha, 23 ans, de la ville d’Anata, a été abattu par les forces d’occupation, lors d’un raid sur la ville d’Al-Bireh.

2. 06/11/2023 : Le garçon de 16 ans, Mohammad Omar Al-Farroukh, est tombé en martyr après avoir été abattu, sous prétexte de « avoir mené une attaque au couteau au commissariat de la rue Salah Al-Din ».

3. 25/11/2023 : Annonce que le prisonnier libéré et déporté de la ville de Jérusalem, Mohammad Ibrahim Hamada, est devenu martyr lors du bombardement de la bande de Gaza.

Le martyr Mohammad Hamada a été arrêté en août 1997 et condamné à 28 ans de prison, dont il a fait 14 ans. Il a été libéré dans le cadre de l’accord d’échange de prisonniers de 2011 et expulsé vers la bande de Gaza.

4. 30/11/2023 : Le jeune homme Murad Nimer, 38 ans, est tombé en martyr après avoir mené une fusillade à l’entrée ouest de Jérusalem.

5. 30/11/2023 : Le jeune homme, Ibrahim Nimer, 30 ans, est tombé en martyr après avoir mené une fusillade à l’entrée ouest de Jérusalem.

Les martyrs de Jérusalem… les frères Murad Nimer, 38 ans, et Ibrahim Nimer, 30 ans, tombés en martyr après avoir perpétré une fusillade à Jérusalem (source)

Les autorités d’occupation poursuivent leur politique de « détention des corps des martyrs dans des réfrigérateurs », et le Centre d’information Wadi Hilweh a expliqué que le nombre de corps de martyrs de Jérusalem conservés dans des réfrigérateurs est de 20, qui sont :

1. Le martyr Mesbah Abu Sbeih ; depuis octobre 2016

2. Le martyr Fadi Al-Qunbar ; depuis janvier 2017

3. Le martyr Aziz Aweisat ; depuis mai 2018

4. Les martyrs Shaher Abu Khadija et Zuhdi Al-Taweel ; depuis mai 2021

5. Le martyr Fadi Abou Shkheidem ; depuis novembre 2021

6. Le martyr Karim Jamal Al-Qawasmi ; depuis mars 2022

7. Le martyr Uday Al-Tamimi ; depuis octobre 2022

8. Le martyr Amer Halabiya ; depuis novembre 2022

9. le martyr Khairy Alqam ; depuis janvier 2023

10. Le martyr Hussein Qaraqe ; depuis février 2023

11. Le martyr Ishaq Al-Ajlouni ; depuis juin 2023

12. Le martyr Khaled Al-Zaanin ; depuis août 2023

13. le martyr Ali Al-Abbasi ; depuis octobre 2023

14. Le martyr Abdel Rahman Faraj; depuis octobre 2023

15. Le martyr Khaled Al-Muhtaseb ; depuis octobre 2023

16. Martyr Adam Abulhawa ; depuis octobre 2023

17. Martyr Mohammad Omar Al-Farroukh (mineur) ; depuis novembre 2023

18. Le martyr Murad Nimer ; depuis novembre 2023

19. Le martyr Ibrahim Nimer ; depuis novembre 2023

Deux fusillades

Le 16/11/2023, 3 jeunes Palestiniens, Abdul Qadir Al-Qawasmi, Nasrallah Al-Qawasmi et Hassan Qafisha, de la ville d’Hébron, sont morts en martyr après un « affrontement armé » avec les forces stationnées au poste de contrôle du tunnel entre les villes de Jérusalem et de Bethléem.

Le 30/11/2023, les deux frères Ibrahim et Murad Nimer sont morts en martyr après avoir mené une fusillade à l’entrée ouest de Jérusalem.

Mosquée Al-Aqsa

Pour le deuxième mois consécutif, les autorités d’occupation ont isolé la mosquée Al-Aqsa de ses environs, lui ont imposé un siège strict et en ont empêché l’entrée, à l’exception des employés du Département des dotations islamiques et des personnes âgées, pour la plupart résidant dans la vieille ville.

