Masafer Yatta : les villageois de Shi’b Al Butm sont déterminés à rester sur leurs terres

ISM-Palestine, 16 novembre 2023. Shi’b Al Butm est un village situé sur le flanc d’une des collines au sud d’Hébron. Il abrite 18 familles palestiniennes avec une colonie israélienne illégale à proximité et un avant-poste de colons, créé par cette colonie, encore plus près, à quelques pas des maisons tout en haut du village.

Quand nous sommes arrivés hier soir, l’éclat jaunâtre des lumières de la colonie semblait trop proche pour que nous puissions nous sentir à l’aise. Les lumières blanches de la ville palestinienne de Yatta étaient bien plus lointaines. Une route moderne réservée aux colons s’étend de l’autre côté du village, traversant les collines et isolant Shi’b Al Butm de Yatta.

Notre hôte et sa famille étaient assis autour d’une énorme bûche de tronc d’olivier en train de brûler, avec du thé et du café faisant le tour à plusieurs reprises. Lorsque le drone des colons s’est élevé dans le ciel nocturne, nous savions qu’ils nous surveillaient et nous rappelaient leur présence.

Il y a eu du mouvement du côté de l’avant-poste. Les bruits nocturnes sont évidents pour ceux qui ont vécu là toute leur vie, mais pas pour nous qui ne connaissons pas la région.

D’un avis unanime, c’était probablement les colons qui enlevaient la tente la plus proche des maisons du village. Pourquoi faire ça au milieu de la nuit ? Des militants israéliens solidaires nous ont dit qu’une visite des colonies était organisée le lendemain pour montrer leur nature pacifique et idyllique et que la présence d’une tente comme signe d’extension d’un avant-poste à la limite d’un village palestinien ne pouvait pas faire partie de cette mise en scène.

Notre hôte et ses fils nous ont dit qu’ils resteraient éveillés toute la nuit et nous avons établi un roulement pour que nous, les internationaux, leur tenions compagnie. Un journaliste du Los Angeles Times, qui passait la nuit dans le village, s’est également joint à la veillée.

Durant mon quart de nuit, tous les bruits étaient une source d’alerte. Notre hôte et son fils se levaient sans arrêt, écoutaient attentivement et allumaient une torche pour s’assurer qu’il n’y avait pas de visiteurs indésirables. Puis les chiens se sont mis à aboyer et le fils de notre hôte s’est aventuré dans le noir pour voir ce qui les excitait.

Heureusement, la nuit a été calme, mais plusieurs hommes de la maison n’ont pas fermé l’oeil. Ils avaient prévu de rattraper leur sommeil en dormant après la prière du matin.

Une militante israélienne qui passe beaucoup de temps dans la région et séjourne dans différents villages, m’a dit que les colons viennent toujours de l’avant-poste situé juste au-dessus du village. La dernière fois, il y a quelques jours, ils sont venus dire à toute la population du village de partir, sinon ils les tueraient. Mais les villageois n’ont pas l’intention de partir et ne se laisseront pas surprendre en plein sommeil.

L’activiste israélienne a déclaré qu’il s’agissait de la troisième attaque depuis le le début de la guerre contre Gaza, les précédentes s’étant soldées par le saccage de tout le contenu d’une maison, de la farine renversée partout, des pots de fleurs brisés ainsi qu’un canard et un poulet tués. Elle a rapporté la remarque cynique d’un villageois : « Maintenant que la vie des Palestiniens ne compte plus, quelqu’un peut-il au moins essayer de protéger la vie des animaux ? »

Article original en anglais sur Palsolidarity.org / Traduction Chris & Dine