Les forces d’occupation ont installé leurs postes de contrôle et leurs soldats aux portes de la mosquée Al-Aqsa ; ils procèdent à des contrôles d’identité et à des fouilles physiques des sacs de chaque personne tentant d’entrer dans la mosquée.

Les forces empêchent également les fidèles d’accomplir leurs prières aux portes d’Al-Aqsa, les poursuivent et les agressent.

Les vendredis (3, 10, 17 et 24 novembre), les mesures et restrictions prises ont empêché des milliers de fidèles d’entrer dans la mosquée Al-Aqsa, et le Département des dotations islamiques a estimé le nombre de fidèles le vendredi à seulement 4 à 5000.

Le Centre a expliqué qu’à partir du vendredi matin, les forces d’occupation sont déployées dans les rues de Jérusalem et les quartiers proches, où elles installent des portiques métalliques et empêchent les jeunes d’atteindre la vieille ville et la mosquée Al-Aqsa.

Le Centre a précisé que le quartier de Wadi al-Joz – l’un des quartiers les plus proches de la mosquée Al-Aqsa – a été témoin, au cours des derniers vendredis, de répressions de prières et d’attaques contre les fidèles avec des bombes assourdissantes, des bombes à gaz et des jets d’eaux usées.

Le Centre a ajouté que les forces ont réprimé les prières en battant et en poussant les fidèles dans les ruelles de la vieille ville, aux portes d’Al-Aqsa, dans le quartier de Ras Al-Amoud et dans le quartier de la Porte des Lions.

En plus des interdictions faites aux musulmans d’entrer dans la mosquée Al-Aqsa, les colons poursuivent leurs raids, le matin et l’après-midi, et ils pratiquent leurs prières dans la mosquée Al-Aqsa sous la protection de la police israélienne.

Quant à la situation dans la vieille ville, elle ressemble à Al-Aqsa : les forces d’occupation l’ont transformée, ainsi que ses rues environnantes, en casernes militaires, déployant des forces aux différentes portes, érigeant des barrières sur les routes et les ruelles et plaçant des obstacles pour empêcher d’y entrer. Les habitants de la Vieille Ville souffrent également lors de leurs sorties et entrées, en plus des détentions et des contrôles d’identité continus.

Les forces d’occupation continuent également d’empêcher de s’asseoir sur les gradins devant la Porte de Damas.

Poursuites contre les prisonniers de Jérusalem et leurs familles

Des équipes conjointes des « renseignements, de la police et des forces spéciales, accompagnées de représentants du ministère de l’Armée et de la Justice », ont mené une campagne contre les familles des prisonniers et des prisonniers libérés, en prenant d’assaut leurs maisons ou celles de leurs familles dans les bourgs et quartiers de Jérusalem, et leur a remis des « ordres de saisie » signés par le ministre de l’Armée en vertu de la soi-disant « loi antiterroriste de 2019 » sous prétexte qu’elles soutiennent le terrorisme.

Après une fouille approfondie et méticuleuse des maisons et des cours, et la destruction de tout le contenu, ils ont volé de l’argent et des bijoux en or, et ont forcé certaines femmes et filles à leur remettre leur « or ».

Durant la campagne, plus de 10 véhicules ont été ‘confisqués’, dont des taxis.

Dans le cadre d’autres harcèlements contre les familles des martyrs et des prisonniers de Jérusalem, les autorités d’occupation ont perquisitionné les maisons et imposé des amendes pour des motifs liés à la maison, à sa cour ou devant la maison, par exemple « la présence de résidus d’herbes devant la porte de la maison, un logo sur un poteau à l’extérieur de la maison, des restes de déchets dans une cour extérieure… et autres. »

Les familles ont également reçu des convocations pour effectuer un suivi auprès de la municipalité pour une « inspection des bâtiments » ou des convocations pour un suivi avec les services de renseignements.

Persécution des écoles de Jérusalem

Les autorités d’occupation ont continué à interférer avec les programmes enseignés dans la ville de Jérusalem, en plus de perquisitions, d’arrestations et d’attaques contre le personnel des écoles. En novembre, des équipes conjointes du « ministère de l’Éducation et de la municipalité » ont pris d’assaut l’école Ibrahimiya, dans le quartier d’Al-Sowaneh à Jérusalem, et ont fouillé et examiné les livres enseignés aux élèves. Elles ont également fouillé les sacs des élèves et pris des photos du programme scolaire.

Les forces d’occupation ont également pris d’assaut l’école Al-Rashidyeh, arrêté trois de ses élèves, agressé certains autres ainsi que le personnel administratif et convoqué l’un des enseignants pour enquête.

L’école de garçons Issawiya a été la cible de jets de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes. Certains élèves ont souffert d’étouffement, de fractures, de blessures par éclats d’obus et d’attaques de panique alors qu’ils se trouvaient sur la place. Des dizaines d’entre eux ont été soigné sur place. Certains enseignants ont également été blessés. Deux élèves ont subi des fractures et plusieurs blessés ont été transférés à l’hôpital pour y être soignés.

Le mois dernier également, les forces d’occupation ont pris d’assaut plusieurs écoles de la ville de Jérusalem et fouillé les élèves et les classes.

Arrestations

Les autorités d’occupation ont poursuivi leurs campagnes d’arrestations quotidiennes dans les bourgs et quartiers de la ville de Jérusalem, et le Centre d’information Wadi Hilweh – Jérusalem a compté 355 arrestations à Jérusalem au cours du mois de novembre, dont « 3 enfants/n’ayant pas atteint l’âge de responsabilité » (moins de 12 ans), 38 adolescents, 33 femmes dont 3 jeunes filles.

Le Centre d’information de Wadi Hilweh a expliqué que des centaines d’arrestations ont eu lieu lors de la prise d’assaut des maisons, et que tout le contenu avait été fouillé et vandalisé, en même temps que les membres de la famille étaient détenus, empêchés de se déplacer et obligés d’ouvrir leur téléphone portable, en plus des enquêtes de terrain sur eux.

Les forces d’occupation ont également procédé à des arrestations de pères, de mères et d’épouses, pour forcer les « jeunes hommes » à se rendre à la police s’ils n’étaient pas chez eux au moment du raid.

Au cours du mois de novembre, les renseignements de l’occupation ont convoqué un certain nombre de journalistes, hommes et femmes, au commissariat de police, salle 4, et les ont interrogés sur leur travail avec un réseau médiatique spécifique et leur ont demandé de cesser ce travail.

Début novembre, les forces d’occupation ont procédé à l’arrestation de Palestiniens de la bande de Gaza qui accompagnaient des patients de Gaza et qui étaient présents à l’hôpital Al-Maqased pour y être soignés. Des forces importantes ont pris d’assaut l’hôpital Al-Maqased par toutes ses entrées, et des soldats ont été postés aux portes principales et intérieures et sont montés sur le toit, puis des équipes de police ont été réparties dans tous les départements de l’hôpital. Les forces ont arrêté 11 personnes de la bande de Gaza et une personne de la ville de Ramallah, sous prétexte de « présence illégale à Jérusalem ». Après une enquête de plusieurs heures, ils ont relâché la plupart des détenus.

Pendant ce temps, le ministre de l’Intérieur du gouvernement d’occupation a annoncé son intention de retirer « leur carte d’identité israélienne » à deux prisonniers de Jérusalem, sous prétexte d’ « appartenance au mouvement Hamas ».

Punition collective… bombardement de la maison d’un martyr et d’un prisonnier

En matière de punition collective contre les familles des auteurs d’attaques à Jérusalem, les forces d’occupation ont bombardé deux appartements de la famille d’un martyr et de la famille d’un prisonnier dans le camp de réfugiés de Shu’fat et à Silwan. Les autorités d’occupation ont évacué les maisons et les bâtiments voisins et distribué des tracts aux habitants les informant de ne pas quitter leurs maisons jusqu’à la fin des bombardements.

Dans le camp de réfugiés de Shu’fat, les autorités d’occupation ont fait exploser l’appartement de la famille de l’enfant prisonnier Mohammad Basil Al-Zalbani, situé au troisième étage d’un immeuble résidentiel.

Dans le quartier Ras al-Amoud de la ville de Silwan, les autorités d’occupation ont fait sauter l’appartement du martyr Khairy Alqam, situé au troisième étage d’un immeuble résidentiel de 4 étages.

Démolition et déplacement

La municipalité d’occupation a poursuivi ses opérations de démolition dans la ville de Jérusalem, en plus de prendre des décisions de démolition et des convocations pour assurer le suivi auprès de la municipalité.

Le Centre d’information Wadi Hilweh – Jérusalem a décompté 22 opérations de démolition dans la ville de Jérusalem, dont 14 ont été effectuées par leurs propriétaires sur décision de la municipalité afin d’éviter de payer des amendes « comme frais de démolition pour les forces, la municipalité et les véhicules.”

Le Centre a expliqué que la plupart des démolitions concernaient des installations résidentielles habitées.

L’ « accord d’échange »… et Jérusalem

Le 24 novembre dernier, 49e jour de l’opération « Déluge d’Al-Aqsa », la trêve humanitaire a débuté dans la bande de Gaza et s’est poursuivie pendant 7 jours, au cours desquels sept parties de « l’accord d’échange » conclu entre Israël et le Hamas ont été réalisées, au cours desquelles 74 prisonniers de Jérusalem ont été libérés. Parmi eux se trouvent 21 femmes détenues, le reste étant des garçons âgés de 14 à 18 ans.

Quant aux procédures de libération des prisonniers de Jérusalem au cours de la « Semaine d’échange de prisonniers » qui ont été mises en oeuvre par les renseignements de l’occupation, elles consistaient à convoquer un « membre de la famille/tuteur » au centre d’enquête « Salle 4 », muni de sa carte d’identité et de son téléphone portable. Puis le téléphone du membre/tuteur était confisqué et les agents lui expliquait les conditions de la libération de leur enfant : « ne pas organiser de fête ou de rassemblement, de ne pas brandir de drapeaux et de banderoles, et ne pas tirer de feux d’artifice. »

Puis les familles étaient détenues, ensemble, dans une cour extérieure, et il leur était interdit d’aller où que ce soit, de communiquer entre elles, de se déplacer ou même d’aller aux toilettes, de boire de l’eau ou de manger. La détention s’est poursuivie pendant environ 12 h.

Vidéo du moment où la prisonnière Khadija Khwais arrive chez elle et retrouve ses enfants.
Elle a été libérée dans le cadre du sixième contingent de l’accord d’échange de prisonniers

 

Au moment de leur libération, chaque prisonnier était transporté avec son membre/tuteur dans un véhicule de renseignement privé jusqu’à la porte de sa maison, et durant le trajet, alors qu’ils étaient ensemble à l’intérieur du véhicule, il leur était interdit de se parler de se saluer et de se regarder. Un membre des services de renseignement était assis entre le membre de la famille et le prisonnier libéré. Le prisonnier ne se rendait pas forcément comptre de la présence du membre de sa famille, et ses menottes n’étaient retirées qu’à la porte de sa maison.

Divers

02/11/2023 : Une grève commerciale générale a eu lieu à Jérusalem, pour pleurer les âmes du massacre de Jabalia.

Les forces d’occupation ont effacé des slogans et des fresques murales des quartiers de Jérusalem, tout en accrochant des centaines de drapeaux israéliens dans diverses rues de la ville, d’un nombre sans précédent.

Sur les murs de la vieille ville, vers la porte d’Hébron, la municipalité d’occupation a illuminé le mur avec le drapeau israélien et des photos de prisonniers détenus dans la bande de Gaza.

Article original en anglais sur The Wadi Hilweh Information Center / Traduction MR

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